Revue de presse

[Corse-Matin] Une école de tourisme cinq étoiles au Palais des Congrès d’Ajaccio ?

Avec son projet d’école d’excellence, la chambre de commerce entend doper l’attractivité des métiers de l’hôtellerie et de la restauration, boudés par les Corses. Si son plan de formation est bien ficelé, la chambre consulaire et ses partenaires entament à peine leur tour des investisseurs.

Cela ressemble fort à la concrétisation d’un vieux serpent de mer. La Chambre de commerce et la Chambre des métiers et de l’artisanat ont récemment finalisé leur projet d’école “de tourisme, de l’événementiel et de l’hospitalité”. Un projet “d’excellence”, vantent-ils, dont l’ouverture pourrait avoir lieu à la rentrée 2024. Cette école “5 étoiles” devrait se doter d’un siège à la hauteur de ses ambitions : le palais des Congrès d’Ajaccio. D’une centaine d’élèves, l’effectif pourrait progressivement passer à quelque 300 étudiants, du CAP au MBA en passant par le BTS et le Bachelor.

Un projet dicté par la nécessité de former une main-d’œuvre qualifiée dans un secteur qui se heurte à d’importantes difficultés de recrutement. Avec une volonté de différenciation revendiquée : “Nous nous sommes demandé quel concept nous pourrions développer, qui ne soit pas une reprise des programmes existants”, relate Pascal Agostini, directeur de l’enseignement et de la formation à la CCI, et en charge du projet.

Plusieurs filières devraient être proposées, certaines faisant déjà partie de l’offre de formation de la CCI (CAP en cuisine ou pâtisserie, bac pro arts de la cuisine, etc), d’autres restant à créer. Cette partie-là est résolument la plus novatrice puisqu’elle a vocation à former des profils à forte valeur ajoutée sur le marché des métiers de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme. D’abord dans les métiers de bouche (sommellerie, cuisinier en dessert, etc.), d’accueil, ou en management.

Des partenariats prestigieux

Au total, une quinzaine de formations pourraient être créées, en partenariat avec l’École hôtelière d’Avignon et l’École de management de l’hôtellerie-restauration de Savignac. Un point fort pour ce projet, puisque des intervenants des deux prestigieuses institutions consulaires pourraient venir enseigner dans la future école ajaccienne. “Nous avons un corps d’intervenants de 110 experts de ces métiers. Nous pourrions aussi apporter une vraie ingénierie de programmes et de développement pédagogique”, vante Cyril Lanrezac, directeur de l’École de Savignac, qui y voit aussi l’occasion “d’asseoir la marque” de l’école. “Un projet gagnant-gagnant”, résume-t-il.

Autre atout de cette formation : sa dimension internationale, entre échanges d’étudiants et stage à l’étranger. Le consortium Chambre de commerce-Chambre d’agriculture a obtenu récemment l’agrément Erasmus + et entend bien en faire profiter ses élèves. La formation devrait en outre s’appuyer sur des équipements flambant neufs qui prendront place au restaurant du Palais des Congrès rénové, et sur les moyens de son réseau de partenaires, notamment l’Afpa.

Des emplois boudés

Objectif : créer des compétences qui dopent l’employabilité et constituent une vraie plus-value sur le marché du travail. À la tête de l’Union des Métiers et des Industries de l’hôtellerie (Umih) de Corse, Frédéric Ruiz se réjouit d’avance de voir des jeunes capables de “vendre des vins ou de faire de vrais desserts”“Moi, je cherche des bartenders (barmen, NDLR) capables de faire des cocktails créatifs, mais les bacs pro ne forment pas à cela”, explique-t-il. “J’en ai un peu marre de voir des jeunes du Continent embauchés dans des hôtels de luxe pour faire des cocktails et payés 4 000 euros par mois. Je préférerais voir des jeunes corses occuper ces postes”, déclare le chef de l’Umih.

Ces métiers pourraient-ils constituer l’eldorado d’un secteur d’activité dans lequel règnent en maîtres la précarité et les bas salaires ? Des emplois haut de gamme dont le niveau de rémunération serait susceptible de booster l’appétence des jeunes Corses pour des emplois qu’ils ont tendance à bouder, voilà l’aspiration de Frédéric Ruiz. Selon l’Insee, l’hébergement et la restauration représentent près de 17 500 emplois en Corse. Or, 36 % des personnes qui les occupent résident en dehors de l’île. Par ailleurs, les formations existantes ne semblent pas en mesure de fournir la main-d’œuvre nécessaire. En 2020, seuls 120 jeunes ont été formés à ces métiers en Corse.

Si le projet est en bonne voie, la CCI débute la semaine prochaine son tour des investisseurs. CdC, État, commune et Capa devraient être sollicités. Pour un montant que la CCI n’a pas encore communiqué.


En chiffres

  • 100 élèves pourraient être accueillis dès la rentrée 2024 au sein de cette école. Les acteurs impliqués espèrent passer progressivement à 300.
  • 120 jeunes seulement sont formés annuellement dans ce secteur d’activité, selon des éléments du rectorat et de la CdC.

LAETITIA GIANNECCHINI

[CORSE-MATIN] Aéroport Calvi : les aménagements boostent l’aviation d’affaire

Les chiffres sont impressionnants. Entre 2019 et 2022, l’aviation privée a fait un bond de 535% sur la plateforme aéroportuaire de Calvi Sainte-Catherine, en passant de 429 rotations il y a quatre ans à 2 724 l’année dernière.

La chambre de commerce et d’industrie de Corse a dévoilé hier matin ces chiffres à l’occasion de la présentation de divers travaux de modernisation dans l’aéroport. Pour rappel, près de 7 millions d’euros ont été investis ces dernières années pour l’accueil et la sécurité des passagers des vols commerciaux et privés. Parmi ces travaux, la création d’un parking pour l’aviation générale et l’aviation d’affaire, ainsi que la facilitation des contrôles de sécurité, semblent avoir dopé l’activité très largement.

« Nous avons un peu tardé à inaugurer ces aménagements, concède Pierre-François Novella, le directeur des concessions aéroportuaires de Haute-Corse. En réalité, ils étaient terminés à 90 % dès le début de l’année 2022 Nous avons à présent finalisé le projet à 100 % et il était important que tous les élus soient là pour le constater. Il est rare de voir une telle synergie entre les différents acteurs et cela renforce notre souhait de développer l’infrastructure sur Calvi. »

La hausse spectaculaire de l’aviation générale en 2022 n’est pas passée inaperçue auprès des professionnels du tourisme. « Une partie des clients de mon hôtel transite par l’aviation d’affaire, c’est environ 10 % à 15 % indique Jean-Pierre Pinelli, le propriétaire de l’hôtel La Villa. De toute évidence, ces nouvelles installations ont dopé l’activité de l’aviation d’affaire et de notre clientèle, surtout sur les courts séjours, le temps d’un week-end par exemple. Il y a aussi eu des clients de dernière minute. Cette aviation-là produit énormément d’images, par un réseau de faiseurs d’opinions. Ces clients sont de vrais influenceurs. »

Pour le président de l’Office de tourisme de Calvi Balagne, ces travaux étaient une évidence : « L’aviation générale représente une part relativement importante de ce que peut représenter le reste du tourisme, estime Jean-Baptiste Ceccaldi, par ailleurs propriétaire de La Signoria. Cela représente quand même des gens qui fréquentent des cercles importants et à forte valeur ajoutée. De par leur réseau professionnel ou amical, ces gens sont des ambassadeurs de notre destination. Le fait d’arriver en avion privé chez nous, de pouvoir s’y poser avec facilité et un accueil digne de ce nom, cela a créé un boom très important et très rapide. Il y avait un manque qui a enfin été comblé. Nous avons vu une différence depuis l’année dernière, depuis que les travaux sont terminés. Il y a eu davantage d’avions avec des retombées économiques évidentes. Cette clientèle à forte valeur ajoutée a un impact important, ne serait-ce que par ce qu’ils représentent, leur pouvoir d’achat, leurs dépenses. Notre destination aspire à attirer cette clientèle-là, dans le cadre d’une offre touristique équilibrée allant du camping à l’hôtel 5 étoiles en passant par la location meublée. Un tourisme équilibré est indispensable, c’est ainsi que l’on met en place un cercle vertueux. Aujourd’hui, un effort majeur a été fait, il faut le saluer. »

En amont de l’inauguration des aménagements, une réunion de travail a vu de nombreux échanges entre la Collectivité de Corse, la chambre de commerce et d’industrie, les élus et les socioprofessionnels de Balagne. Il en ressort des perspectives encourageantes pour l’avenir de la plateforme.

Des horaires à ajuster sur le vol pour Nice

« Ça a été une décision politique d’investir pour que l’aéroport de Calvi soit remis à niveau, rappelle Gilles Simeoni, le président du Conseil exécutif de Corse. Cette volonté s’est concrétisée par des investissements de 7 millions d’euros portés tantôt par la Collectivité de Corse, tantôt par la CCI. Il y a eu les travaux de l’aviation d’affaire, la construction du nouvel aéroclub, la piste du pélicandrome pour la sécurité civile. Une île a besoin d’avoir la maîtrise de ses infrastructures portuaires et aéroportuaires qui sont des points d’entrée sur son territoire. Ce choix est la garantie de la pérennisation des emplois et la certitude que le savoir-faire qu’a acquis par la CCI en termes de gestion des plateformes sera conservé dans le patrimoine. »

Les élus de Balagne ont notamment fait remonter au président Simeoni la nécessité de mieux adapter les horaires et les amplitudes des vols de service public à destination de Nice, Marseille et Paris. Le cahier des charges pour la délégation de service public de 2024 à 2027 doit être débattu fin avril à l’Assemblée de Corse.

« Le prochain cahier des charges devra maintenir un très haut niveau de service public en termes de fréquence, d’équité, de régularité, reprend Gilles Simeoni. Un travail est mené depuis plusieurs mois avec l’ensemble des élus des territoires. Dans ce cadre-là, on a cherché à intégrer les besoins et les attentes en tenant compte des contraintes et de l’enveloppe de continuité territoriale. »

Il sera notamment question d’augmenter la fréquence des vols vers Paris ou encore l’amplitude horaire de la rotation vers Nice, afin de pouvoir réaliser un aller et retour dans la journée. Les horaires du week-end seront adaptés aussi, avec des vols les vendredis soir et dimanche soir pour faciliter les déplacements. Des améliorations qui pourraient doper les remplissages.

 JEAN FRANCOIS PACELLI

[CORSE NET INFOS] Gilles Simeoni : « Un pas énorme a été fait pour la Balagne et dans notre vision globale du transport aérien »

Le Président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, et le Président de la CCI, Jean Dominici, ont inauguré, mercredi matin, les nouveaux espaces Aviation Générale et Aviation Affaires de l’aéroport de Calvi Santa Catalina, en présence d’une centaine d’élus et de socio-professionnels.

L’occasion pour le président de l’Exécutif de faire le point sur les 11 millions d’euros investis pour moderniser, sécuriser et pérenniser la plateforme balanine. Egalement de dévoiler les grands axes du cahier des charges des futures OSP aériennes 2024-2028 qui seront débattues fin avril à l’Assemblée de Corse.

Explications pour Corse Net Infos de Gilles Simeoni qui annonce un renforcement de l’offre globale de sièges et un Aller/Retour Calvi-Nice dans la journée.

– Un rapport de la Cour des comptes a remis en cause l’utilité des aéroports secondaires, dont Calvi. Ces inaugurations sont-elles un moyen de pérenniser la desserte ?
– Il y avait clairement une bataille à mener sur la nécessité de maintenir quatre aéroports dans l’île. C’est une bataille qu’on a mené en synergie avec la collectivité de Corse, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse et le Conseil de développement de l’aéroport de Calvi présidé par François Acquaviva. Nos arguments convergents ont purgé le problème et convaincu la Cour des Comptes et l’ensemble des services de l’État du caractère efficient de notre système, de la complémentarité des quatre aéroports et de la nécessité de les maintenir. Sur l’aéroport de Calvi Santa Catalina, j’ai, avec la CCI, présenté les investissements que la Collectivité de Corse a réalisé en tant qu’autorité concédante et que, quelques fois, la CCI a mis en œuvre en tant qu’autorité concessionnaire. Nous avons programmé 11 millions € d’investissements pour rattraper un retard infrastructurel historique et pérenniser la plate-forme aéroportuaire. C’est un pas énorme qui a été fait pour la Balagne et dans notre vision globale du transport aérien.

– En quoi consistent les investissements déjà réalisés ?
– Environ 7 millions d’euros ont déjà été investis et 4 millions d’euros restent à venir. Les travaux, qui ont été réalisés, sont de trois ordres : le Pélicandrome, l’aviation d’affaires et la sécurité des pistes. D’abord, la transformation du Pélicandrome pour conforter l’aéroport dans son rôle dans la sécurité civile et la lutte contre les incendies. Il y avait des travaux indispensables à réaliser parce que les changements d’avion dans la lutte anti-incendie rendaient nécessaires l’allongement de la piste. Cela a été fait. Ensuite, le déplacement et la reconstruction de l’aéro-club. Egalement, l’ouverture des pistes consacrées à l’aviation d’affaires. Toujours en cours, les travaux sur le système RESA, c’est-à-dire l’allongement de la piste côté mer pour pouvoir accueillir les gros porteurs, quelques soient les circonstances météorologiques. L’ensemble de ces travaux a été inauguré aujourd’hui. Ce sont des améliorations très conséquentes en matière d’infrastructures, surtout au niveau de la sécurité et de la praticabilité de l’aéroport par tous temps et aussi son caractère polyfonctionnel, y compris sur la sécurité civile. Quand on sait l’importance des feux en Balagne, il est indispensable que les avions puissent se positionner sur l’aéroport. Nous avons aussi mis en perspective les travaux menés par la collectivité de Corse et la CCI pour acter la possibilité d’atterrissage de nuit. C’est en cours et cela devrait être effectif dans les deux ans à venir.

– Vous avez évoqué les futures OSP (Obligations de service public) aériennes pour la période 2024-2028. Quels sont les grands axes du nouveau cahier des charges ?
– J’ai expliqué les contraintes de l’équation. A savoir, notre volonté de conserver le périmètre du service public, d’améliorer l’offre de sièges, de maintenir le tarif résident, en tout cas de très peu l’augmenter, malgré l’ensemble des contraintes qui pèsent, notamment la flambée du prix du carburant, l’inflation générale et la fiscalité écologique. Par exemple, sur les 4 ans à-venir, la fiscalité écologique pour une compagnie comme Air Corsica, si elle devait être retenue dans l’appel d’offres, représente environ 30 millions d’euros. Dans ce contexte-là, avec une enveloppe de continuité territoriale qui stagne depuis 2009, des flux de passagers qui augmentent et des coûts qui explosent, l’équation est quasi-impossible. Malgré cela, nous avons beaucoup travaillé et fait des propositions qui, je le crois, ont vraiment donné une grande satisfaction sur les demandes attendues. D’abord, concernant le tarif résident qui est le cœur du service public, nous proposons de maintenir la baisse historique de 2020, c’est-à-dire de ne l’augmenter que de cinq euros sur le bord à bord et de dix euros sur Paris. Sur la plate-forme de Calvi, pour la première fois, et c’était une demande historique qui nous avait été encore formulée en décembre dernier par la Comcom de Lisula-Balagna, nous proposons dans le cahier des charges que le Calvi-Nice ait une amplitude de sept heures en hiver et de onze heures en été, puisque pour l’instant, on ne peut pas atterrir de nuit à Calvi.

– Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
– Cela veut dire qu’on pourra faire l’aller-retour entre Calvi et Nice dans la journée. Ce qui n’était pas le cas avant. Pour les résidents, qu’ils partent pour des raisons sanitaires ou pour des rendez-vous économiques ou d’affaires, c’était une demande vraiment très forte à laquelle nous sommes heureux de pouvoir répondre. Nous avons également inscrit dans le cahier des charges deux autres mesures essentielles, aussi très attendues. Nous allons globalement renforcer l’offre pendant la période touristique. On ne peut pas juridiquement l’augmenter de façon drastique, comme nous le demande la CCI, puisque l’offre de sièges est corrélée au besoin de service public, c’est-à-dire au besoin de résident et aux besoins économiques de déplacement. Nous avons travaillé pour mieux répartir le volant de passagers, qui n’était pas optimisé, entre les différents aéroports. Cela permet notamment sur la plate-forme de Calvi, de placer deux vols sur Paris au lieu d’un, les lundi, mardi, jeudi et vendredi du 1er mai au 30 septembre. La seconde mesure est une réponse aux périodes de saturation où jusqu’à présent, l’offre manque face à la demande. Nous allons mettre en place un système de monitoring avec les compagnies, qui seront retenues, et avec la CCI, notamment par rapport aux réservations. Si les réservations montrent que le taux de remplissage est proche de 100 %, les compagnies auront l’obligation de renforcer leur offre, notamment en été.

– Cette augmentation de l’offre entrera-t-elle dans le cahier des charges des OSP ?
– Aujourd’hui, 4,4 millions de passagers sont transportés dans l’aérien, dont 2,1 millions par le service public. Nous projetons de demander 2,75 millions de sièges dans le futur appel d’offres, soit 100 000 sièges de plus qu’aujourd’hui. Sur les 2,65 millions de sièges de l’ancien appel d’offres, 600 000 n’ont pas été vendus, 700 000 l’ont été au tarif résident, et 1,4 million sont des places économiques. On ne peut pas aller au-delà de 2,75 millions parce qu’on va nous répliquer que cela ne correspond pas à notre besoin de service public. Donc, il y aura aussi des discussions hors OSP, parce que tout ne peut pas être inclus dans les OSP. Par exemple, sur la ligne de Paris, les OSP donnent un monopole à la compagnie délégataire, et il appartient à celle-ci, y compris au-delà des OSP, de mettre des vols supplémentaires pour répondre à la demande. C’est une discussion à venir de l’appel d’offres, tout en restant dans la logique politique qui est la nôtre. Cela veut dire un tourisme durable. Notre objectif n’est pas d’avoir un avion qui se pose tous les quarts d’heure, à supposer que ce soit techniquement possible !

– Vous dites que, dans un contexte de flambée des prix, l’équation est quasi-impossible. Aurez-vous les moyens de vos ambitions ?
– C’est une question de fond que j’ai abordée avec les élus. L’enveloppe de 35 millions €, qui nous a été accordée par l’Etat à titre exceptionnel, nous devons l’obtenir de façon structurelle. Et même obtenir plus, parce que, sur l’enveloppe de 189 millions d’euros de la continuité territoriale, nous avions réussi à dégager un reliquat de 20 millions d’euros qui nous permettait d’investir sur les infrastructures. Aujourd’hui, la flambée des prix a absorbé le reliquat, donc manquent, non pas 35 millions d’euros, mais 55. Il faut avoir en tête que la structure de nos recettes fiscales est beaucoup moins dynamique que celle des régions de droit commun où elles sont constituées à 50 % par la TVA. En Corse, la TVA, qui est une recette très dynamique, indexée sur le coût de la vie, ne représente que 20 % de nos recettes fiscales. Donc, lorsque le coût de la vie augmente, il y a donc un fossé entre nos recettes et les prix qu’on paye. C’est une discussion qu’il faut avoir avec l’État, y compris dans le cadre de l’autonomie.

– Vous avez pris en compte les demandes balanines. Qu’en est-il de Figari qui demande 400 000 places supplémentaires ?
– Nous avons bien sûr le souci de discuter avec l’ensemble des acteurs sur l’ensemble du territoire. Nous serons prochainement à Figari où le trafic est encore plus important. Le même type d’efforts sera fait, mais avec les limites que je viens de citer. Je rappelle que le cœur des OSP, c’est le résident, c’est offrir un service public de qualité le plus élargi possible, et aussi répondre à l’offre touristique. On restera dans ce qu’on considère être le volume raisonnable d’offre de sièges. Tout cela s’inscrit dans un système global et dans la maîtrise de nos infrastructures portuaires et aéroportuaires. D’où le rattachement en cours de la CCI à la collectivité de Corse, qui est aussi une garantie qu’on ne passera pas par un appel d’offres extérieur pour la gestion de ces infrastructures. Je vous rappelle que sur le continent, les grands aéroports sont gérés par des grosses structures privées. Nous avons aussi en arrière-plan, sans préjuger du résultat des appels d’offres, la volonté de conserver les emplois en Corse, qu’il s’agisse d’Air Corsica ou d’Air France avec notamment 300 emplois dans les escales. Bien sûr, on appliquera les règles de la concurrence, et ce sera aux compagnies de se mettre au niveau. Mais il y a toujours ce souci social qui nous fait avancer sur un chemin de crête. Nous allons enfin continuer à construire une complémentarité entre l’offre de service public et l’ouverture aux compagnies privées, y compris, à travers des achats de flux sur des destinations identifiées, achats qui seront menés par un groupement entre l’agence de tourisme de la Corse (ATC) et la CCI sur certaines lignes. C’est, donc, une vision nouvelle et dynamique, adossée à nos fondamentaux de service public et de développement durable qui répond, à mon avis, très largement aux attentes des Corses et aux nouveaux enjeux.

Propos recueillis par Nicole MARI

Voir l’article sur Corse Net Infos

[Corse Via Stella] Quels sont les vols directs depuis la Corse ?

Plusieurs liaisons directes sont proposées cette année entre la Corse et d’autres grandes villes. Retrouvez la liste des destinations à l’étranger assurées dans les quatre aéroports insulaires.

Les beaux jours sont là, l’été approche à grand pas, et les envies d’ailleurs se font de plus en plus pressantes.

Cette année, plusieurs liaisons directes sont proposées entre la Corse et des grandes villes d’Europe ou capitales. L’assurance d’un gain de temps appréciable pour les voyageurs, sans contrainte d’effectuer une correspondance sur le continent.

En voici la liste, pour chacun des quatre aéroports de l’île.

[La carte et la liste suivantes sont élaborées à partir des données fournies par les différents aéroports et/ou celles directement disponibles via les sites des diverses compagnies aériennes au 4 avril 2023. Ces informations sont données à titre indicatif et peuvent être amenés à être modifiées.]

Axelle Bouschon

[CORSE-MATIN] Une nouvelle ligne aérienne entre Bastia et le Maroc

 

Ce sera l’une des nouveautés de l’été au départ de l’aéroport Bastia-Poretta. Le 5 juillet, la compagnie aérienne low cost Transavia France inaugurera son premier vol entre la Haute-Corse et le Maroc.

Jusqu’au 30 août, la filiale spécialisée dans le vol pas cher du groupe Air France proposera chaque mercredi une liaison directe – et sans concurrence – vers Oujda-Angads, dans le nord-est du pays, après avoir répondu à un appel à manifestation d’intérêt lancé par la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse.

« Nous avons travaillé avec Transavia et le consulat général du Maroc pour proposer cette ligne qui sera la seule liaison directe et régulière entre la Corse et le Maghreb, explique Pierre-François Novella, le directeur des concessions aéroportuaires de Haute-Corse. L’objectif consiste à offrir à la communauté marocaine une nouvelle route et à connecter notre île avec un autre continent, il y a quelques années, nous avions un vol direct vers Fès, cette fois-ci nous avons opté pour Oujda, car la communauté marocaine vivant en Corse est en grande partie issue de cette région du Maroc »

Première communauté étrangère de Corse

Avec un prix moyen d’environ 150 euros aller-retour – sans bagage – cette nouvelle ligne, qui propose au total quelque 3 500 sièges sur les mois de juillet et août, a toutes les chances de trouver un accueil favorable auprès des ressortissants marocains résidant dans l’île.

Au nombre de 42 000, ceux-ci représentent la première communauté étrangère en Corse (34 %), selon les données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (lnsee). Ils devancent ainsi les Portugais (27 %), les Italiens (14 %), les Tunisiens (7 %) et les Algériens (4 %).

« Un vol direct entre le Maroc et la Corse devient urgent à plus d’un titre, considère Najoua El Berrak, consule générale du Maroc en Corse. Au-delà de la demande de mes compatriotes, je suis sollicitée quotidiennement par les forces vives de l’île pour le développement des relations économiques, touristiques, culturelles et même académiques. Si l’on veut aller au-delà d’un vol ethnique, la région de Fès-Meknès serait sans doute la plus stratégique, car la plus à même d’engager un rapport de coopération. Une ligne toute l’année me semblerait, en outre, largement justifiée. »

La CCI espère en effet capitaliser sur cette nouvelle liaison pour élargir encore l’offre vers le Maghreb. À terme, les gestionnaires de l’aéroport ambitionnent d’ouvrir une ligne hebdomadaire, en période hivernale, entre Bastia et Marrakech.

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EN CHIFFRES

  • 42 000 ressortissants marocains résident en Corse, soit 34 % des étrangers vivant sur l’île.
  • 6 800 passagers ont transité par correspondance entre Bastia et le Maroc en 2022.
  • 3 500 sièges seront proposés par Transavia entre le 5 juillet et le 30 août.

[CORSE-MATIN] Un pont aérien entre Bastia et Lisbonne

L’offre méditerranéenne s’étoffe depuis l’aéroport de Bastia-Poretta. Après Barcelone, c’est à présent la capitale portugaise qui devient accessible en vol direct.

Le vol inaugural de Lisbonne à Bastia a été opéré hier matin par la compagnie Easyjet. « Cette connexion avec Lisbonne, capitale européenne méditerranéenne en vogue, située à l’embouchure du Tage, offre aux insulaires l’opportunité de tomber sous le charme de son histoire », peut-on lire en guise de présentation de la nouvelle ligne.

C’est aussi, et surtout, la réponse à une demande forte exprimée par les Portugais de Corse qui représentent, après les Marocains, la deuxième communauté étrangère de l’île. « Ce pont aérien était très attendu et renforcera aisément, et de manière pérenne, les échanges familiaux et touristiques depuis la Corse vers le Portugal, et vice-versa », a noté Jean Dominici, le président de la CCI de Corse.

Avec cette nouvelle opportunité de voyage, la huitième sur Bastia, Easyjet renforce sa position. « Avec des vols, le samedi et le mercredi, les Bastiais pourront s’envoler pour un long week-end. La liaison proposée jusqu’au 28 octobre permettra également de profiter de city breaks durant l’avant et l’arrière-saison, et même jusqu’au premier week-end des vacances de la Toussaint », a souligné Reginald Otten, directeur adjoint d’Easyjet France. Deux fois par semaine (mercredi et samedi) en 2h40 de vol, les passagers pourront ainsi découvrir cette ville en vogue à des prix très attractifs.

Il est en effet possible de décrocher un vol aller-retour pour 100 ou 150 €. Un prix qui varie selon la période de réservation et les sièges vacants. Sur 5 mois, 30 000 sièges sont à vendre sur cette ligne qui semble déjà avoir trouvé son public.

[CORSE NET INFOS] Le Métaverse et ses applications touristiques expliquées aux professionnels insulaires

Pour s’adapter à un secteur en constante mutation, les professionnels du tourisme insulaires peuvent bénéficier de l’appui de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse. Sa dernière offre en date : une journée de formation en compagnie de Denis Genevois, expert en innovation touristique, ce jeudi 16 mars à Borgo.

En plus de ses nombreux conseils, le Belge à l’accent bien marqué a présenté l’un des derniers bijoux technologiques, le Metaverse, et ses applications touristiques.

Un moyen de se mettre à la page pour les hôteliers et autres restaurateurs présents, mais aussi d’anticiper ce qui pourrait être, à l’avenir, un outil de travail intéressant.

« Le mot circule beaucoup, mais tout le monde n’a pas une idée précise de la chose. La vision de surface, c’est que le Metaverse est un casque numérique, qui permet de se balader virtuellement dans des univers qui peuvent ressembler ou non à la réalité », vulgarise Denis Genevois.

Largement utilisé dans le domaine des jeux vidéos, pour proposer une expérience plus immersive, le Metaverse s’applique également au milieu du tourisme.

« Ça peut être des choses très simples, comme le fait de dupliquer dans le monde virtuel un lieu réel : une ville, une statue, un musée. Mais pour moi, ce n’est pas le plus intéressant, on peut être beaucoup plus créatif. »

Reconstitution de lieux en ruines, modélisation d’hôtels pour choisir la chambre parfaite… Les déclinaisons touristiques sont en effet multiples, et ne demandent qu’à être explorées.

Mais pour le moment, cette technologie n’en est encore qu’à ses balbutiements, et les professionnels du secteur, en Corse, n’auraient que peu d’intérêt à investir dedans. « En revanche, c’est important de s’y préparer, pour ne pas être démuni au moment venu », explique Denis Genevois. « D’ici quelques années, on y verra plus clair. »

Des conseils personnalisés

En plus de cette conférence sur le Metaverse, certains représentants d’entreprises touristiques corses ont également pu bénéficier d’un entretien personnalisé avec l’expert, afin d’affiner leur stratégie commerciale.

C’est justement le cas de la résidence « Le Pascal Paoli » – loueur d’appartements de vacances à Moriani-Plage – dont une employée a exposé ses problématiques lors d’un tête-à-tête enrichissant.

Désireuse d’améliorer le rendu visuel du site internet, la jeune femme s’est par exemple vu proposer de modifier les photographies de la page d’accueil.

« Là, on dirait plutôt un contenu d’agence immobilière », analyse Denis Genevois. « Il faut de la mise en situation, pour que le client se projette déjà dans ses vacances. Au lieu de mettre une simple photo de la table de dehors, dressez-là, ou imaginez une mise en scène avec un jeu de société. »

Alors que la concurrence est particulièrement féroce, et qu’il faut se battre pour exister sur internet, Denis Genevois n’a pas manqué de donner quelques conseils de référencement, autrement dit, de visibilité.

« Vous êtes en bord de mer, les gens viennent faire de la pêche ou du paddle, donc il faut miser dessus au niveau des mot-clés. C’est ça qui va vous permettre de vous démarquer ! »

Un travail indispensable auquel tout le monde n’est pas encore formé. Mais la progression du tourisme, notamment en saison creuse, passera en grande partie par là.

Thibaud KEREBEL

Voir l’article sur Corse Net Infos