La Lettre | Économie circulaire : l’enjeu en vaut la chandelle

La Lettre | Économie circulaire : l’enjeu en vaut la chandelle

Conjointement organisé avec l’État et la Collectivité de Corse, le séminaire sur l’économie circulaire axé sur la valorisation des déchets a vocation à éveiller l’intérêt des porteurs de projets dans des filières d’avenir rentables.

L’économie circulaire, créatrice d’emplois, à travers la valorisation des déchets. C’était le fil rouge – ou plutôt vert – d’un séminaire qui s’est tenu au Spaziu Charles Rocchi de Biguglia, une coproduction de l’État, de la Collectivité de Corse via son Office de l’Environnement et des deux chambres consulaires, CCI de Corse et Chambre de Métiers et de l’Artisanat. Quatre entreprises du continent ont témoigné de leur réussite dans ce domaine. De vraies sources d’inspiration à destination des porteurs de projets potentiels pour lesquels, en Corse, les champs du possible sont infinis. En prélude, notre président a salué cet espace de rencontres entre les entreprises et les collectivités locales autour d’expériences probantes de création d’activités économiques, de richesses et d’emplois : « Pour s’éloigner puis sortir d’une société de gaspillage, ce modèle économique centré sur la ressource, sa préservation et son utilisation efficiente, doit être cultivé, amplifié et amélioré. C’est un enjeu capital et les vertus de l’économie circulaire doivent être mieux connues et partagées par le plus grand nombre » a conclu Jean Dominici non sans avoir remercié tous les chefs d’entreprises qui ont trouvé, sur leur temps si précieux, la disponibilité nécessaire pour participer aux débats et apporter leurs témoignages, leurs questions et leurs expérimentations. Dans la foulée, Jean-Charles Martinelli a insisté sur la prépondérance croissante de l’environnement sur l’économie en général et sur l’économie circulaire en particulier : « Cette journée contribue à sensibiliser les professionnels aux enjeux de la gestion des déchets, former et informer nos ressortissants aux bonnes pratiques écologiques et susciter les projets de création de sites de stockage et de valorisation afin d’obtenir un maillage territorial total. » 

QUATRE ENTREPRISES MODÈLES 

Malgré son nom singulier, l’entreprise phocéenne « R-Aedificare » est un modèle dans la reconversion des déchets du bâtiment en ressources pour de nouvelles constructions. Sa directrice, Valérie Decot, architecte de formation, a fait des démolitions une filière à la rentabilité exponentielle en proposant aux promoteurs un catalogue de matériaux susceptibles d’être réemployés sur leurs futurs programmes immobiliers. C’est encore dans la deuxième vie donnée aux résidus de chantiers (bois, tuiles, sanitaires, poutres, menuiseries, etc.) que s’est consacré Bruno Jalabert à la tête des entreprises Aplomb et Eco’Mat en privilégiant les circuits courts pour diminuer le gaspillage et l’empreinte carbone. Les biodéchets, qui constituent la grande problématique de la collecte et du traitement en Corse, ont occupé le devant de la scène à travers l’exemple remarquable de l’entreprise francilienne Moulinot, cent emplois créés, 40 000 tonnes de déchets alimentaires détournés de l’enfouissement pour produire du biogaz et des fertilisants pour les terres agricoles de la région. Son président, Stéphane Martinez, restaurateur à ses débuts, va ouvrir six nouveaux sites dans le pays à l’horizon 2025 en autofinancement : « L’objectif est de créer des structures d’une capacité annuelle de traitement de 15 à 30 000 tonnes avec des modèles de valorisation mixte adaptés aux territoires entre méthanisation et compostage. » Au regard des volumes de déchets alimentaires de notre île, il y a largement de quoi attiser des envies irrépressibles de créer des entreprises aussi performantes. Enfin, les projecteurs se sont orientés sur l’entreprise normande « Palettes Lelandais » du nom de son président, Frédéric Lelandais, spécialisée dans le recyclage de palettes en bois depuis vingt ans. Un million de palettes par an réparées, reconditionnées et remises sur le marché !

« DEVENONS LES ACTEURS DU CHANGEMENT »

Quel est le panel de l’accompagnement pour les projets locaux de valorisation des déchets ? La Banque des Territoires se targue d’être le couteau suisse du financement de l’économie circulaire. Son directeur régional, Fabien Ducasse, décline les modalités d’intervention pour les initiatives individuelles ou collectives en faveur du tri, réemploi, recyclage, reconditionnement, etc.

Jean-Michel Miniconi, directeur de la Chambre régionale de l’Économie sociale et solidaire de la Corse, soutient aussi la création d’associations ou coopératives et mise sur les appels à projets centrés sur l’écosystème de valorisation des déchets prêts à sortir des tiroirs de l’ADEME et de l’Office de l’Environnement. En Corse, on n’en est qu’aux balbutiements mais il ne faut pas désespérer. Le président de l’OEC, Guy Armanet, se veut optimiste : 

« Soyons les acteurs du changement. Avec de la volonté et du courage, nous devons y arriver. »

Marie-Françoise Baldacci, directrice de l’Emploi, du Travail, des Solidarités et de la Protection des Populations de la Haute-Corse, a conclu, au nom de l’État, en remerciant les partenaires, dont la CCI de Corse, et promettant d’autres séminaires : « L’idée est de poursuivre nos travaux, d’intégrer l’agriculture et l’agroalimentaire comme cela a été proposé. L’objectif de cette première journée était de donner de la visibilité aux expériences réussies ailleurs en termes de valorisation des déchets et de création d’emplois de façon à susciter de l’intérêt auprès des structures locales, entreprises ou secteurs associatifs. Des projets émergent, il faut les accompagner pour qu’ils se concrétisent et, plus encore, se pérennisent. »