Assemblée générale de la CCI2B

Assemblée générale de la CCI2B

L’assemblée générale ordinaire de la CCI de Bastia et de la Haute-Corse se déroule aujourd’hui à l’hôtel consulaire de Bastia.

Discours du Président Jean Dominici

Monsieur le Représentant de l’Etat,

Cher François,

Chers collègues et chers amis,

Mesdames et Messieurs,

Nous voilà réunis pour notre Assemblée Générale Ordinaire de Juin dont l’ordre du jour est habituellement consacré en grande majorité aux comptes et budgets, et nous ne dérogerons pas à la règle ni à nos obligations, mais cette année d’autres éléments très importants vont venir prendre place à l’ordre du jour dans notre travail de la matinée.

En premier lieu évidemment, comment ne pas évoquer l’actualité, le contexte et la conjoncture.

Depuis la semaine dernière, depuis vendredi 21 juin, un conflit social au sein de La Méridionale entraine des perturbations très importantes dans les liaisons maritimes : le port de Marseille est fermé au trafic avec la Corse, l’approvisionnement en fret arrive au compte-goutte … nous sommes au bord de l’asphyxie économique.

Evidemment, s’il n’est pas question pour nous de remettre en cause le droit de grève des personnels de cette compagnie, marins et sédentaires, personnels qui, de surcroît, ont su, durant plusieurs décennies, faire preuve de la plus grande responsabilité en assurant de manière fiable leurs traversées alors que feu la SNCM nous prenait régulièrement en otage… nous sommes amenés à exprimer deux réactions :

La première est évidemment que si le droit de grève ne peut être contesté, les entraves, les débordements et le blocus des navires d’autres compagnies au port de Marseille ne sont pas acceptables.

Nous en avions alerté les autorités avec l’ensemble des socioprofessionnels une première fois le 18 juin, avant le conflit, rappelé les mêmes autorités à leurs responsabilités le 25 juin, et force est de constater que rien n’a évolué.

Nous sommes donc dos au mur et nous devons engager sans attendre des niveaux d’action supplémentaires, et je vous proposerai tout à l’heure d’adopter une motion m’autorisant à saisir les juridictions compétentes, à faire remonter notre incompréhension et nos réactions de protestation au niveau national, et enfin, à saisir les autorités pour des mesures de soutien aux ressortissants impactés.

Par ailleurs et sans attendre, j’ai demandé dès ce matin à notre Direction des Entreprises et des Territoires d’activer notre cellule d’urgence et un numéro vert à destination des commerçants et chefs d’entreprises qui doivent faire face à des difficultés, directement ou indirectement liées au blocus.

Vous me permettrez, pour terminer mon propos consacré au déroulement du conflit, de faire un bref retour en arrière et évoquer plus particulièrement la journée du dimanche 23 sur le port de Bastia, qui a fait l’objet d’une médiatisation intense de ses différentes péripéties, même si globalement le pire a été évité.

Pour cela, je dois évidemment remercier en premier lieu notre Direction des Concessions Portuaires, et l’ensemble des cadres et agents présents au contact des réalités de terrain, qui ont su, avec une grande maitrise et un engagement de tous les instants, réguler au mieux, tant les opérations portuaires à Bastia, que la gestion des flux déroutés à l’Ile Rousse.

Je dois également remercier M. le Préfet de la Haute-Corse, avec qui nous avons pu avec beaucoup de sagesse coordonner les différentes décisions, et ainsi éviter les graves conséquences d’éventuels mouvements de foule ou autres réactions de panique.

Je dois également observer que les grévistes ont certes perturbé grandement le trafic, mais ont su également faire preuve de responsabilité en limitant l’action sur le port de Bastia à une journée et en étant attentifs aux situations des passagers les plus fragiles et notamment des familles avec des enfants en bas âge.

Pour terminer cette parenthèse, j’évoquerai l’incident dont a été victime notre ressortissant, partenaire et ami de longue date… Fabien Paoli… bousculé par des passagers, et à qui j’apporte publiquement et au nom de l’ensemble des élus, membres et collaborateurs de la CCI, mes meilleurs vœux de rétablissement ainsi que notre soutien le plus total.

Cette parenthèse refermée, nous pouvons passer à notre deuxième réaction, celle qui va conduire à mobiliser les énergies et les moyens pour faire face aux conséquences de cette grève à court et à moyen terme.

Car il n’en demeure pas moins que ce conflit, par lui-même et par l’empreinte médiatique qu’il trace dans l’opinion, va laisser de manière durable des séquelles et des conséquences économiques graves dans son sillage.

Il vient au plus mauvais moment affaiblir notre image, entamer l’attractivité de notre destination, et ainsi, compromettre la saison touristique déjà mal engagée, mais très probablement et également les suivantes.

Le 27 mai dernier, nous avions saisi l’ensemble des autorités : Conseil Exécutif, Agences et Offices, des chiffres calamiteux du mois de mai où la Corse a dévissé de plus de 120 000 pax sur le mois par rapport à l’année dernière, et proposé, déjà à ce stade, deux mesures d’urgence pour faire face à ce très mauvais début de saison :

  • Une première en partenariat avec l’Agence du Tourisme de la Corse, destinée à booster les Ventes de Dernière Minute ;
  • Une seconde en partenariat avec l’Agence de Développement Economique de la Corse, destinée à aider les professionnels impactés à surmonter la saison 2019 jusqu’après celle de 2020.

Nous n’avons pas fini d’en reparler, et avec l’appui de la motion de tout à l’heure, vous pouvez compter sur moi pour repartir vers les autorités en charge du tourisme et de l’économie pour pousser ces dossiers le plus rapidement possible.

Mais le contexte aussi douloureux et inquiétant qu’il soit… ne doit pas nous détourner de nos dossiers, et ils sont d’importance.

Vous le savez, nous sommes engagés sur plusieurs fronts pour déterminer au sein du vaste mouvement de réforme qui bouleverse les réseaux consulaires, et en particulier celui des CCI au plan national, un modèle original et propre à la Corse.

L’article 46 de la loi PACTE qui vient d’être adopté nous ouvre une sérieuse perspective, et tout à l’heure, je vous proposerai d’adhérer à un groupement de commandes avec l’Etat, la CdC et les collègues consulaires afin de conduire conjointement une étude approfondie des modalités du modèle spécifique que nous avons proposé et qui sur le principe, est désormais retenu par toutes les parties.

Mais cela ne suffira pas, et comme prévu, nous avons entrepris depuis notre dernière Assemblée Générale une profonde opération de restructuration en interne du réseau, et donc, une Union des CCI de Corse au 1erjanvier 2020, avec un triple objectif et à la fois :

  • Préparer au mieux le renouvellement des concessions ;
  • Renforcer la robustesse du modèle pour faire face aux chocs budgétaires annoncés ;
  • Préparer et faciliter les conditions de mise en place du nouveau modèle dont je viens de vous parler, avec un rapprochement symétrique avec la Collectivité de Corse.

Cette démarche a connu elle aussi des progrès sensibles, et le projet de Décret que nous a adressé le Ministère et qui figure dans vos dossiers en est la meilleure illustration.

A ce titre, je vous proposerai d’ailleurs tout à l’heure de soutenir la motion du Bureau de la CCI de Corse du 20 juin au sujet de la ressource fiscale, et notamment du SMAC à reparamétrer en 2020 pour tenir compte de cette Union.

Voilà, je vais en terminer en laissant suffisamment de temps à l’examen des comptes et budgets… qui, vous l’observerez, viennent illustrer pour 2018 la solidité et le dynamisme de notre institution que nous avons voulus, décidés, et qui se retrouvent dans nos résultats… mais également, les inquiétudes et incertitudes de cette année 2019 dont les contours financiers et les hypothèses de résultats doivent être appréhendés avec la plus grande prudence, conjoncture oblige.

Pour conclure, je voudrais simplement formuler un message à l’attention de nos collègues, chefs d’entreprises, commerçants, acteurs économiques, et leur dire qu’en effet, après plusieurs années positives, nous voilà à nouveau placés face à des difficultés aussi graves qu’injustes.

Nous savons que l’insularité est un champ de handicaps et de contraintes, l’étude Goodwill mise à jour, qui figure dans vos dossiers, le démontre et l’objective cette année encore de manière très claire.

Nous savons également que nous devons lutter contre des concurrents, des forces et des lobbys, contre des menaces externes… comme par exemple le commerce numérique… et les premières Assises du commerce et de l’artisanat du grand Bastia, dont la deuxième phase est en cours… démontrent notre capacité à réagir.

Mais il y a un danger encore plus grand, un piège encore plus dangereux que nous devons à tout prix éviter… c’est celui de la désunion face aux difficultés… celui de la discorde face aux épreuves.

Certes, et c’est une réaction classique, nous l’avons observé à de nombreuses reprises, dès que les problèmes se présentent… sous le coup de l’émotion et d’une bonne dose de fragilité… une partie de l’opinion se met immédiatement en chasse de responsables et de boucs émissaires…

Récemment en Balagne, sous couvert de la mauvaise entame de saison, notre travail et nos actions ont fait l’objet de critiques à peine voilées… je ne peux pas terminer mon propos sans y réagir.

Notre compte-rendu d’activité 2018, qui figure au dossier de séance, est là pour ceux qui voudront bien se donner la peine d’en prendre connaissance, car notre meilleure réponse a été, est et restera le travail, notre travail, celui de nos équipes et de nos collaborateurs, que je veux à cette occasion remercier et féliciter tant ils nous donnent les preuves régulières d’un professionnalisme et d’un engagement toujours plus important.

Et aux esprits chagrins, je veux dire une bonne fois pour toutes que notre institution est ouverte, disponible, prête à accueillir toutes les bonnes volontés et toutes les énergies, pour faire face de manière sérieuse et solidaire aux enjeux et défis qui sont placés sur notre route.

La semaine prochaine, avec Pierre Negretti, à qui je renouvelle mon entière confiance, et avec tous nos collègues de la Commission de Balagne, nous serons d’ailleurs sur place, réunis avec nos directions… autour des principaux dossiers de la microrégion.

Cette deuxième parenthèse clôturée, je vais donc en revenir à l’essentiel, terminer ma conclusion, et vous proposer avant d’entrer dans l’examen de l’ordre du jour, l’adoption d’une motion prioritaire sur la grève, le blocus et les conséquences du conflit.

Merci

 

Motion sur le blocus du Port de Marseille

VU les articles 2 et 4 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ;

VU l’article 66 de la Constitution de 1958 ;

VU l’article L.521-2 du Code de justice administrative ;

VU les courriers des 18 et 25 juin 2019 adressés aux autorités et notamment à M. le Préfet des Bouches-du-Rhône ;

VU les courriers et dossiers adressés le 27 mai 2019 à M. le Président du Conseil Exécutif de Corse ;

CONSIDERANT les Libertés d’agir et parmi celle-ci la Liberté d’aller et venir ainsi que la Liberté d’entreprendre ;

CONSIDERANT le principe de droit établissant que l’ordre public est nécessaire à l’exercice des Libertés ;

CONSIDERANT l’importance vitale de liaisons maritimes régulières et fiables pour la Corse et son économie et en particulier celles quotidiennes de service public entre les ports insulaires et le port de Marseille ;

CONSIDERANT l’importance pour l’économie de la Corse des saisons touristiques et donc de tous les facteurs qui peuvent en altérer le bon déroulement ;

CONSIDERANT les graves conséquences économiques du conflit social en cours au sein de la compagnie maritime La Méridionale, et plus encore, du blocus organisé sur le port de Marseille depuis le 22 juin, qui prive la Corse de flux d’approvisionnement en biens et marchandises au moment où elle en a le plus besoin ;

CONSIDERANT les différentes démarches engagées à ce jour sans succès auprès des autorités pour prévenir et résorber ce blocus et notamment les courriers des 18 et 25 juin adressés au Préfet des Bouches du Rhône ;

CONSIDERANT la nécessité de poursuivre et d’amplifier les démarches auprès des autorités pour faire cesser cette situation aussi préjudiciable qu’illégale ;

CONSIDERANT ENFIN la nécessité d’intervenir rapidement auprès des pouvoirs publics nationaux et locaux afin de trouver les voies et moyens pour soutenir et aider les ressortissants impactés ;

 

L’ASSEMBLEE GENERALE DE LA CCI DE BASTIA ET DE LA HAUTE-CORSE :

 DECIDE d’habiliter et mandater son Président pour diligenter et entreprendre toute action envisageable auprès des juridictions compétentes afin de rechercher les fautes et responsabilités à l’origine du blocus et obtenir les décisions et les moyens permettant de le lever ;

DECIDE également d’habiliter et mandater son Président afin de rechercher et obtenir réparation des préjudices constatés pour la CCI, ses concessions et ses ressortissants ;

DEMANDE à ce que la situation soit portée à la connaissance des autorités nationales afin d’obtenir du gouvernement les décisions et les moyens à la hauteur des menaces et préjudices déjà enregistrés du fait de ce blocus et de l’inaction des autorités ;

DEMANDE également aux responsables de la Collectivité de Corse, et notamment au Président du Conseil Exécutif, à Madame la Présidente de l’Agence du Tourisme de la Corse, à Monsieur le Président de l’Agence de Développement Economique de la Corse, de bien vouloir donner une suite favorable et rapide aux dossiers et propositions adressés le 27 mai 2019 afin, d’une part, de favoriser les ventes de dernière minute sur la destination Corse, ou du moins, celles qui pourront encore être obtenues, et d’autre part, mobiliser un dispositif de prêt à taux zéro avec différé de remboursement pour soutenir les trésoreries des professionnels impactés.