La Lettre | Transport : Calvi, hirondelle du printemps aérien

La Lettre | Transport : Calvi, hirondelle du printemps aérien

Son aéroport, sécurisé, modernisé et prêt pour le trafic de nuit, a été le théâtre d’une concertation réussie entre la Collectivité de Corse, la CCI de Corse et les forces vives et politiques de la Balagne.

Le sens des grands enjeux de notre temps, le sens du travail et de la confiance, le sens des responsabilités. On pourrait y ajouter le sens de l’orientation : c’est sur « La Route des Sens » que se situe l’aéroport Sainte-Catherine de Calvi, la plus petite des plateformes de la Corse mais pas la dernière à se distinguer par ses équipes, ses aménagements, sa capacité à se projeter dans l’avenir. Même la Cour des Comptes, encline à porter un regard sévère sur les dépenses publiques, le reconnaît comme un outil de désenclavement et de développement. 

Forcément, c’était l’endroit idéal pour accueillir la grand-messe de concertation entre la Collectivité de Corse et le président de son Conseil exécutif, la CCI de Corse et les élus locaux et nationaux de Balagne.

L’AVIATION GÉNÉRALE EN PISTE POUR PROGRESSER

Au coeur des échanges, la délégation aérienne de service public qui sera adoptée le 27 avril par l’Assemblée de Corse. L’aéroport de Calvi lui-même, pour lequel notre dernière Lettre s’est fait l’écho d’une croissance record de trafic passagers et de l’aviation d’affaire, fédèrait des attentes fortes : 

la consolidation du pont aérien avec Paris et Marseille, à conserver sous OSP, et l’amélioration de la liaison quotidienne avec Nice via l’assurance d’avoir une amplitude d’au moins dix heures entre l’aller et le retour. Ce n’est pas seulement une question de confort pour les usagers mais aussi d’exigence sanitaire et médicale. 

Un engagement dont se sont réjouis les maires de Calvi et l’Ile-Rousse en tête, Ange Santini et Angèle Bastiani qui s’est sentie comme dans une « réunion de famille » et les deux présidents des intercommunalités de Balagne, Lionel Mortini et François-Marie Marchetti.

L’aviation d’affaire dite aviation générale, vectrice d’une clientèle à haute valeur ajoutée, a donc connu un bond spectaculaire et franchira en 2023 les 3 000 mouvements. Un bâtiment flambant neuf et un parking élargi à 40 postes ont été dûment inaugurés et bénis après la réunion. Amen également aux programmes de décarbonation qui permettront bientôt à Calvi et à tous les aéroports corses d’alimenter les avions en escale en énergie 100% renouvelable. Ce dispositif, qui reposera sur la production et le stockage d’hydrogène vert, est d’autant plus approprié que la fréquence des liaisons, présentes et à venir, ne faiblira pas, grâce aux 5 millions investis pour l’allongement de la piste côté nord sans lequel la réduction de la voilure pour l’accueil des gros porteurs aurait été inévitable.

LES VOLS DE NUIT NE SONT PLUS UN MIRAGE

Mais ce dont beaucoup rêvaient en Balagne depuis des décennies va bientôt devenir réalité : les vols de nuit ! D’où l’émotion de Gilles Simeoni dans ses paroles d’hommage à toutes celles et ceux qui se sont battus pour obtenir ce Sésame : « Ils ne sont plus là mais nous leur devons beaucoup. » Tout s’est accéléré grâce aux nouvelles technologies adoubées par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), seule habilitée à délivrer l’autorisation. Elle a encouragé le recours aux satellites qui permet une procédure d’approche beaucoup plus sûre vers les aéroports où l’environnement est contraint par le relief. Le degré de précision très élevé du guidage satellitaire et la validation en cours d’un nouvel itinéraire d’accès par le col de Marsulinu vont drastiquement diminuer les déroutements en cas de mauvaise météo et ouvrir la voie au trafic nocturne dans un délai espéré de dix-huit mois. Cet hiver, 14 décollages ont déjà eu lieu la nuit tombée. L’habitat balanin des oiseaux de nuit va s’étoffer…

« Pour l’ouverture de nuit, nous approchons du terme ; l’équilibre financier est stabilisé ; l’arrivée de nouvelles compagnies récompense nos efforts et nous sommes en tête, sur les plans national et méditerranéen, des aéroports qui ont le mieux traversé la crise.» Jean Dominici n’est pas habité par le doute : à Calvi, la résolution des enjeux les plus importants se convertit en formalité.

Gilles Simeoni, qui a reçu le soutien des élus de Balagne dans sa demande de réévaluation de l’enveloppe de Continuité territoriale pour maintenir un fonctionnement optimal du transport de service public, a rappelé l’importance du rattachement de la CCI de Corse à la Collectivité qu’il préside : « C’est un pacte solidement scellé entre un savoir-faire éprouvé et une puissance publique affirmée. Ce sera aussi et surtout la garantie inaltérable que la gestion de nos ports et aéroports restera publique, et c’est bien là l’essentiel ! »

Ainsi, à la faveur d’une réunion qui s’est rapidement mise en mode « union sacrée » malgré la pluralité des opinions présentes, l’aéroport de Calvi est devenu l’épicentre de l’ambition corse pour ses transports et, par voie de conséquence, pour son économie durable. À la satisfaction générale.

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°32 (mai 2023) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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