[CORSE-MATIN] Ports et aéroports, les projets phares de la future concession

[CORSE-MATIN] Ports et aéroports, les projets phares de la future concession

La CCI de Corse et la CdC se sont réunies hier à Bastia-Poretta pour évoquer les projets des concessions portuaires et aéroportuaires à venir, de 2021 à 2028. L’occasion aussi pour l’exploitant de faire un premier bilan du trafic 2020, marqué par la crise sanitaire.

Alors que la saison estivale touche à sa fin, l’heure était au bilan provisoire concernant le trafic passager pour la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) régionale et la Collectivité de Corse. Côté aéroports, 31 compagnies et 132 lignes aériennes ont desservi l’île en 2020.

En termes de trafic, en date du 15 septembre et pour l’ensemble des aéroports de l’île, 53% du trafic a été maintenu par rapport à 2019, soit 803 161 passagers, contre 1 786 306 il y a un an.

La plus petite variation est constatée sur le mois d’août, avec seulement 7% de passagers de moins, et la plus importante est évidemment pour le mois d’avril, avec une baisse de 98% du trafic.

Du côté des ports, la baisse est sensiblement la même, avec environ la moitié du trafic maintenu sur l’année, en prenant en compte les réservations pour le premier trimestre 2020. En 2019, 3 960 414 passagers avaient transité par les ports corses, ils ne seront que 2 308 480 en 2020.

L’actuelle concession d’exploitation des ports et aéroports de Corse prenant fin en fin d’année, la réunion de travail qui s’est tenue hier entre les services de la Collectivité de Corse et la Chambre de commerce et d’industrie de Corse a permis d’affirmer la volonté commune de renouveler ces concessions pour une durée de sept ans. L’occasion pour l’exploitant de présenter ses projets pour le futur exercice, dont une partie sera financée par le PTIC, plan de transformation et d’investissements pour la Corse, successeur de l’actuel PEI. Soit 280 M€ pour les aéroports et 220 M€ pour les ports, pour un total de 500 M€. Revue des projets emblématiques, dont la réalisation est proche

AÉROPORTS

  • Réfection des pistes

Les aéroports de Bastia, Ajaccio et Calvi sont concernés. Campo dell’Oro devrait être la première plateforme prise en compte, avec un début de travaux estimé à l’hiver 2021-2022. Ils permettront une mise en conformité et un redimensionnement nécessaire pour assurer la sécurité d’accueil du trafic. Le coût de l’opération s’élèverait à 20 M€. Les discussions portent actuellement sur le meilleur compromis entre les nécessités de fonctionnement de l’aéroport, l’organisation du chantier, les moyens disponibles et la qualité de la piste selon les solutions choisies.

À Bastia, les travaux sont prévus pour le premier semestre 2022, pour un coût moindre, soit 3 M€. Ils permettront la réfection de la chaussée en fin de vie de la piste, mais aussi d’augmenter sa portance afin de suivre l’évolution du trafic sur les 20 prochaines années. La réfection de la piste de Calvi poursuivra les mêmes objectifs, avec un coût égal à celui de Poretta. Ces travaux sont prévus pour 2023.

  • Ajaccio : renforcement de la digue et du seuil de piste

Fortement mise à mal par les derniers événements météorologiques, qui avaient conduit à la fermeture de l’aéroport en décembre dernier, la protection de la piste et de l’aérogare va connaître une refonte. Si les travaux de réparation de la digue ont été effectués, le plan de protection doit désormais prendre en compte l’évolution des événements climatiques. Ainsi, le seuil de piste doit être protégé par une reprise et un allongement de l’enrochement qui le protège des vagues et tempête. La livraison est prévue pour 2022, pour un montant de 600 000 €. Concernant la digue, trois ouvrages protègent l’aéroport : la digue nord, dite Socordis, celle supportant la RT 40 jusqu’au passage inférieur de la Gravona, et la digue dite CCM, entre la RT 40 et la mer. Le budget est estimé à 2 M€, la date des travaux n’est pas encore fixée.

PORTS

  • Alimentation électrique des navires

Le problème de la pollution des centres-villes par la fumée des navires restant à quai a maintes fois été évoqué. À Bastia, un groupe électrogène, dont l’acquisition est prévue pour le 1er semestre 2021, viendra équiper le quai est. Coût de l’opération : 2 M€ d’euros, financé à 80% par le PTIC. Pour les autres navires, la CCI a prévu le raccordement au réseau électrique de 4 postes à quai. L’échéance a été fixée à 2022, pour un coût total de 6 250 000 euros, financés aussi à hauteur de 80% par le PTIC. L’échéance de ce projet est prévue pour 2022.

A Ajaccio aussi, l’électrification de postes à quai est prévue pour une échéance proche, avec une livraison à l’horizon 2021 pour la phase 1, qui concerne les liaisons de la délégation de service public, pour un coût de 2,2 M d’euros.

La phase 2 sera consacrée aux ferries, et aux autres ports de Corse-du-Sud, Bonifacio, Propriano et Porto-Vecchio. L’investissement pour cette phase représente un total de 18,20 M€ pour l’ensemble des 4 ports. Enfin, la troisième phase, pour les navires de croisières accostant à Ajaccio, est évaluée à 30 M€. Aucune échéance n’est fixée pour les deux dernières phases.

  • Port de Bastia : reconfiguration des espace portuaires

Ce projet se décline sur trois axes. Premièrement l’aménagement d’espaces de terre-plein supplémentaires en lieu et place de l’actuelle cimenterie et de la station d’épuration, deuxièmement, le développement d’outils numériques pour la gestion du fret et troisièmement la reconfiguration de la gare maritime avec des comptoirs d’embarquement type aéroport. Ces aménagements visent à sécuriser les déplacements piétons et fluidifier la circulation des véhicules et fret pour les 800 000 véhicules passagers et quelque 70 000 camions qui y passent chaque année. Le coût de l’opération s’élève à 870 000 € et les travaux sont prévus pour fin 2021-2022.

  • Port d’Ajaccio : comfortement de l’appontement Saint-Joseph

Fortement endommagé par la tempête Adrian, l’appontement Saint-Joseph a fait l’objet d’une expertise démarrée en décembre 2018, dont les travaux auront duré 18 mois. L’équipement par lequel est assuré l’approvisionnement en fioul de la centrale du Vazzio, est désormais sous la responsabilité de la CdC. L’expertise judiciaire qui a été menée a donné lieu à un comparatif entre plusieurs solutions.

Les travaux devront donc permettre de conforter les travées de l’ouvrage, remplacer les éléments les plus endommagés, et réaliser des aménagements complémentaires pour améliorer les conditions de sécurité des opérations. Le coût de l’opération est estimé à 3,22 M€, et les travaux sont prévus pour 2021. Aucune indication n’a été donnée sur la nature de la solution choisie et les modalités de financement pour procéder à ces travaux.

Le rattachement prévu de la CCI à la région

Annoncé en août 2019, le transfert de la tutelle de la CCI de l’État à la région a été accepté sur son principe. Si elle était à l’ordre du jour de la réunion d’hier à Poretta, aucune date n’a été annoncée. Des engagements ont toutefois été pris par rassurer les employés de la CCI sur leur avenir. Les chambres de commerce insulaires comptent 800 employés dans l’île.

Les coupes budgétaires annoncées au niveau national pour les chambres consulaires, à hauteur de 75%, avaient donné lieu à des craintes sur la pérennité des emplois, en Corse et dans la plupart des régions. Les protestations avaient été nombreuses, et, déjà en 2018, deux députées LaRem avaient demandé un moratoire sur ces coupe budgétaires, et leur report à 2020. La fusion des chambres est effective depuis le 1er janvier 2020. Elle apparaissait comme une nécessité, en lien à la fois avec l’instauration de la Collectivité unique et la coupe budgétaire annoncée à l’échelle nationale.

L’ambition affichée étant de faire de la CCI de Corse « le bras armé économique de la Collectivité de Corse ». « Nous avons travaillé en concertation avec l’Etat à réfléchir ensemble au devenir de la CCI. L’hypothèse qui est privilégiée c’est un rattachement à la CdC dans des modalités qui restent à définir », a déclaré Gilles Simeoni. « Il était important que nous soyons rassurés sur l’avenir des chambres. Gilles Simeoni a rassuré le personnel en disant que les chambres changeraient de tutelle. Pour nous tout va bien », a complété Jean Dominici, président de la CCI de Corse.

ISABELLE LANCON-PAOLI