[CORSE-MATIN] Jean Dominici réélu à la CCI dans un maintien des équilibres

[CORSE-MATIN] Jean Dominici réélu à la CCI dans un maintien des équilibres

Équilibre entre la Haute-Corse et la Corse-du-Sud, dans la représentation des microrégions et des activités, c’est le secret de la liste menée par Jean Dominici. Le matin, Dominique di Menza prenait la tête de la CCI de Corse-du-Sud, avant la première vice-présidence territoriale.

L’événement est la quintessence de l’institutionnel. Codifié, quasiment ritualisé. L’élection du président de la CCI de Corse et de son bureau demeure un événement. La présence du préfet de Corse, du président de l’Exécutif de la CdC, des représentants de l’Assemblée de Corse et du Cesec sont incontournables.

Aucun enjeu hier après-midi dans la salle Sampiero du palais des congrès. Jean Dominici, candidat à sa propre succession, conduisait une liste unique qui se déclinait simultanément en Haute-Corse et en Corse-du-Sud.

Autant dire que – le quorum étant largement atteint – le vote à main levée était une formalité.

Pour autant, Paul Trojani, doyen de séance, chargé de procéder au scrutin, n’a pas hésité à qualifier le moment « d’historique ».

Une thématique reprise par le président Jean Dominici. « Il y a moins de dix ans, nous étions encore rattachés à la région Paca », a-t-il rappelé, avant de souligner le travail des acteurs de l’économie insulaire pour gommer les rivalités Nord-Sud, pour s’adapter aux nouvelles réglementations, pour maintenir les équilibres financiers malgré les baisses de dotations.

Il a également insisté sur le volontarisme des entrepreneurs corses et sur leur implication dans l’institution consulaire.

« Cette chambre est la mieux élue de France métropolitaine avec 17 % de participation contre 6 % en moyenne dans les autres régions », a-t-il fait remarquer.

Le vote proprement dit a bel et bien été une formalité. Jean Dominici a retrouvé son siège, à l’unanimité. Les deux présidents des CCI locales de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Pierre Orsini et Dominique di Menza étant, d’office, vice-présidents, avec, pour Dominique di Menza, le poste de première vice-présidente. La composition du bureau et celle des commissions ont été également approuvées à l’unanimité.

Il faut souligner que le bureau comme les commissions ont été composés de manière à respecter tous les équilibres, entre le Nord et le Sud, avec un nombre pair de membres du bureau, dans la représentation des microrégions (avec des sièges en plus pour faire une place à la Balagne et à l’Extrême-Sud). Et il était bien clair que tout avait été préparé en amont pour qu’aucun couac ne vienne s’inviter en séance.

Le souvenir de Jacques Nacer

Bien évidemment, dans cette salle Sampiero du palais des congrès qui donne l’impression d’être à bord d’un paquebot, il était impossible de ne pas évoquer le souvenir de Jacques Nacer, symbole des difficultés allant jusqu’au drame, vécues par les représentants du monde économique. Un hommage a été apporté au président assassiné, tant par Jean Dominici, que par le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni.

Un hommage différent mais tout aussi significatif a été apporté à Paul Marcaggi qui n’a pas souhaité poursuivre son mandat. Ce dernier a donc très logiquement pris la parole pour féliciter la nouvelle présidente de Corse-du-Sud – élue le matin même – et assurer qu’il apportera son « soutien le plus total à la nouvelle mandature ».

Un ballet bien réglé donc, sur fond de consensus.

Paroles parallèles

Mais lorsqu’on parle de questions économiques, la politique n’est jamais très loin. D’autant que le protocole et le hasard sont parfois farceurs. Placés côte à côte à la tribune, le préfet Lelarge et le président Simeoni n’ont peut-être pas vu, dans leur dos, le navire de la Corsica Ferries qui a été, de longues minutes, leur arrière-plan.

De fait, le président du Conseil exécutif et le représentant de l’État ont avancé sur des voies parallèles lors de leurs prises de parole.

Au milieu des chefs d’entreprise corses, Gilles Simeoni est «à la maison ». La chaleur du ton, lorsqu’il les félicite d’avoir collectivement surmonté les séries d’épreuves des dernières années ne trompe pas.

Et bien évidemment, l’habitué des scrutins qu’il est se réjouit du taux de participation à cette élection mais il ne résiste pas au plaisir de la « petite phrase ».

« Les taquins, M. le préfet, diront qu’il ne suffit pas d’être bien élu pour être écouté, voire respecté », lance-t-il.

Impassible, Pascal Lelarge ne bouge pas un cil. Et ne relèvera pas le gant du trait d’esprit lors de sa propre prise de parole.

Après avoir loué les synergies entre tous les acteurs, au plus fort de la crise Covid, Gilles Simeoni plaide pour un modèle économique de l’après-crise, axé sur le développement durable, l’économie circulaire et la justice sociale en rappelant à tous que : « Historiquement, les Corses sont un peuple et que géographiquement, la Corse est une ile de la Méditerranée. »

Bien plus technique, le préfet Lelarge a bien évidemment félicité les nouveaux élus. Mais également le travail accompli. « J’ai pu constater votre professionnalisme dans la gestion des équipements », a-t-il souligné, avant de préciser que cela n’allait pas de soi dans toutes les régions. Il a loué une « implication des acteurs économiques qui fait sens » et encouragé le dynamisme des acteurs économique dans « la construction, l’urbanisme et le tourisme ».

Chacun, il est clair, mesure l’importance du monde économique. Mais pas forcément dans une vision identique du développement de la Corse.

ISABELLE LUCCIONI