La Lettre | Filière agrumicole de la Corse : Le plein de vitamines en Sicile

La Lettre | Filière agrumicole de la Corse : Le plein de vitamines en Sicile

Du 25 au 29 mars, une délégation de l’Association des Organisations de Producteurs « Fruits de Corse » était en Sicile à la découverte d’un territoire dont la production, la valorisation et l’intégration des enjeux climatiques constituent une source d’inspiration.

Balbutiante dans les années 50, la filière agrumicole corse traverse une période assez faste dont la promesse d’avenir repose aussi bien sur le développement et la capacité à se diversifier qu’à s’adapter par anticipation aux enjeux du bouleversement climatique. L’essor des vergers, la pérennité des exploitations, la quête de distinction par la qualité et la typicité des fruits sont les conditions fondatrices de son succès. Mais il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers, fut-ce dans un contexte favorable de marché de niche dans lequel s’épanouit la clémentine, le fruit emblématique de la filière, labellisée IGP en 2007. Elle représente à elle-seule les deux tiers de la production agrumicole de l’île.

Pour réussir une prospective, il faut aller voir ailleurs, de préférence dans une région méditerranéenne proche en termes de climat et de production. La Sicile, où les routes exhalent le parfum sucré des fleurs d’orangers, était un choix judicieux. Un parfum qui a embaumé les narines de la délégation corse composée de treize ambassadeurs de l’AOP Fruits de Corse et des représentants de la CCI de Corse et de la Collectivité de Corse, via son Agence de Développement Économique, partenaires de l’Université Pasquale Paoli qui porte le projet « Réso TPE-PME » sous l’égide duquel cette escapade studieuse en Sicile a été organisée.

LES ENJEUX DE L’EAU ET DE LA TRANSFORMATION

Depuis quelques années, la filière agrumicole de Corse est solidaire et cohérente dans son organisation. Elle apporte une valeur ajoutée à l’image de notre territoire et une juste rémunération de ses producteurs. D’année en année, ses vergers ne cessent de croître en surfaces et en qualité, ce qui lui ouvre le champ de tous les possibles en termes de transformation, de distribution, de développement à l’international. Le moment était donc propice pour se rendre en Sicile à la rencontre du Consorzio Arancia Rossa di Sicilia IGP (30 000 tonnes d’oranges sanguines) dont le terrain de prédilection se situe dans le sud de l’île, près de Syracuse, avec vue imprenable sur l’Etna. La visite d’un verger et de sa station de conditionnement a favorisé les échanges autour de la question vitale de l’irrigation puisque la Sicile est exposée aux affres du réchauffement climatique et de la pénurie chronique d’eau. La Corse est elle-même confrontée au phénomène récurrent de la sécheresse et il s’agit donc pour ses producteurs de penser à la conversion de ses porte-greffes afin de rendre les plantations plus résistantes au manque d’eau et aux écarts brutaux de températures. D’autres cultures ont été visitées pour leur transformation. Les figues de barbarie de la région de Catane, au pied du mythique cratère encore enneigé à cette période de l’année, sont pressées en jus de fruits frais comme, par ailleurs, l’orange sanguine ou le citron sont conditionnés en confits, huiles essentielles, cosmétiques, parfums, infusions, fibres textiles, etc.

Les échanges avec la Sicile ne s’achèvent pas avec le voyage. Sur le terrain universitaire, des rencontres entre chercheurs corses et siciliens sont déjà dans les starting-blocks. Les producteurs également ont promis de se revoir…

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°20 (Avril 2022) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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