[CORSE-MATIN] Maintenir le cap sur les croisières haut de gamme

[CORSE-MATIN] Maintenir le cap sur les croisières haut de gamme

Jusqu’au mois de novembre, plus de 10 000 passagers sont attendus au port de Bastia qui va accueillir une vingtaine d’escales. Un marché stable par rapport à 2018 malgré les contraintes techniques qui freinent l’activité.

Depuis le mois d’avril, les navires de croisière mettent le cap sur les ports insulaires. En début de semaine, un navire du Club Med a fait escale à Bastia et au même moment, deux autres compagnies ont largué leurs amarres de leur navire au port de L’Ile-Rousse.

Un autre s’est arrêté à Bastia le temps d’une chasse aux trésors à travers la ville. L’activité croisière un temps fragilisée a-t-elle été remise à flot ? La lecture de la programmation 2019 laisse penser que les bons vents soufflent sur ce marché pourtant contraint.

Depuis le 13 avril, et ce jusqu’au 2 novembre, 25 navires de croisières accosteront au port de Bastia sur les 83 escales attendues en Haute-Corse. “Un nombre relativement stable qui semble indiquer que nous avons trouvé notre vitesse de croisière“, souligne Anne-Marie Spinosi, en charge de la promotion croisière & communication à la CCI2B.

Retombées indirectes avec l’achat d’excursions

De son bureau, elle observe les passagers descendre du paquebot en ce jour d’escale. Force est de constater que leur profil a évolué au fil des années.

Ils ont rajeuni avec une moyenne d’âge estimée de près de 50 ans et ils ont de nouvelles attentes“.

La CCI, gestionnaire des ports de Bastia et de L’Ile-Rousse, entre alors en jeu pour vendre la destination auprès des compagnies. Objectif : tirer son épingle du jeu et provoquer le choix de l’escale corse très concurrencée sur l’arc méditerranéen. Faire la différence, proposition rafraîchissante à l’appui, auprès des armateurs de croisière premium et haut de gamme. Et cela consiste à s’adapter au marché et aux contraintes… Car la difficulté du port de Bastia, c’est son infrastructure exiguë contée de longue date.

Seules les unités de moins de 230 mètres de longueur peuvent y accoster. Les grands paquebots doivent se contenter de rester en rade ou de changer de route… maritime. En attendant que soit tranché politiquement et techniquement le dossier “port” qui fait couler tant d’encre à défaut de pouvoir y faire tomber les grosses ancres espérées, le port de Bastia entend compter sur ce marché aux retombées économiques certaines. Pour la ville comme la microrégion.

Cette année encore, près de 10 000 passagers de croisière sont attendus avec un pouvoir d’achat par escale de l’ordre de 60 euros par personne et par jour. À cela se rajoutent les retombées indirectes via l’achat d’excursions, d’itinéraires par le biais des agents maritimes. Ce qui nécessite de faire appel à des sociétés de transport, des clubs sportifs ou encore des guides …

Rappelons que la majorité des passagers sont Américains. “Il faut aussi penser aux membres d’équipages qui descendent du navire pour dépenser pour leur quotidien sur le bateau”, poursuit Mado Guidicelli, coordinatrice port à la CCI.

Miser sur le luxe et les petits navires

Le temps des escales inaugurales dont la prochaine aura lieu le 17 mai avec l’arrivée du Silver Spirit, le Little Corner by Creazione ouvrira cette fois encore ses portes aux 540 passagers. Un projet porté avec le concours de l’office du tourisme afin de promouvoir la création insulaire auprès de cette clientèle classée “luxe”. Tout au long de la saison des croisières, ce sont près de huit Little Corner Creazione qui sont prévus. De quoi provoquer le coup de coeur artistique et gustatif en une escale. L’intérêt économique est une fois encore induit.

Si l’escale bastiaise parvient à déployer ses plus beaux atouts pour être l’élue des armateurs, le port de Bastia ne pourra toutefois pas entrer dans la course au “gigantisme” qui connaît une nouvelle accélération. Des navires d’une capacité de passagers par bateau pouvant aller jusqu’à 8 500 passagers sont en commande. Voire 10 000. À titre de comparaison, pour Bastia, cela représente le nombre attendu sur toute une saison. Reste ces 45 navires de taille intermédiaire en commande, souvent réservés aux croisières premium, qu’il faudra atteindre. Leur dérouler le tapis rouge et leur laisser entrevoir l’authenticité des lieux bastiais pour conclure une nouvelle escale. Avec toujours pour enjeux de maintenir la barre des croisières haute de gamme pour doper l’économie locale.

LE CHIFFRE

– 60 euros, c’est la dépense moyenne par croisiériste et par escale.

– 230 mètres, c’est la taille maximale des navires de croisière pouvant accoster au port de Bastia.

JULIE QUILICI-ORLANDI