La Lettre | “La méthode proposée me convient” Gérald Darmanin

La Lettre | “La méthode proposée me convient” Gérald Darmanin

Les mots du ministre de l’Intérieur adressés à Gilles Simeoni, dont il fait le seul interlocuteur du gouvernement pour l’ensemble des questions institutionnelles et économiques, et à Jean Dominici, son hôte au siège de la CCI de Corse, scellent l’accord avec les socioprofessionnels. Il s’agit de laisser leur chance au dialogue et à la concertation pour réussir le renouveau de notre économie.

La marge de manoeuvre est étroite. Et la main tendue de l’État est consécutive aux manifestations insurrectionnelles qui ont suivi l’agression dont a été tragiquement victime Yvan Colonna. Mais la volonté d’apaisement n’affaiblit ni le gouvernement ni l’Exécutif de Corse. Le drame qui se joue aux confins de l’Europe est révélateur de la nécessité vitale de ne jamais couper les fils du dialogue, fussent-ils ténus. 

La dimension politique de la négociation ouverte avec Paris n’a pas relégué au second plan les attentes des Corses en termes de développement novateur et de mieux-être social. La « Question corse » est bicéphale. Économie et institution n’entrent pas en compétition mais en synergie. Dans l’esprit de Gérald Darmanin, il a paru naturel, deux jours après avoir entamé le processus de dialogue « à vocation historique », de prolonger son voyage pour se rendre à Bastia, à la CCI de Corse, entouré de son équipe et des deux préfets pour échanger « sans tabou » avec le Collectif des socioprofessionnels, sur la suggestion de Gilles Simeoni et en présence du président de l’Adec, Alex Vinciguerra. 

UN ESPRIT D’OUVERTURE PARTAGÉ 

Gérald Darmanin a écouté, échangé, interrogé. Il connaît nos atouts et handicaps pour avoir été pendant les trois premières années du quinquennat ministre des Comptes publics. Quand, à la fin de la discussion, franche et approfondie, il dit haut et fort « Ce que vous proposez me convient, c’est la bonne méthode », il donne son aval à l’approche suggérée par le président de la CCI de Corse, à savoir une expertise impartiale de ce qui marche et ne marche pas et de ce qui pourrait fonctionner en faveur du développement, de la sortie de crise par le haut et de l’accomplissement d’un nouveau modèle économique. Une fois l’évaluation réalisée, il s’agira de troquer les dispositifs inopérants contre des mesures efficaces dans le respect des équilibres budgétaires de chacun. Le ministre a pris acte des trois contraintes qui brident la Corse (insularité, étroitesse du marché, saisonnalité) et des deux buts à atteindre désignés par Jean Dominici : 

  1. Instaurer un régime social et fiscal spécifique ; 
  2. Relever le défi de l’avenir autour de cinq exi-gences derrière chacune desquelles il y a tant à faire : 

« Investir, recruter, innover, exporter et transmettre. » 

Le président de la CCI a émis le souhait de renforcer deux dispositifs qui font leurs preuves : le Crédit Impôts Investissements et la Zone de Développement Prioritaire. 

L’esprit d’ouverture qui a présidé à la réunion favorise le processus de rapprochement entre les chambres consulaires et la Collectivité de Corse. Dans le droit fil de Bruno Le Maire, Gérald Darmanin y est favorable. Pour traduire la volonté de l’État de s’inscrire dans la durée, il a par ailleurs, nommé un proche conseiller, Grégory Canal, « Monsieur Corse » avec qui les premiers échanges ont eu lieu. De son côté, le président du Conseil exécutif de Corse a indiqué que, dans le cadre des futures négociations, il s’appuierait sur la société civile, le Collectif des socioprofessionnels et la CCI de Corse en particulier.

Un accord à quatre mains

« Donnons au dialogue et à la concertation leur chance méritée et attendue de réussir. » La phrase qui résonne comme une promesse, est extraite du texte paraphé par Gérald Darmanin et Jean Dominici en point d’orgue de la fructueuse séance de travail. Ainsi, dans le mécanisme de dialogue déclenché entre la Corse et l’État, la dimension économique et sociale est pleinement intégrée, ce pour quoi l’action de Gilles Simeoni a été unanimement saluée. 

Le calendrier électoral qui va mordre sur la saison ne permet pas d’espérer des mesures immédiates. Mais la mise en oeuvre d’une méthode de travail tripartite entre l’État, la Collectivité de Corse et les socioprofessionnels permettra d’emprunter deux voies parallèles vouées à se rejoindre : d’une part, les dossiers économiques post-Covid, jalons d’un nouveau modèle à construire ; d’autre part, le chantier du futur Statut fiscal et social de la Corse. Ainsi, en décidant d’une méthodologie et d’un calendrier, le ministre de l’Intérieur et le président de la CCI de Corse se disent prêts à donner aux enjeux économiques la place qu’ils méritent dans le vaste mouvement de réforme qui s’amorce pour la Corse.

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°20 (avril 2022) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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