[La Lettre] Manuel Falaschi, Directeur de l’URSSAF Corse

[La Lettre] Manuel Falaschi, Directeur de l’URSSAF Corse

« Un accompagnement exceptionnel »

Dans un passé pas si lointain, l’Urssaf de Corse incarnait le prélèvement implacable et les mesures coercitives. Au fil des années, son action est mieux comprise et aujourd’hui appréciée.

Il faut garder à l’esprit que sa vocation première est de collecter les cotisations, pour l’essentiel auprès des entreprises et des travailleurs indépendants, afin d’assurer le bon fonctionnement de la Protection sociale (Caf, assurance maladie, caisse de retraite, Pôle Emploi…) et Dieu sait si avec l’épidémie, le système de santé est sollicité ! Les temps sont durs et on ne sait pas ce que nous réserve l’avenir mais personne n’est resté les bras ballants. Les forces et les volontés se sont conjuguées, État, Collectivité de Corse, CCI de Corse et quelques autres. Dont l’Urssaf Corse qui, par son engagement, mérite un coup de projecteur.

« Sur la base de la confiance … »

Pour nous, l’Urssaf Corse a les traits de Manuel Falaschi, en poste dans l’île depuis cinq ans. Sous sa direction, la centaine de salariés de droit privé accomplit une mission de service public. Niçois d’origine, il met en oeuvre les décisions d’un conseil d’administration présidé par Jean-Toussaint Mattei.

Dès le déclenchement de la crise du Covid, l’Urssaf Corse a eu une réaction salutaire. Elle a pris des mesures urgentes pour soulager tous ceux auprès desquels elle collecte les cotisations, particulièrement les entreprises des secteurs frappés de plein fouet, et entamé un processus de soutien de longue haleine qui aura des prolongements au moins pour les trois prochaines années. L’écoute, l’engagement et les interventions sont permanents et les dispositifs souples et modulables selon les besoins et le degré de gravité des situations. « Nous n’avons pas attendu que les entreprises frappent à notre porte, nous avons pris l’initiative de nous adresser à elles. »

Dès le printemps 2020, les entreprises en difficulté ont bénéficié d’un report de cotisation « et ce, sur la base de la confiance, nous n’avons réclamé aucun justificatif. » 80 % ont effectué la démarche et obtenu le report qui, cumulé, représente 100 millions d’euros. Aujourd’hui, sous réserve d’une dégradation toujours possible, la situation a favorablement évolué puisqu’elles  ne sont plus que 10 % à solliciter de nouveaux reports, les autres réglant leurs cotisations à bonne date.

Puis est venu le temps des aides financières qui ont permis aux entreprises de solder une partie de leurs dettes sociales : exonérations  partielles de cotisations patronales (8,2 millions en 2020) et même celui des aides au paiement (8,6 millions) pour les chefs d’entreprise les plus désavantagés par la crise.

Désormais, nous sommes de plain-pied dans la phase de reprise et l’Urssaf Corse intensifie son accompagnement en regardant les situations au cas par cas. Les entreprises un peu moins directement impactées se sont vu proposer un échéancier pour le paiement de leurs retards cumulés de cotisations, d’une durée de 6 à 24 mois (et jusqu’à 36 mois à titre exceptionnel). Cette nouvelle main tendue n’a pas été vaine : 3 000 échéanciers ont été concrètement mis en place à ce jour. Le mode de remboursement est souple : les entreprises saisonnières ont le choix de verser davantage en saison que hors-saison. Par ailleurs, les entreprises qui n’avaient pas bénéficié des exonérations et de l’aide au paiement pourront accéder à un plan d’apurement exceptionnel : si leur chiffre d’affaires a chuté de 80 %, la moitié de leur dette est effacée.

« Les excellentes relations que nous entretenons avec les chambres consulaires, la CCI de Corse en tête, rendent nos dispositifs plus efficaces. Elles font remonter jusqu’à nous les situations et les besoins d’un terrain qu’elles connaissent parfaitement et c’est par elles que nous faisons passer nos messages. » D’ailleurs, Manuel Falaschi précise que depuis le début de la crise sanitaire, l’Urssaf Corse n’a assigné aucune entreprise pour non-paiement de cotisations devant un tribunal de commerce. En revanche, elle continue de prémunir l’économie corse du fléau du travail illégal et de protéger les entreprises vertueuses en traquant la fraude à l’activité partielle.