La Lettre | Portrait : Jean-Louis Albertini, taille patron

La Lettre | Portrait : Jean-Louis Albertini, taille patron

Chef d’entreprise, élu titulaire de la CCI de Corse, juge au tribunal de commerce et désormais président du Medef. De nombreuses charges avec l’économie pour dénominateur commun… 

Si la transmission des entreprises était aussi commode que celle des prénoms de père en fils chez les Albertini, l’économie corse aurait un caillou de moins dans la chaussure. L’homme de la génération auquel nous nous intéressons aujourd’hui, c’est Jean-Louis Albertini, membre titulaire de notre chambre consulaire et tout nouveau président du Medef Corse. Son père se prénomme donc Jean-Louis, c’est un médecin neurologue de renom, ancien conseiller général de Haute-Corse, et le petit garçon dont il est l’heureux papa depuis trois mois s’appelle naturellement Jean-Louis. Dans la famille, on se tracasse moins sur le choix des prénoms que les futurs descendants qui, dans cinquante ou cent ans, devront s’armer de patience pour reconstituer l’arbre généalogique…

Trêve de plaisanterie. Le patronat de l’île vient de se doter d’un président quadragénaire dynamique et investi, familier du monde de l’entreprise insulaire et conscient des défis à relever pour concevoir un nouveau modèle économique.

Natif de Bastia où il a accompli toute sa scolarité jusqu’au bac S, Jean-Louis Albertini a poursuivi ses études à la faculté de Droit d’Aix-en-Provence. Une fois son master en poche, il part en Australie pour perfectionner son anglais avec son ami Paul Antoniotti, autre futur entrepreneur bien connu. 

« Nous étions partis pour un séjour linguistique de trois mois, nous sommes finalement restés une année entière. » Nous aurons le tact de ne pas lui demander les raisons pour lesquelles il a prolongé autant son séjour à Sydney…

De retour en Corse, il participe avec son père et son oncle Francis à la fondation du groupe familial « L’Olivier bleu » dont les activités sont essentiellement orientées vers les anciens, résidences séniors, accueil des personnes âgées dépendantes, services à la personne, restauration collective… 

Il a été le premier vers lequel les médias se sont tournés au moment de la sortie du livre-enquête de Victor Castanet qui dénonce la maltraitance dans les Ehpad. Même si la Corse en général et sa société en particulier ne sont en rien concernés par le scandale : « C’est Orpea qui est sous les feux des projecteurs. En Corse, c’est une autre vision et d’autres valeurs qui nous animent. C’est un domaine où l’humain prime sur tout le reste, nous sommes engagés corps et âme avec nos collaborateurs auprès des résidents et des familles… »

Sa désignation à la présidence du Medef Corse est le fruit d’un large consensus et de l’alternance entre le nord et le sud. Son mandat, de trois ans, est renouvelable deux fois un an. Il connaît l’institution patronale depuis près d’une décennie : tour à tour adhérent, membre des instances paritaires puis du conseil d’administration. Jean-Louis Albertini a un autre prisme pour observer et sonder l’économie corse : depuis 2016, il est juge au Tribunal de commerce d’Ajaccio.

« La Corse a une économie relativement vulnérable et instable par nature. Une économie plutôt présentielle, plutôt orientée sur du service, tout un contexte objectif qui lui fait supporter plus difficilement les chocs exogènes. Aujourd’hui, malgré ce que nous avons tous traversé, quelques indicateurs sont à nouveau passés au vert mais nous manquons encore de vision à brève échéance. »

"Formatés pour trouver des solutions"

Jean-Louis Albertini estime que, pour les entreprises corses, le retour annoncé de la croissance peut se heurter à une coalition de contrariétés, inflation, remboursement à marche forcée des prêts garantis par l’État, flambée des prix de l’énergie, pénurie des matières premières, nécessité d’accélérer la cadence de l’approvisionnement et du stockage avec les surcoûts structurels liés à l’insularité. Mais il se dépeint d’un naturel optimiste comme en témoignent ses propos : « Le Medef comme la CCI de Corse ont l’habitude de trouver des solutions, de dénicher des moyens, de s’adapter aux situations les plus complexes. Au sein de l’une et l’autre institution, parfaitement complémentaires dans leurs réflexions et leurs initiatives, les commissions vont plancher sur des thématiques aussi essentielles que les filières, le transport, la fiscalité, le développement durable mais aussi l’emploi et la formation. C’est à l’aune de ce travail de fond que vont se dessiner les contours du nouveau modèle économique. Il s’agit, en même temps, d’accompagner les chefs d’entreprises vers les bonnes pratiques sociales et environnementales, la transition numérique, la santé et le bien-être au travail, la parité, etc. Il ne faut pas courber l’échine, il faut être dans l’action et avancer ! »

Ses rares moments de liberté, il les passe au grand air, sorties moto entre amis et trails solitaires en montagne sur des portions du GR20. De façon plus relaxante, il joue de la guitare, classique et rythmique.

Jean-Louis Albertini a une vie professionnelle et personnelle réglée comme du papier à musique.