[La Lettre] Entretien avec Alex Vincinguerra, nouveau Président de l’ADEC

[La Lettre] Entretien avec Alex Vincinguerra, nouveau Président de l’ADEC

« La CCI, compagnon de route pour l’avenir »

Poser les jalons d’un nouveau modèle économique : c’est le credo d’Alex Vinciguerra, nouveau président de l’Agence de Développement Économique de la Corse, et il compte sur notre institution pour l’accompagner…

Parce qu’il faut respecter le passé pour ne pas discréditer l’avenir, Alex Vinciguerra a relu le rapport de l’Hudson Institute, commandé jadis par l’État pour avoir des pistes de développement pour la Corse. Lorsqu’il a fuité en 1970, il a provoqué un séisme dans les têtes. « Le tourisme inexistant à l’époque, le rapport suggérait un choix paradoxal : déclencher un bond démographique artificiel en portant la population à 500 000 habitants ou, au contraire, tout miser sur la culture pour son développement. En cela, l’Hudson Institute avait un côté visionnaire, pressentant l’importance de l’atout identitaire dans une économie pas encore mondialisée. » Une alternative conforme à la perception binaire des Américains : on accélère l’érosion de l’identité culturelle ou, à l’inverse, on la stimule. « Le gouvernement, comme souvent, est resté inerte… »

Alex Vinciguerra s’est longtemps défini comme un technicien, mais la possibilité d’agir concrètement l’a conduit, en homme pragmatique et soucieux de l’avenir de sa terre natale, sur le terrain politique. « Ce qui m’intéresse, c’est faire ! Voilà pourquoi j’ai adhéré à la démarche de Gilles Simeoni pour oeuvrer à ses côtés à projeter la Corse dans le monde de demain en actionnant les outils de l’autonomie et de l’émancipation économique… »

PRIVILÉGIER LES FILIÈRES

Depuis un demi-siècle et le jeu de bascule cynique proposé par l’Hudson Institute, la situation de la Corse n’a cessé de s’améliorer avec des hauts et des bas. « On peut espérer une reprise solide mais plus encore après la crise, il faut dévier des deux caps susceptibles de nous mener à l’impasse : la monovalence du tourisme et une consommation trop dépendante de l’extérieur. »

Pour le président de l’Adec, le tourisme doit se diversifier et s’étirer sur les quatre saisons et la carte de la production locale doit être jouée à fond, ces deux enjeux étant eux-mêmes étroitement liés. C’est à ce stade que la CCI de Corse, a un rôle à tenir : « La gestion des ports et des aéroports est son coeur de métier et elle le fait bien. Je suis parfaitement en phase avec le président de l’Exécutif pour un transfert de tutelle de l’État à la Collectivité de Corse. 

La CCI de Corse est un partenaire idéal pour accompagner les projets, individuels et collectifs, en s’inscrivant résolument dans une logique de filières, agroalimentaire, numérique, énergies renouvelables, silver économie, commerce de proximité et tout ce qui a trait à l’innovation. Nous devons, ensemble, mettre en place cette fabrique à projets qui favorise une économie locale, territorialisée, respectueuse de notre culture et de notre environnement. Si elle doit passer par le filtre des filières, c’est au titre de l’efficacité car lorsque les entreprises partagent les mêmes problématiques, on peut mieux les résoudre… »

« UN VASTE CHANTIER EST DEVANT NOUS »

Pour Alex Vinciguerra, promouvoir la production locale aura un impact bénéfique sur tout ce à quoi la Corse aspire : un tourisme annualisé qui met en valeur sa ruralité, sa gastronomie, son patrimoine, ses artisans, sa culture en évitant la surfréquentation, des circuits courts pour s’approvisionner, une plus grande autonomie énergétique avec une meilleure gestion de l’eau, des forêts, des espaces. « Le vaste chantier de structuration des actions est devant nous. Nous sommes performants pour les évaluations et les diagnostics, définir les stratégies mais ce à quoi je souhaite m’employer, c’est comment mettre toutes ces bonnes stratégies en oeuvre. La période se prête à l’esquisse d’un nouveau modèle économique pour la Corse. La CCI a relayé dans ce sens l’attente forte des acteurs de notre économie. La production locale et la logique des filières, c’est aussi ce que suggèrent les conclusions de l’étude EY commandé par le président Dominici. Il ne nous reste plus qu’à retrousser les manches… »

Parallèlement, notre institution promeut tous les dispositifs de l’Agence de Développement Économique de la Corse pour soutenir les entreprises à travers les mesures d’urgence du plan Sustegnu ainsi que le Schéma Régional de Développement Économique, d’Innovation et d’Internationalisation (SRDEII) pour aller plus loin dans la création, les financements, l’export.

CCI de Corse et Adec sont bien déterminés à faire cause commune.

 

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°13 (SEPTEMBRE 2021) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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