CCI 2B

[CORSE-MATIN] 36 heures pour innover sur le thème du tourisme durable

Un Innovathon, a été lancé hier du côté du centre culturel de l’Alb’Oru, à Bastia. De nombreux partenaires, dont l’ATC et la CCI de Corse, étaient présents pour le coup d’envoi d’une opération destinée à faire émerger des projets concrets.

Où va-t-on et que veut-on en matière de tourisme en Corse ? C’est à cette question ambitieuse que l’association Emaho, appuyée par une ribambelle de partenaires* a lancé la réflexion voilà plus d’un an avec les ambassadeurs du tourisme durable.

Un projet inédit qui, après préfiguration et concertation, a entamé sa troisième phase, celle de l’Innovathon, dès hier à Bastia.

Jean Leccia, le président d’Emaho, explique ce cheminement : « II y a un an, sur ce même thème, nous avions réuni, sur un temps plus court de 8 h à 18 h, 130 personnes acteurs du tourisme. Nous les avons fait débattre dans des ateliers sur des thématiques, et l’idée était d’en sortir des défis, des problèmes à régler en matière de tourisme en Corse. Cela concerne des thèmes de déchets, de la sur fréquentation, la sacro-sainte question de l’étalement de la saison. Il a été évoqué aussi le tourisme culturel, la volonté également de mieux se connecter aux habitants, de rencontrer des artistes, des artisans, et pourquoi pas d’aller voir traire les chèvres ».

Et c’est ainsi, qu’hier, quatorze équipes encadrées par des coaches se sont mises à table pour cet Innovathon qui promet de faire émerger des projets. Ces derniers se veulent en phase avec les acteurs économiques et touristiques, pour un tourisme résilient face au changement climatique. C’est donc du défi de la créativité qu’il était question, hier, au centre culturel l’Alb’Oru.

Un Innovathon qui, durant trois jours, veut offrir des solutions locales aux grands enjeux du tourisme en général.

« Faire de la Corse, un territoire exemplaire…»

Linda Piperi, adjointe au maire de Bastia et présidente de l’Office de Tourisme Intercommunal de Bastia, a donné le ton de cette manifestation. « C’est une belle expérience de réflexion commune, car, aujourd’hui, il est proposé de faire appel à l’intelligence collective, afin de fédérer autour d’un projet commun, celui d’accélérer vers un tourisme durable, s’organiser autour d’un tourisme responsable. Nous sommes tous conscients qu’il y a urgence dans ce domaine. Nous devons trouver des solutions, échanger pour repenser notre modèle, faire de la Corse, un territoire exemplaire. Il faut penser ce tourisme maîtrisé, pour voyager mieux, donner un sens au voyage. Nous sommes ici aujourd’hui pour imaginer des solutions concrètes et applicables par toute la filière. »

Tous les partenaires ont évoqué les enjeux et notamment le premier vice-président de la CCI de Corse, Pierre Orsini, qui avant de se mettre autour d’une table de l’Innovathon, a souligné l’ambition d’aller vers « un tourisme responsable. L’impact de la crise sanitaire a été encore plus important en Corse, car le tourisme pèse 30 % du PIB, et les dégâts sont immenses. Aujourd’hui il faut anticiper sur le monde d’après, travailler aussi sur l’attractivité. »

Angèle Bastiani, la présidente de l’Agence de tourisme de la Corse, a trouvé les mots justes pour encourager ce type de manifestation. « Nous tenons à soutenir de manière active les acteurs locaux qui s’investissent avec passion pour apporter leur pierre à l’évolution durable du premier secteur économique de notre île. L’ATC, et par sa voix, la Collectivité de Corse, se réjouit de participer à cette démarche collective qui sera, à n’en pas douter, porteuse d’idées, de réflexions et de solutions innovantes. De ces journées de travail et de réflexion naîtront des projets et des idées mûries, challengées, maturées, dans tous les secteurs ».

Angèle Bastiani, par ailleurs maire de L’Ile-Rousse, connaît parfaitement les problématiques touristiques. Elle sait aussi que les idées peuvent germer mais tous les projets ont besoin de bras pour les porter : « À l’issue de cette première édition de l’Innovathon, sachez que l’équipe d’ingénierie de I’ATC mettra toute son expertise au service des lauréats, mais également de tout porteur de projet s’inscrivant dans une démarche de développement durable pour la Corse… »

JO CERVONI

*L’ATC, la CCI de Corse, l’Ademe, la Banque des territoires, Atout France, E-Motum

[CORSE-MATIN] La Corse représentée au congrès national des buralistes

Alignement des fiscalités corse et continentale sur le tabac, mutation de la profession dans un contexte de lutte contre le tabac, les buralistes corses ont eu de quoi débattre lors du congrès national, et des deux jours de salon qui ont suivi.

Les buralistes corses se battent aujourd’hui sur deux fronts distincts : celui de la fiscalité, dont les avantages insulaires sont appelés à prendre fin, et celui de la mutation d’une profession qui doit se réinventer, dans un contexte où la cigarette a consumé ses belles années.

Sur la fiscalité tout d’abord. Le prix du tabac a flambé ces dernières années, dépassant le seuil symbolique des 10 € sur le Continent, et les 8 € dans l’île.

Mais, à partir du 1er janvier 2022, cette fiscalité va progressivement s’aligner sur celle en vigueur de l’autre côté de la Méditerranée : « En juin 2019, j’avais réussi à négocier que cette hausse soit progressive. Entretemps, le Covid est passé par là, et la saison 2020 a été catastrophique pour les 214 buralistes de l’Ile, expose José Oliva, président de la fédération Corse. C’est pourquoi nous avons essayé de négocier un délai. Cela faisait d’ailleurs partie des amendements présentés par le député Michel Castellani, mais ils ont été rejetés. Nous ne renonçons pas pour autant, et je continue le travail de terrain, j’ai notamment rencontré le député européen Younous Omarjee lors de sa venue à Bastia, car La fiscalité dépend de l’Europe, et la France paye chaque année une amende pour la Corse. »

Une bataille appuyée par le président de la fédération nationale, Philippe Coy, réélu pour quatre ans vendredi lors du congrès.

Une hausse de 5% par an pendant 5 ans

Les demandes concernant la fiscalité du tabac ne portent pas uniquement sur les cigarettes. En effet, le tabac se consomme sous différentes formes, notamment à mâcher ou, plus récemment, à chauffer. « Actuellement en France, les taxes qui pèsent sur un kilo de tabac à chauffer sont deux fois supérieures à celles sur un kilo de tabac à rouler. Cela est dû à une classification par défaut du tabac à chauffer dans la catégorie fiscale « autres tabac à fumer » (..). Les taxes, et par conséquent le prix de vente du tabac à chauffer en France, sont de loin les plus élevées d’Europe. L’autre exemple de produit à risques réduits qu’est la cigarette électronique a connu en France un développement important en bonne partie du fait de l’absence de taxation (hors TVA), qui permet d’en faire une alternative financièrement attractive pour les fumeurs », précisait l’amendement déposé par Michel Castellani, Charles de Courson et Frédérique Dumas, rejeté le 7 octobre.

La Corse devra donc s’aligner sur le continent, mais ce sera de manière progressive. En effet, l’accord négocié par José Oliva prévoit une hausse de 5% par an pendant cinq ans, soit une hausse de 25%. Le délai demandé d’un an, soit une hausse qui ne commencerait qu’au 1er janvier 2023, a été rejeté : « Au bout des cinq ans, nous serons donc à 95 % de la fiscalité nationale. Il nous restera quand même 5% », tempère le président.

Une profession en mutation

Le buraliste de 2021 n’a plus grand-chose à voir avec ses prédécesseurs du siècle dernier. La lutte contre le tabac notamment a fait muter leur profession, particulièrement en Corse, où la fiscalité avantageuse en faisait un produit fort prisé lors de la saison touristique. « La Corse est le meilleur élève à ‘échelle nationale en ce qui concerne la transformation des bureaux de tabac, avec 59 des 214 buralistes qui ont déjà effectué cette mutation. C’est notre métier qui change. De débitant de tabac, nous devenons un commerce de proximité », explique José Oliva.

Les jeux sont évidemment l’autre produit phare de ces magasins, mais pas seulement. Produits dérivés, carterie, timbres-poste et fiscaux, paiement d’amendes mais aussi, et peut-être surtout, retrait de colis, le buraliste est désormais à la fois un commerçant et un prestataire de services. « Les colis nous rapportent quelques centaines d’euros par mois, à raison d’une petite centaine de paquets par jour, mais c’est surtout un bon moyen de créer du trafic en faisant entrer les clients, qui peuvent alors s’intéresser à d’autres produits. »

« La CCI nous accompagne dans cette mutation en proposant une aide allant jusqu’à 30 % du montant des travaux, ou 33 000 €. Il est vrai que c’est plus difficile pour certains buralistes du rural, qui sont parfois âgés, mais c’est un investissement nécessaire pour pérenniser son commerce et éventuellement le revendre pour sa retraite ou le transmettre à ses enfants. »

Un président très impliqué, qui siège de nouveau au conseil d’administration de la fédération nationale, et un métier qui semble relativement bien négocier son virage, les buralistes corses ont sans nul doute eu de quoi trouver de nouvelles inspirations lors de ce salon, et pour les années à venir.

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EN CHIFFRES

  • 5 % de hausse de la fiscalité chaque année pendant cinq ans à partir du 1er janvier 2022.
  • 214 buralistes enregistrés en Corse. 59 ont déjà effectué les travaux de transformation, 37 en Haute-Corse et 22 en Corse-du-Sud.
  • 30 % des travaux de transformation peuvent être pris en charge par la CCI

ISABELLE LANCON-PAOLI

[CORSE-MATIN] L’Ile- Rousse : plusieurs alternants recrutés dans des commerces de la ville

La CCI de Corse et les commerçants de la ville, sous l’impulsion de l’association Compru in Balagna et avec le soutien de la municipalité, proposent aux jeunes de la Mission locale une formation d’un an en alternance pour devenir vendeur ou conseiller commercial.

La perspective d’une formation en alternance pour devenir vendeur ou conseiller commercial prend une tournure très concrète à L’Ile-Rousse. Une dizaine de jours seulement après la présentation du cursus, pas moins de huit candidats ont poussé, hier matin, la porte du « job dating » organisé dans la salle des actes de la mairie.

L’association de commerçants Compru in Balagna est à l’initiative, dans le cadre de sa stratégie de digitalisation du commerce. La Chambre de commerce et d’industrie de Corse assure le volet formation théorique de cette formation diplômante de niveau bac. Les commerçants et artisans de la ville sont donc invités à recruter leur alternant, pour une durée d’un an, avec la promesse d’une aide financière d’État couvrant la quasi-totalité du salaire de l’apprenti, soit 8 000 euros. Enfin, la municipalité de Lisula se veut être un soutien actif en hébergent gratuitement le job dating ainsi que l’intégralité de la formation dans ses locaux du centre Jean-Simi.

Une préparation qui a porté ses fruits

Tous les ingrédients semblent réunis. Les jeunes candidats sont tous inscrits à la Mission locale rurale de Haute-Corse. De jeunes majeurs, âgés de 18 ans à 21 ans, très motivés à l’idée d’acquérir rapidement des compétences professionnelles et d’être rémunérés dans le cadre de leur apprentissage.

Plusieurs entreprises se sont montrées intéressées par le recrutement d’un alternant. C’est le cas du Weldom de L’Ile-Rousse, de l’animalerie Terranimo, du Spar du centre-ville, de la boutique Instant création, de la boutique Verso ou encore de la boulangerie Spiga. Autant de contrats à décrocher. Deux avaient d’ores et déjà été signés, hier midi, au sortir du job dating.

« Les recruteurs ont eu d’excellentes surprises en rencontrant des jeunes motivés, aux profils intéressants, décidés à s’engager dans la vie active et c’est donc de très bon augure pour la formation qui se profile, se félicite Nicolas Costa, recruteur et cofondateur de l’association Compru in Balagna. Les jeunes qui n’auront pas été pris peuvent encore continuer à démarcher de leur côté. Il leur reste un mois pour trouver une entreprise et un maitre de stage avant d’entrer en formation. »

Le directeur de l’enseignement et de la formation à la CCI de Corse, Pascal Agostini, se satisfait également du bilan de la matinée : « Il y a 15 jours, nous étions venus avec le challenge de monter un job dating sur une formation en apprentissage. Des contrats se concrétisent et le groupe Balagne va pouvoir être monté avec 5 à 8 alternants dans les commerces de la ville, cet hiver, avec tout ce que cela comporte comme nouveautés dans la manière de travailler. À présent, aux chefs d’entreprise de se montrer pédagogues et formateurs. »

Le rôle de ces futurs alternants ne se limite pas à de la vente en boutique puisqu’un rôle de commercial itinérant ou encore de conseiller commercial auprès d’entreprises artisanales leur est aussi destiné. En résumé, la formation leur laisse de nombreuses possibilités.

« Nous avons vu plusieurs employeurs qui nous ont proposé plusieurs types de postes ou de formation en alternance », relatent Catherine et Angelina deux candidates. La première a une préférence pour la boutique Instant création, ou alors le Spar, tandis que la seconde a eu un coup de cœur pour l’animalerie.

Leur encadrant à la Mission locale, Antoine Petit, a le sentiment du devoir accompli : « Les candidats ont fait une très bonne impression parce qu’ils étaient préparés à des entretiens d’embauches. Ils se sont renseignés, ils sont donc venus avec du savoir et de l’aplomb. Ils connaissent les bases du monde de l’entreprise, les fautes à ne pas commettre et savent montrer leur motivation. »

La formation de vendeur doit débuter fin novembre.

JEAN FRANCOIS PACELLI