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[La Lettre] L’export, c’est d’abord un chemin d’excellence
CCI Formation Corsica a enclenché une première session afin de préparer les entreprises corses qui le souhaitent à se déployer à l’international. Malgré la crise sanitaire, les portes du possible ne sont pas fermées…
Il existe un lien séculaire, profond, intime entre la qualité et l’authenticité des produits issus de notre terroir et l’héritage reçu de son histoire, de sa culture, de ses traditions ancestrales. De ses hommes. Et même si la matière issue du savoir-faire est d’essence moderne et constitue une promesse d’avenir dans bien des domaines, l’atavisme et la mémoire des générations qui nous ont précédés demeurent déterminantes. L’économie, ce n’est pas le nombrilisme, et ce savoir-faire de niche mérite de franchir les frontières. Justement, la CCI de Corse accompagne les chefs d’entreprise qui ont pour ambition non seulement de faire connaître leurs productions dans le monde entier mais de ressentir de la satisfaction et de la fierté à les partager…
Avec le dispositif « Parcours Export », la direction des Entreprises et des Territoires de notre chambre offre aux acteurs économiques insulaires qui le souhaitent l’opportunité de se faire connaître voire de se développer à l’international, sur tous les continents, avec le souci constant d’identifier les pays les mieux adaptés à ce qu’ils ont à vendre…
Vrais formateurs, jeux de rôles virtuels
Une première session de formation s’est ainsi ouverte dans les locaux de CCI Formation Corsica à Borgo. Elle a commencé au mois de janvier et s’étirera jusqu’à début juillet à raison de trois jours par mois sur des thématiques définies à l’avance : le marketing international (février-mars) ; gérer une opération à l’international ; la négociation commerciale (avril-mai- juin). Chacun des trois membres de l’équipe pédagogique a sa propre discipline d’intervention. Dans l’ordre : Béatrice Magi, Patrick Borfiga et Malika Saidi.
Qu’il s’agisse de la collecte de l’information sur les différents marchés, de dénicher les bons intermédiaires, de maîtriser le processus de vente et d’assurer la sécurisation de toutes les opérations et démarches, il est essentiel de se familiariser avec tout ce qui a trait au commercial en général et à l’export en particulier. Pour cela, il faut en appréhender les fondamentaux, la compréhension des mécanismes du marketing à l’échelon international, des formalités réglementaires, leur réalisation concrète avec tous les garde-fous nécessaires pour éviter les malentendus ou les mauvaises surprises, les techniques particulières de la négociation sur des marchés étrangers.
Compte tenu du contexte sanitaire, la partie pratique sur la négociation pour vendre sa production ne se fait pas de manière physique comme d’habitude mais se fait sous la forme de jeux de rôles en visio sous la houlette des formateurs.
Un petit penchant pour le vin…
Par ailleurs, à l’occasion de chaque session de formation de ce type, sont organisés des séminaires de 1 heure sur diverses thématiques : présentation pays, témoignage de dirigeant, intervention du Pôle Action Économique des Douanes d’Ajaccio…
BPI-France, partenaire engagé, a présenté son nouveau produit « Assurance-Prospection-Accompagnement » spécifiquement dédié aux TPE et PME. Actuellement, la formation est suivie par des entreprises qui évoluent dans l’agroalimentaire, la production viticole en particulier. Pour le vin corse, le Japon pourrait s’avérer être un marché porteur, et la présence de techniciens du Conseil interprofessionnel des Vins de Corse est alors pertinente pour se préparer à ce marché de niche. Le retour d’expérience des États-Unis est utile dans la mesure où les exportations françaises ont brutalement chuté sous l’effet de la taxe punitive imposée par Trump, dans l’attente que l’arrivée de Joe Biden donne un nouvel espoir aux vignerons français.
À ce jour, il n’existe pas d’outil institutionnel qui permette de mesurer précisément ce que pèse l’exportation pour le tissu économique de la Corse, en nombre et en volume. Il faut savoir que CCI France et Business France ont associé leurs ressources pour proposer, dans le cadre d’un dispositif qui répond au nom de Team France Export, un accompagnement de proximité et personnalisé des entreprises qui ont un potentiel à l’export. Ainsi, diverses prestations allant du diagnostic marché des pays à cibler jusqu’à la validation du potentiel de l’entreprise et, in fine, la mise en relation avec des prospects locaux, peuvent être mises en place par les conseillers internationaux. Il existe ainsi un portefeuille dans lequel quelques 300 entreprises insulaires ont été répertoriées. Celles qui ont un pied à l’international comme celles qui souhaitent y parvenir ont, outre la possibilité de prendre contact avec leur conseiller international, deux interlocuteurs dédiés : Alexandre Dalla-Colletta en Corse-du-Sud et Thomas-Osmin Gaudin en Haute-Corse.
« Le voyage, plus important que la destination »
Ce dernier, conseiller technique au sein de notre direction des Entreprises et des Territoires, explique que l’insularité n’est pas forcément un handicap pour l’export car si les coûts de production et de transport sont naturellement plus élevés que pour une entreprise lambda du continent, la qualité, la rareté et la spécificité d’un produit issu de la terre de Corse réduisent les effets du prix qui ne sont plus dès lors des obstacles insurmontables mais permettent de valoriser la production sur des marchés de niche.
Longtemps responsable de l’export au sein de notre institution locale qu’il préside aujourd’hui, Pierre Orsini, évoque le sujet avec la pertinence qu’on lui connaît : « Pour une entreprise, entreprendre la démarche est plus bénéfique encore que d’exporter la première pièce de sa production. Ce n’est pas une fin en soi. Le potentiel d’une entreprise à exporter est contenu tout entier dans la manière de s’y préparer. Le voyage est plus important que la destination. L’export, c’est avant tout un état d’esprit, la quête de l’excellence à travers des labels de qualité, l’imagination dans les chemins logistiques à tracer… » Voilà bien une parole qui donne toute sa raison d’être à « Parcours Export » et toutes les raisons d’espérer pour celles et ceux qui l’empruntent…