[La Lettre] Les consommateurs au rendez-vous

[La Lettre] Les consommateurs au rendez-vous

Les commerces  de Corse sont passés,  le 19 mai,  du goulot d’étranglement au ballon d’oxygène. Le soulagement n’est pas qu’économique, il est moral. Tous espèrent que le regain de confiance ne faiblira pas avec la saison estivale…

La date du mercredi 19 mai est à marquer d’une pierre blanche. Ce jour-là, les commerces étaient à nouveau autorisés à lever le rideau après des mois de disette et d’incertitudes sur la pérennité et la viabilité de leurs activités. Aussi, il a été vécu comme une renaissance, un retour à la vie et la fin, que l’on espère définitive, d’un long et douloureux cauchemar. Les commerçants étaient sur le starting-block, impatients de revoir la clientèle avec un enthousiasme à peine entamé par l’obligation de respecter certaines contraintes, le port du masque, la jauge, le couvre-feu. Mais les consommateurs avaient hâte, eux aussi, de franchir à nouveau les seuils des boutiques, de s’asseoir à une terrasse de café, de retrouver la convivialité des apéros entre amis. Après des mois de confinement et d’épreuves, ils aspiraient à renouer avec une vie sociale dont on mesure les bienfaits lorsqu’on en a été trop longtemps privé.

« TOURNER LA PAGE DE LA MOROSITÉ »

« On s’y attendait, il n’y a pas eu vraiment de surprise. Les commerçants et les cafetiers ont vécu, dans leur grande majorité, un redémarrage sur les chapeaux de roue. Très peu finalement ont renoncé à rouvrir dès ce 19 mai » explique Olivier Simoni. Le président de la Fédération des Unions de commerçants et artisans du Grand-Bastia (plus de 500 adhérents) exprime à la fois sa satisfaction et son soulagement. Il rappelle que, traditionnellement, le mois de mai est un mois stratégique pour le commerce car il représente en moyenne à lui seul 20 % du chiffre d’affaires annuel : « Certes, il était très largement entamé au moment de la réouverture, mais on peut qualifier la fréquentation d’exceptionnelle même si on ne rattrapera jamais les recettes perdues à l’automne et en hiver. Les diverses aides, dont celles de la CCI de Corse, et le système de click and collect qui s’est considérablement développé auront permis de tenir le coup. Il convient ici de saluer la ténacité et le courage des commerçants qui n’ont jamais cédé au désespoir et qui ont fait la démonstration de leur remarquable capacité d’adaptation dans un contexte d’une ampleur et d’une gravité rare et au caractère totalement inédit… »

Crédit photo SONY DSC

Même tonalité dans l’extrême-sud de la Corse dans un large rayon géographique qui va de Solenzara à Propriano. Sandra Morelli est à la tête d’une fédération qui réunit douze associations et un millier de commerçants. Elle-même préside « A Rinascita », vitrine des commerces de la haute-ville de Porto-Vecchio : « Le 19 mai a été une journée de folie, l’ambiance était à l’euphorie, ce qui en dit long sur le désir inextinguible de tourner la page de la morosité. Les jours qui ont suivi ont été bons. D’après les retours que j’ai eus, je peux dire que les commerçants sont globalement satisfaits de la tournure des évènements. Tous espèrent que ce mois de mai soit le signe avant-coureur d’une bonne saison estivale » escompte Sandra Morelli qui se réjouit que, comme cet hiver, la population locale privilégie le commerce de proximité : « Nous avons pu mesurer la force de cette solidarité, elle semble encore gagner en intensité. »

LE REPORT DES SOLDES, UNE DEMANDE UNANIME

Le centre-ville d’Ajaccio ne déroge pas à la règle de la satisfaction générale. Ce dont témoigne Marina Fondacci qui, en sa qualité de présidente de la Fédération des associations des commerçants situés au coeur de la cité impériale, est aux premières loges : « La fréquentation est à la hauteur de nos attentes, nous avons assisté à un authentique engouement. La différence fondamentale avec les deux précédentes réouvertures post-confinement, c’est que, cette fois, les terrasses des cafés étaient ouvertes et ce sont elles qui créent la dynamique et entretiennent une émulation mutuelle. Siroter un verre au soleil et faire du shopping, ce sont deux occupations qui sont quasiment indissociables. » Marina Fondacci comme l’ensemble de nos interlocuteurs qui ont une vue panoramique sur le redémarrage de l’économie locale s’accordent encore sur un point important : la nécessité d’un report de la période des soldes entre la mi-juillet et la fin juillet. Tous attendent avec fébrilité la décision du gouvernement à ce sujet, d’autant plus que Paris et les grands magasins exercent la pression sur Bercy pour que les soldes interviennent beaucoup plus tôt dans la mesure où la Capitale se vide en été : « Les soldes ne sont pas notre coeur de métier car nous perdons l’essentiel de nos marges, il faut les considérer comme un pis-aller. Mais après avoir été aussi longtemps sevrés de recettes, elles sont nécessaires mais elles doivent intervenir le plus tard possible dans la saison… »

Certains responsables associatifs commencent à songer sérieu-sement à l’organisation d’un gigantesque « Salon des affaires » à l’automne ou en février disséminé sur plusieurs sites thématiques (habillement, mobilier, artisanat, etc.). La CCI de Corse soutiendra toutes les initiatives de cette nature.

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°11 (JUIN 2021) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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