[CORSE-MATIN] Le secteur maritime à l’heure de la transition écologique

[CORSE-MATIN] Le secteur maritime à l’heure de la transition écologique

 

Après Ajaccio le 4 octobre dernier et avant Corte ce jeudi 13 octobre, c’est à Bastia que s’est tenue, ce mardi 11 octobre au musée, une conférence sur l’avenir écologique du transport maritime.

Intitulée « Corse maritime bas carbone » et organisée conjointement par la CCI et le bureau d’études Innoveol, cette rencontre a permis de mettre en lumière les différentes initiatives locales et nationales pour réduire l’impact carbone dans le secteur maritime sur l’île.

L’objectif avoué de Paul Coursimault, directeur d’Innoveol, en organisant trois colloques au lieu d’un, est de « toucher tous les publics en limitant les déplacements et donc l’impact carbone ». L’écologie et la protection de la planète sont en effet au coeur des réflexions du jour. « Il est essentiel de s’affranchir des énergies fossiles en s’appuyant sur le triptyque suivant : sobriété, efficacité et renouvelable », précise ce féru de bateau à voile qui a décidé de lancer ce programme pour accélérer la décarbonation du domaine maritime insulaire, persuadé qu’« il est urgent d’agir dans tous les domaines ».

À voile et à vapeur

La conférence débute par l’intervention de Marie-Madeleine Giudicelli, représentante de la CCI, qui rappelle les grands axes maritimes de l’île et plus précisément ceux du port de Bastia. « Cette première porte d’entrée en Corse est une petite infrastructure qui supporte d’importants mouvements. »

En effet, 54 % du trafic maritime insulaire passe par le port de Haute-Corse. Elle rappelle alors la volonté de la chambre de commerce et d’industrie, « sous l’égide de la Collectivité », de développer des actions en faveur de la transition écologique. L’amélioration acoustique et la rationalisation logistique sont déjà en place. La CCI réfléchit à présent à une solution hybride pour alimenter en courant électrique les bateaux à quai.

Pour entretenir le débat, une série d’interventions se succèdent, portées par différentes structures insulaires et continentales qui ont fait de la transition énergétique leur cheval de bataille et qui proposent des solutions innovantes, particulièrement dans le domaine du transport maritime.

À ce titre, Jean-Luc Savelli, directeur de Qualitair Corse, rappelle ses missions : surveiller et prévoir la qualité de l’air, informer, sensibiliser et surtout accompagner les entrepreneurs engagés dans cette transition. « Avec leur fumée noire, les navires ont rendu visible la pollution invisible », insiste-t-il, alors que son association a rejoint une coopération au coeur de la Méditerranée. Il précise : « Il faut se rassembler. Les problématiques et les réglementations sont communes. Nous avons, même ici en Corse, des compagnies en commun avec notre voisin Italien. »

Le directeur d’Innoveol rebondit sur l’importance de ces mesures qui permettent de progresser sur la question, avant de laisser la parole à Julidé Yasar. La directrice de France Gaz Maritime se base sur un récent rapport qui confirme « qu’il y a urgence », puis elle détaille les solutions alternatives possibles aux carburants fossiles.

La société Beyond the Sea invoque une option différente pour un résultat similaire : adapter une voile aux navires pour réduire leur consommation de carburant. Le point fort de cette solution est de s’adapter à tous types de bateau, du voilier au porte-conteneurs et d’aller puiser des vents réguliers assez haut dans le ciel. En grand connaisseur. Paul Coursimault déclare alors : « La voile vient de changer de dimension. »

« On peut produire de l’énergie en Corse »

Didier Pierrat-Agostini est originaire de Canari. Avec sa société Stepsol, il propose le mariage de l’eau et du soleil. Son système de batterie hydraulique fonctionne en circuit fermé et est particulièrement adapté à des terrains avec un fort dénivelé, comme en Corse. D’ailleurs, l’installation d’un prototype est à l’étude à Macinaggio.

La société Corstyrene, située à Aleria et spécialisé dans l’isolation, a déjà mis en place une flotte de sept chariots élévateurs qui fonctionnent à l’hydrogène. Sans éluder les problèmes inhérents à cette évolution, le chef d’entreprise confirme les retours positifs de ses équipes en matière de logistique et de rapidité de recharge. Comme le souligne Paul Coursimault : « Vous prouvez que l’on peut produire de l’énergie en Corse. Il est question d’autonomie et d’indépendance énergétique. »

La société Lhyfe, installée à Nantes, semble creuser le même sillon puisqu’elle produit déjà de l’hydrogène de façon industrielle et le distribue dans toute l’Europe. Les propositions et innovations s’enchaînent, comme celle de VPLP Design, qui propose des bateaux à propulsion vélique non polluants, permettant une mobilité douce sur les fleuves.

Au final, ce colloque a démontré le dynamisme et les engagements de la filière en matière de transition écologique. Si le développement économique de ces structures n’est pas négligé, ce qui rassemble ces entrepreneurs et les collectivités locales qui les accompagnent, c’est une véritable volonté de trouver, en synergie, des solutions pérennes afin de réduire les gaz à effet de serre. Avec des propositions innovantes et en perpétuelle évolution, ces sociétés ou ces associations comptent bien prendre soin de la planète. Le prochain rendez-vous est fixé à Corte, le 13 octobre, pour continuer à réfléchir ensemble à l’avenir écologique de l’île.

LAURENT HERIN