[Corse-Matin] Covid : des caméras thermiques dans les aéroports

[Corse-Matin] Covid : des caméras thermiques dans les aéroports

Dans quinze jours, des caméras thermiques intelligentes seront mises en place dans les quatre aéroports de l’île. L’objectif ? Déceler les personnes fiévreuses, donc potentiellement atteintes du coronavirus.

« Deux contrôles devraient se faire, explique Jean Dominici, président de la CCI, à l’origine de la mesure. Un avec la caméra, puis un autre avec un thermomètre infrarouge. Il faut encore régler quelques détails avec l’Agence Régionale de Santé et la préfecture, notamment sur la prise en charge des potentiels malades et les personnes habilitées à effectuer ces contrôles. »

Ce dispositif, inédit en Corse a déjà été mis en place par le passé. En 2003, durant l’épidémie de SRAS, l’aéroport de Singapour avait été l’un des premiers à se servir de caméras thermiques pour détecter les malades. Une mesure qui vise à rassurer la population insulaire, après le récent quiproquo au sujet d’un touriste savoyard, soupçonné à tort, d’être porteur du coronavirus. Un dispositif approuvé par l’Union des métiers de l’Industrie Hôtelière. « Cela apporte une sécurité supplémentaire, se réjouit Frédéric Ruiz, président des restaurateurs au sein de l’Umih. L’inquiétude est grande chez la population corse et à juste titre. L’aspect sanitaire est primordial à nos yeux. Cette initiative pourra permettre de détecter d’éventuels porteurs. De plus, ce n’est en aucun cas contraignant pour les vacanciers. Nous sommes en faveur de tout ce qui pourra sécuriser les commerces, les touristes, les insulaires et les travailleurs, sans entraver les libertés individuelles. »

Sur le Continent, la RATP, Amazon ou encore Renault ont déjà recours aux caméras thermiques intelligentes, qui mesurent la température corporelle de leurs usagers et de leurs salariés, vérifient le port du masque et s’assurent du respect des distanciations sociales. Mais la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés a alerté sur le recours à ce type de caméra, dans un communiqué publié hier sur leur site internet, précisant que « certains dispositifs envisagés ne respectent pas le cadre légal applicable à la protection des données personnelles. » L’autorité administrative indépendante demande un « encadrement spécifique » à cette mesure qui « conduit le plus souvent, soit à traiter des données sensibles sans le consentement des intéressés, soit à écarter le droit d’opposition. » La Cnil, qui affirme avoir demandé l’avis d’autorités sanitaires, évoque également « le risque de ne pas repérer des personnes infectées, puisque certaines sont asymptomatiques », avant de préciser que « le système pouvait également être contourné par la prise de médicaments antipyrétiques, qui réduisent la température corporelle. »

Si tous les détails ne sont pas encore connus, nul doute que cette initiative pourra ramener un peu plus de sérénité au sein de la population insulaire, comme chez les professionnels du tourisme.

PIERRE-PHILIPPE LECOEUR