[La Lettre] Commerces, le déconfinement virtuel

[La Lettre] Commerces, le déconfinement virtuel

Longtemps considéré comme un complément utile ou une bonne opportunité, le commerce en ligne a été stimulé par la crise sanitaire et le besoin impérieux de maintenir une activité lorsque les rideaux sont baissés. La CCI de Corse a lancé une vaste campagne de soutien.

Que ce soit la première, la deuxième ou la troisième, la vague amère de la pandémie a submergé les entreprises et les petits commerces. Certains s’y noient, d’autres surnagent avec le courage de maintenir le moral au-dessus de la ligne de flottaison. Au-delà du soutien inconditionnel dont fait preuve la CCI de Corse sur tous les fronts de l’économie, la digitalisation de la vente a constitué une bouée de sauvetage qui ne devra pas disparaître avec l’épidémie. Entre confinements, couvre-feu et restrictions sanitaires draconiennes, de nombreux commerçants de proximité n’ont eu d’autre alternative que celle de s’adapter sous peine de périr corps et biens. Les sites et les réseaux sociaux ont tenu lieu de vitrines commerciales non seulement pour sauver les meubles mais pour maintenir de façon vitale le lien avec la clientèle tentée par les ogres du numérique. Heureusement, on a eu l’occasion de le montrer dans notre Lettre mensuelle, les consommateurs corses ont fait preuve d’une extraordinaire solidarité à l’égard des commerçants locaux. Mais le retour physique espéré des clients ne doit pas pour autant faire oublier l’importance de la transformation digitale qui représente une évolution inéluctable à laquelle la CCI de Corse prend toute sa part car le commerce de proximité et le commerce en ligne ne sont pas antinomiques, ils sont complémentaires.

Un plan d’action en trois phases

Que l’on soit commerçant ou à la tête d’une entreprise, minuscule, petite ou moyenne, le numérique déploie un large éventail d’opportunités. Il permet de cibler la clientèle, de la fidéliser, d’accroître la visibilité de son enseigne tout en se démarquant de la concurrence et ainsi élargir les champs du possible en matière de production, de vente, de chiffre d’affaires, d’innovation. La CCI de Corse, soucieuse de rester au plus près du terrain et des besoins de ses ressortissants, plus encore en période de crise, a mis en place une action déterminée qui se déroule en trois phases. La première, déjà sur les rails, consiste à diligenter un vaste audit numérique sous l’égide de la CCI de France et du gouvernement. Plus de cinq cents contacts ont été noués en Corse dans ce sens. La deuxième a été enclenchée en janvier, il s’agit d’établir un diagnostic précis de ce qu’il faudra concrètement faire. Une cinquantaine de commerces et de TPE insulaires sont d’ores et déjà dans le coup. La troisième suivra dans la foulée pour assurer l’accompagnement selon des modalités en voie d’élaboration qui seront le fruit des observations objectives qui ont été réalisées. « Ce plan d’action s’avère particulièrement utile » explique le  président Jean Dominici. Le constat est le suivant : au-delà des efforts louables consentis par les commerçants pour survivre, le chemin était encore long en termes de transformation digitale, notamment pour la gestion des stocks, la constitution des fichiers clients, l’exposition numérique. On ne part pas de zéro car, pendant les périodes et même les heures de fermeture administrative, les pratiques du click and collect pour les commerçants et des commandes-livraisons pour les restaurateurs sont devenues coutumières.

Le numérique n’est pas tout

Un chèque numérique de l’État d’un montant forfaitaire de 500 euros vient compléter le dispositif à destination des commerçants et de certains hôteliers qui n’ont pas pu recevoir du public en raison de l’urgence sanitaire lors du deuxième confinement de novembre dernier (une enveloppe nationale de 100 millions). Cela reste, au niveau individuel, une somme relativement modique mais il faut l’appréhender comme un encouragement à s’engager dans la voie de la numérisation. Les bénéficiaires doivent avoir moins de 11 salariés et un chiffre d’affaires inférieur à 2 millions. Les demandes sont reçues jusqu’à la fin du mois de mai. Le gouvernement a ouvert un site dédié France Num pour solliciter cette aide exceptionnelle. Il faut bien reconnaître qu’exister sur le net n’est qu’une infime partie du travail, l’important est d’être référencé et le plan d’action de la CCI de Corse est utile dans cette perspective.

La convergence de toutes ces actions nationales et régionales est réconfortante même si, sur un plan citoyen voire éthique, nombreux sont ceux qui redoutent que la numérisation des commerces de proximité signifie à terme la fin des commerces de proximité. La crainte est légitime mais il y a des raisons de la contenir. D’abord, face aux géants du numérique qui ont vampirisé les consommateurs pendant les temps de confinement, commerces et petites entreprises ne pouvaient pas rester les bras ballants mais, au contraire, tout faire pour maintenir une activité de survie. Ensuite, les modes de consommation, c’est particulièrement vrai en Corse, ne se laissent pas aisément emprisonner dans la toile du net. Le numérique ne fait pas tout, nous vivons dans un territoire où le contact humain est et restera la norme.

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°8 (MARS 2021) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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