[CORSE-MATIN] Un outil de gestion du risque en mer testé à Bastia

[CORSE-MATIN] Un outil de gestion du risque en mer testé à Bastia

Mieux communiquer pour mieux gérer les situations à risque en mer. C’est ainsi que l’on pourrait résumer le projet Iside (Innovazione per la Sicurezza del Mare) présenté hier à Bastia par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse.

Issu du programme européen Interreg France-Italie, ce projet associe depuis 2019 une demi-douzaine d’acteurs universitaires et portuaires sardes, toscans, ligures, varois et corses autour d’une idée : créer un système de communication terre mer permettant de réduire les risques liés à la navigation en mer. « On s’est aperçus que dans plus de 80 % des cas, les accidents qui surviennent dans les transports terrestres comme maritimes proviennent d’erreurs humaines, explique le chef du projet, Gianfranco Fancello, du centre de recherches économie et mobilité de l’université de Cagliari. Et qu’est-ce qu’une erreur humaine ? C’est l’erreur commise par un opérateur qui reçoit une information erronée. »

Smartphones et tablettes

C’est sur la base de ce constat théorique que s’est engagée la réflexion. Après une phase de diagnostic, les différents acteurs se sont lancés dans la conception d’un système d’information et de communication spécialement pensé pour la gestion des situations à risque en mer. « Il s’agissait de créer un système pouvant être utilisé aussi bien par les navigateurs professionnels que par les simples plaisanciers, poursuit l’universitaire. Il fallait, pour cela, faire en sorte que les informations puissent circuler à travers les moyens de communication les plus diffusés : smartphones, tablettes… »

Et après trois ans de travail, le résultat est là : un système simple d’usage, permettant une géolocalisation immédiate des utilisateurs et une prise en compte rapide du risque à travers une série de questions prédéterminées.

Un système qui fait actuellement l’objet d’expérimentations de terrain dans chacun des ports partenaires. Comme hier à Bastia, où était simulée une collision d’un ferry avec un navire de plaisance dans le chenal du port de commerce. Un exercice grandeur nature qui a mobilisé, outre un navire de la Corsica ferries, des bénévoles de la station locale de la Société nationale de secours en mer (SNSM), deux remorqueurs du port et les sapeurs-pompiers du groupe de recherche et d’intervention en milieu aquatique. « C’est un type d’accident qui peut tout à fait se produire, confie Stéphane Lucchini, patron titulaire de la station SNSM de Bastia. Face à une telle situation, il s’agit pour nous d’organiser le travail de sauvetage en utilisant ce nouvel outil de communication de façon à être aussi performants que possible. »

Un champ des possibles grand ouvert

Quel sera l’avenir de ce système Iside ? Parviendra-t-il, au-delà de cette phase d’expérimentation, à s’imposer comme l’instrument de communication courant dans le monde de la marine professionnelle et surtout de la plaisance ? Si l’on en croit les éléments statistiques recueillis par le cabinet d’étude « Lueur externe », associé au projet, le besoin existe. « Dans la zone concernée par le programme, on enregistre chaque année 13 000 nouvelles immatriculations de navires de plaisance, assure Xavier Plot, de Lueur externe. Or, que constate-t-on parallèlement ? Que la très grande majorité des accidents en mer impliquent des voiliers de plaisance ou des navires à moteur de plaisance de moins de 8 mètres. » Une situation, on l’a compris, qui ouvre des possibilités considérables aux promoteurs de ce nouveau projet né de la coopération interrégionale.

P.N.