[CORSE-MATIN] « Cresce » un nouveau dispositif d’aide pour les TPE

[CORSE-MATIN] « Cresce » un nouveau dispositif d’aide pour les TPE

La mesure cofinancée par l’Agence de développement économique de la Corse – Adec – et par l’État, est destinée aux TPE insulaires du secteur de l’industrie, des activités de service, de l’artisanat, ainsi que du commerce. Pour une économie productive, compétitive et de proximité

Des mesures ciblées sur les plus petites entreprises et sur des zones géographiques bien précises. Alex Vinciguerra, président de l’Agence de développement économique de la Corse – Adec – Alexandre Patrou, secrétaire général pour les affaires de Corse – Sgac – avec Jean Dominici, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse – CCI – et Jean-Charles Martinelli, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Corse ont présenté ce lundi dans les locaux de l’Adec un nouvel appel à projets, « Cresce », soit une enveloppe globale de 4,3 millions d’euros cofinancée à parts égales par l’Adec-Collectivité de Corse et l’État.

« Ce dispositif s’adresse aux TPE de Corse qui emploient moins de 11 salariés et dont le dernier chiffre d’affaires est inférieur à un million d’euros », précise Alex Vinciguerra. Chaque bénéficiaire percevra au minimum 2 000 euros et au maximum 100 000 euros.

À travers ces montants qui s’ajustent aux situations rencontrées, l’objectif est de soutenir et favoriser l’essor de secteurs tels que l’industrie, les activités de service, l’artisanat ainsi que le commerce de proximité. Le dispositif intervient à un moment où « bon nombre d’entreprises qui ont subi la crise sanitaire sont confrontées au remboursement de leur prêt garanti par l’État, le PGE, une opération qui pèse lourd sur leur capacité à investir », observe-t-on.

Les partenaires accompagnent aussi bien la relance, la croissance et la compétitivité que l’initiative économique. « Cresce », qui comporte plusieurs niveaux, est en phase tout à la fois avec « la création, la modernisation et le développement d’activité », avec en plus, une mention spéciale pour « les territoires prioritaires ». « S’agissant de la création, la modernisation ou le développement d’activités de production de biens ou de services, la localisation du projet ne fait pas partie des critères d’éligibilité. Toute la Corse est prise en compte », soulignent les partenaires.

Zone rurale et politique de la ville

En revanche, la règle de l’exception territoriale s’applique concernant l’activité commerciale. Dans ce cadre, le coup de pouce financier est donné aux seules structures installées en zones rurales, ou bien dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et coeurs de ville Ajaccio et Bastia. « L’intérêt est de donner un peu plus de sens à la trajectoire de ces établissements qui ne se trouvent pas dans des grands centres commerciaux ou dans des zones dédiées au commerce », assure-t-on.

Au-delà, pour prétendre à cette nouvelle aide, les entreprises devront investir, entre autres, pour acheter ou aménager des équipements professionnels tels que des véhicules de tournées et des véhicules à usage professionnel, pour sécuriser leurs locaux ou faciliter leur accessibilité physique ou numérique. L’Adec et l’État débloquent encore des fonds afin d’accompagner la transition énergétique, environnementale ou digitale des TPE.

Le cas échéant, la contribution institutionnelle servira à combler des frais d’étude et de conseil en lien avec de bonnes idées, « performantes et novatrices » ou de diversification. Il sera de bon ton encore pour les porteurs de projet d’intégrer l’environnement, les nouvelles technologies ou bien l’économie sociale et solidaire à leur démarche.

Ces dispositions étaient très attendues dans le monde artisanal selon Jean-Charles Martinelli. « Cresce est sans aucun doute un outil très efficace et pertinent pour donner une impulsion supplémentaire à ces petites entreprises qui évoluent dans un environnement économique par définition plus difficile », affirme-il. Aujourd’hui, 19 000 entreprises artisanales sont réparties dans les différentes microrégions insulaires. Ce qui fait de la Corse, toutes proportions gardées la première région de France de l’artisanat.

Des demandes à télécharger en ligne

La somme apportée par l’État, 2,15 millions d’euros sur un total de 4,3 millions d’euros, a été puisée dans le plan exceptionnel d’investissement – PEI. « Cet appel à projet correspond au dernier engagement financier de l’État à ce titre. Ce qui signifie que le PEI a été consommé jusqu’au dernier euro », précise Alexandre Patrou, secrétaire général pour les affaires de Corse. Le plan de transformation, d’innovation et d’investissement pour la Corse – PTIC – a pris désormais le relais.

À travers cette contribution, l’État reste dans sa logique de soutien en interaction avec les acteurs territoriaux et consulaires, selon le Sgac. L’orientation prise est corrélée notamment au constat gouvernemental intervenu en 2016, « d’une fragilisation des TPE ».

Dans la foulée, suivront des assises régionales des TPE, propres à la Corse. La séquence se soldera, entre autres, par une « modification des crédits d’impôts de 20 à 30% au bénéfice des TPE et également des PME, ce qui représente chaque année une aide de l’État de 120 millions d’euros ». À cela viennent s’ajouter des prêts de trésorerie à taux zéro, des prêts de soutien, et autres appels à projet dont Prossima et du même coup, 7 millions d’euros pour « revitaliser le commerce et l’artisanat ».

En plus des « bonnes intentions » et des millions d’euros, le pragmatisme s’impose. Une méthode qui a pavé le chemin du programme Cresce. « Nous sommes dans une optique de prise de décision rapide, et de libération de ces fonds sur les comptes des commerçants et des artisans tout aussi rapide », assure-t-on depuis l’Adec.

Aux acteurs consulaires, de faire la promotion de l’appel à projet, « en direction des entreprises et des territoires ». Une part de leur rôle consistera encore à organiser des actions concrètes « d’accompagnement au montage des dossiers de candidature ».

En attendant, les demandes d’aide sont téléchargeables depuis le site de l’Adec de Corse. Celles-ci seront instruites par les services de l’agence avant d’être examinées par un comité de sélection au sein duquel siègent l’État et l’Agence de la collectivité de Corse. « Cette instance formulera un avis d’opportunité concernant l’aide sollicitée et son montant », explique Alex Vinciguerra. Le dossier repassera ensuite par le bureau de l’Adec, chargée de l’individualisation des crédits. L’étape suivante donnera lieu à la signature d’une convention entre celle-ci et le bénéficiaire.

Les aides seront accordées dans la limite des crédits disponibles. La date limite des dépôts de candidature est fixée au 31 mars 2023. Cresce n’est pas une fin en soi. D’ores et déjà, « on pense à imaginer d’autres dispositifs » à échéance de la rentrée 2023. À suivre.

Véronique Emmanuelli