La Lettre | Assemblée générale : « Restaurer un dialogue sérieux »

La Lettre | Assemblée générale : « Restaurer un dialogue sérieux »

C’est le message que Jean Dominici a fait passer devant les élus consulaires, les autorités de l’État et la Collectivité de Corse. En ces temps difficiles, il est impératif que le processus soit réactivé.

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L’assemblée générale, réunie au palais consulaire de Bastia mardi 29 novembre, avait la tonalité grave et solennelle d’un avenir incertain. Elle a coloré le discours concis mais dense du président. Avec aplomb et sans circonvolution oratoire, Jean Dominici a cerné les enjeux et les moyens de les relever. Les ressources fiscales de l’institution qu’il préside sont fragilisées par des décisions nationales au moment où l’économie de l’île vit davantage la reprise fulgurante de l’activité comme un répit plutôt qu’une rampe de lancement, entreprises et commerces passant d’une crise à l’autre, du virus sclérosant à la guerre inflationniste. Dans ce contexte, les soubresauts dans le processus engagé entre la Corse et l’État ne servent pas la cause de l’économie. Voilà pourquoi, le message fort délivré par le président a été l’appel à la reprise de la concertation. Il n’était pas question pour Jean Dominici de mettre son grain de sel sur les divergences qui ont conduit à la suspension du processus mais l’accent sur l’impérieuse nécessité de renouer les fils du dialogue. « Les évolutions et les réformes que le processus Darmanin a laissé entrevoir, nous sommes convaincus qu’elles ne peuvent passer que par la restauration rapide d’un dialogue sérieux et confiant, sans concession mais ouvert, entre les élus de la Corse et le gouvernement. » Pour le président, les récents débats parlementaires relatifs au projet de Loi de finances le démontrent : malgré le recours systémique au 49.3, le gouvernement a validé plusieurs amendements des parlementaires de la Corse dont le moindre n’est pas la prorogation pour deux ans du dispositif Crédit d’impôt Investissement, avec, en prime, la promesse d’une réévaluation courant 2023.

LE MINISTRE DE RETOUR… L’ANNÉE PROCHAINE

Gérald Darmanin a été dûment mandaté par le président de la République pour discuter avec les élus et les forces vives de la Corse sur la plausibilité de cheminer vers un statut d’autonomie. Or, le ministre de l’Intérieur est le plus (pré)occupé de tous les ministres. Il doit répondre de façon quasiquotidienne aux injonctions d’une insécurité protéiforme et se soucier des territoires éloignés, comme il vient de le faire en Nouvelle-Calédonie. Il y a quelques jours, il a une nouvelle fois reporté son retour en Corse en début d’année prochaine mais il a d’ores et déjà précisé qu’il le ferait dans un cadre plus élargi que celui de la mission présidentielle qui lui a été confiée. Jean Dominici veut y voir « un signe fort » et, peut-être, l’épilogue de la phase de suspension du processus. « Face à une économie fragile et exposée à tous les défis, face aux multiples transitions qui se profilent, nos ressortissants, tellement éprouvés, nous le disent : la seule issue positive aux difficultés passe par l’apaisement, la raison et les échanges. Ici et à Paris, les bonnes volontés doivent prendre le dessus pour que le processus soit réactivé. Qu’il soit bien compris que nous entendons y participer activement à la place qui sera la nôtre, pour le respect de notre économie et pour les équilibres durables de notre société. » Sur ce point, le préfet de Haute-Corse s’est voulu rassurant. Michel Prosic le confirme clairement : « L’économie a toute sa place dans les discussions avec l’État. Une région qui va bien, c’est une région où les entreprises investissent et l’investissement pour la population, c’est de l’emploi et du bien-être. L’entreprise, c’est encore l’image d’un territoire, de son dynamisme, de sa capacité d’innovation. La CCI de Corse y contribue, je suis admiratif de son action au service de ses ressortissants. » Rien à ajouter !

Du rattachement à la Collectivité de Corse

Le temps presse. C’est l’autre message du président à propos du transfert de tutelle des chambres consulaires à la Collectivité de Corse. Depuis l’adoption de la loi PACTE en mai 2019 qui ouvre la voie à ce rattachement, rien n’a bougé ou presque sinon le rapport d’information présenté le 28 janvier par Gilles Smeoni à l’Assemblée de Corse. Cependant, le 22 septembre, le président du Conseil exécutif a adressé un courrier officiel à la Première ministre et à la présidence du Sénat et de l’Assemblée nationale sur le dossier. « Il est impensable, pour nous, nos partenaires, nos collaborateurs, de poursuivre une activité normale si, dans les prochaines semaines, nous n’obtenons pas la lisibilité et la garantie d’un programme de travail sérieux sur ce projet de réforme. » insiste Jean Dominici. Nanette Maupertuis a voulu apaiser les inquiétudes : « C’est le scénario de la création d’un établissement public qui a été retenu. Nos services planchent dessus. Nous sommes entrés de plain-pied dans une phase opérationnelle de la réforme. » Croisons les doigts.

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ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°27  (décembre 2022) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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