Revue de presse

[CORSE-MATIN] La jeunesse a rendez-vous avec Les Nuits de l’Orientation

Après deux ans d’absence, la manifestation fait son retour à Ajaccio, puis Bastia avec un focus particulier sur le tourisme. Un secteur porteur et pourtant souvent en panne de candidats. Aux professionnels de faire connaître leur métier, aux actifs de demain de trouver leur voie.

La jeunesse a de nouveau rendez-vous avec la formation. Après une interruption forcée du fait de la crise sanitaire, les Nuits de l’orientation, organisées à l’initiative de CCI France, sont de retour. Jeudi à Ajaccio, puis vendredi à Bastia, entre amis ou en famille, les futurs bacheliers ou les jeunes en quête de reconversion pourront aller à la rencontre de ceux qui détiennent peut-être les clefs de leur avenir professionnel.

Focus sur le secteur du tourisme

Sur un créneau de quatre heures – de 17 h à 21 h – pour les jeunes qui vont se croiser d’abord au palais des congrès et le lendemain au Musée de Bastia, il s’agira à la fois de rencontrer des professionnels, d’écouter des passionnés partager leur expérience mais aussi de trouver les bons guides, pour ne pas se perdre sur le chemin de l’orientation. Un passage obligé qui nourrit moult questionnements et incertitudes. La diversité des offres, l’obligation de se positionner, in fine le moment d’arrêter des choix est souvent anxiogène pour les actifs de demain. La formule choisie par la CCI de Corse, c’est une façon de décomplexifier l’exercice en valorisant des métiers. Cette année, un focus particulier a été porté sur les métiers du tourisme au sens large. Sur une île dont le poids du secteur pèse 30 % de son PIB, la difficulté de recruter est toujours aussi frappante. « C’est un secteur essentiel en Corse qui souffre de candidats. Nous souhaitons ainsi présenter les débouchées directes ou indirectes possibles des métiers du tourisme », insiste Martine Castellani, responsable du service apprentissage à la CCI2B. « Les besoins en recrutements sont importants et les entreprises peinent à recruter localement. Les métiers du tourisme offrent pourtant de réelles opportunités d’emplois et de carrières. Certains sont mal connus et peu valorisés. Lors de la manifestation conçue comme un véritable parcours de découverte et de promotion des métiers du tourisme, les professionnels auront l’occasion de valoriser leurs activités, parler de leur expérience, faire découvrir leurs métiers. »

De réels débouchés

Du conseiller en développement durable, au guide manager, au directeur d’établissement, à la gouvernante, au responsable d’activités de loisirs, au voyagiste, comme au métier du vivant, tous prendront place pour évoquer leur parcours. Et parce que le tourisme déborde sur d’autres activités et plaisirs, il sera aussi question de gastronomie. « Le Meilleur sommelier de France sera avec nous », poursuit Martine Castellani, qui aspire à embarquer la jeunesse corse à la découverte de filières prometteuses. Mais, à dire vrai, souvent boudées. Tous secteurs confondus, ils seront près de cinquante intervenants, bien décidés à leur offrir une autre image du métier.

Une soirée avec un coach digital

D’une certaine manière, il s’agit de trouver le bon format pour rapprocher les jeunes de l’entreprise. Trois espaces – multimédia, orientation, métiers – ont été pensés pour accompagner le visiteur. Et pour ceux qui voudront découvrir leur personnalité, un coach d’orientation digital sera à leur disposition. Hello Charly sera activé ! Ce logiciel interactif et ludique, dédié à l’orientation, leur donnera la possibilité de réaliser des tests de personnalité ou de positionnement, et donc de se rapprocher des familles de métiers faites pour eux.

Pour la touche convivialité et la note gourmande, la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) sera partenaire des Nuits de l’orientation. Les élèves du lycée agricole de Borgo proposeront une dégustation de miel et les sommeliers débouchonneront du vin et du Limonellu pour les plus jeunes. Le tout dans une ambiance musicale, avec défilés de mode en prime. Avec Les Nuits de l’orientation, la CCI ne semble pas vouloir louper son rendez-vous avec la jeunesse.

JULIE QUILICI-ORLANDI

[CORSE-MATIN] CCI de Corse : un dossier crucial pour l’avenir de l’institution

L’assemblée générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse a été longuement consacrée au délicat sujet du passage sous tutelle de la CdC. Une question cruciale dont dépend le devenir de la représentation consulaire comme celui des ports et aéroports de l’île.

Assemblée générale de la chambre de commerce et d’industrie de Corse hier à Bastia. Pour leur première réunion plénière de l’année, les élus consulaires ont eu droit à un ordre du jour riche : conjoncture économique, diminution de la ressource fiscale, avenir du palais des congrès d’Ajaccio… Mais c’est la question du transfert de tutelle – « la » grande affaire du moment – qui a bien entendu été au coeur des discussions. Un gros dossier sur lequel repose ni plus ni moins que l’avenir de l’institution.

En 2018, à l’occasion de la venue sur l’île du ministre des Finances, Bruno Le Maire, les élus ont obtenu que la CCI de Corse puisse bénéficier d’un statut dérogatoire dans lequel son autorité de tutelle ne serait plus l’État mais la Collectivité de Corse. Ce transfert de tutelle – consacré l’année suivante par l’article 46 de la loi Pacte – répond à un double objectif. Le premier consiste à échapper à la réforme des organismes consulaires, engagée au niveau national. Une réforme qui se traduit notamment par une baisse substantielle des dotations d’État et qui se solderait immanquablement par une réduction drastique des effectifs. Dans le cas de la CCI de Corse, ces dotations auraient déjà diminué de 60% au cours des trois dernières années.

Se mettre à l’abri des grands groupes

L’autre objectif, intimement lié au premier, consiste à s’assurer que la Chambre continuera d’exploiter les sept ports et quatre aéroports de l’île après le 31 décembre 2024, date à laquelle expire la concession qui lui a été accordée par la CdC, propriétaire desdits ports et aéroports.

Un enjeu crucial car les taxes portuaires et aéroportuaires fournissent à la CCI 100 millions d’euros chaque année, soit l’essentiel de ses ressources. « Le danger c’est qu’à l’expiration de la concession, l’exploitation des ports et aéroports soit soumise à un appel d’offres et qu’elle tombe entre les mains de grands groupes comme Eiffage ou Vinci, comme on a pu le voir récemment à Cannes où la Chambre de commerce a perdu la gestion de son port au profit d’un groupe franco-américain, explique Stefanu Venturini, membre du bureau de la CCI de Corse et président des ports. Outre la perte de ressources que cela représenterait pour nous, outre les conséquences que cela ne manquerait pas d’avoir sur la situation de nos 800 agents, le danger serait celui d’une gestion des transports axée sur la recherche du profit privé et non sur l’accessibilité de l’î1e. »

Pour éviter que cela se produise, une solution : trouver un montage juridique permettant à la CdC de concéder à la CCI l’exploitation des ports et aéroports, de gré à gré, c’est-à-dire sans passer par une mise en concurrence. C’est à cela que les deux institutions travaillent, avec l’aide d’EY, un cabinet de conseil international. Celui-ci a récemment remis à ses commanditaires une étude dans laquelle trois scenarii sont envisagés.

Le premier prévoit que la chambre conserve un statut inchangé, la CdC remplaçant l’État dans son rôle de tutelle. Problème : au regard de la jurisprudence européenne, cela ne permettrait pas de se dispenser d’une mise en concurrence.

Un deuxième scénario prévoit au contraire la disparition pure et simple de la CCI et son absorption par la CdC, comme cela s’est produit en 2018 pour les départements. Mais dans ce cas, la gouvernance échapperait totalement aux représentants élus du monde du commerce, ce que ne veut personne.

« Aucune volonté hégémonique »

Reste le scénario intermédiaire : celui de la création d’un établissement public spécifique, placé sous la responsabilité de la Collectivité de Corse. Elle permettrait de mettre en place un système dans lequel les orientations stratégiques seraient fixées par la CdC mais la gestion opérationnelle des ports et aéroports resterait entre les mains des représentants du monde consulaire. Elle permettrait surtout d’analyser la gestion des ports et aéroports comme une « quasi-régie » (ou « in house ») et de pouvoir ainsi se passer d’une procédure d’appel d’offres.

C’est cette troisième hypothèse qui est aujourd’hui sur la table de travail même si, à la CCI, on se garde bien de trop en dire. « Une présentation de l’étude a été faite et on va voir comment les choses vont évoluer, indique Jean Dominici, le président de la chambre. Pour l’instant, aucun des trois scenarii proposés ne nous convient totalement mais nous avançons. Les discussions avec Gilles Simeoni se passent très bien. Elles se déroulent dans l’écoute de l’autre et sans volonté hégémonique… »

On verra dans les prochains mois comment les choses se dessinent. Une certitude toutefois, s’agissant de procédures très lourdes, le temps est déjà compté.

PIERRE NEGREL

[CORSE NET INFOS] Vers un transfert de tutelle “adapté” : la Collectivité de Corse pourrait absorber la CCI régionale

Parmi les sujets importants de cette première assemblée générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse en 2022, l’avancée du dossier du transfert de tutelle de la chambre consulaire de l’Etat vers la Collectivité de Corse a longuement été abordé après la remise de l’étude de faisabilité vendredi 28 janvier par l’Exécutif de Corse. Le scénario le plus favorable est celui de l’absorption des chambres consulaires par un nouvel établissement public contrôlé par la Collectivité de Corse.

La première assemblée générale 2022 de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse ce mercredi 2 février avait des allures de réunion de chantier. Ceux de la reprise économique après la crise sanitaire tout autant que celui de la poursuite de la construction d’une CCI régionale née en 2020 et installée le 14 décembre dernier.  Une réunion d’importance avec pour point d’orgue, le potentiel transfert de tutelle vers la Collectivité de Corse, en remplacement de celle de l’Etat.

Les deux anciennes CCI départementales en font la demande depuis 2015. Date à laquelle la loi NOTRe a été votée à l’Assemblée Nationale, renforçant le rôle de la Collectivité de Corse et des EPCI (Établissement public de coopération intercommunale) dans le domaine économique. Volonté de transfert de tutelle également justifiée par le président de la CCI, Jean Dominici, en raison du « toboggan budgétaire subi depuis 2012 ». Cette baisse de dotations de l’Etat est chiffrée par les services de la CCI à près de 5 millions d’euros annuels. « Nous sommes passés de 8,6 à 3,8 millions par an », peste Jean Dominici.

Eviter la mise en concurrence avec les groupes privés

Si l’enjeu financier est primordial celui de la souveraineté l’est tout autant pour les élus de la chambre consulaire. Notamment après la prise en compte du calendrier. « Les concessions aéroportuaires arrivent à échéance début 2024, si nous ne faisons rien, nous allons devoir répondre à des appels d’offres dans lesquels les opérateurs privés pourront candidater. Opérateurs privés avec des moyens largement supérieurs aux nôtres devant lesquels nous partons clairement perdants », explique Philippe Albertini, directeur général de la CCI de Corse.

Le principal risque de cette éventualité ? Voir les ports et aéroports insulaires être gérés par des grands groupes privés « comme Vinci ou encore Lafarge, comme cela est déjà le cas sur le continent », précise Philippe Albertini.

Lire aussi : Jean Dominici unique candidat à la chambre consulaire régionale : “il y a une fenêtre pour un modèle de CCI spécifique à la Corse”

Comme prévu dans l’article 46 de la loi PACTE voté en mai 2019, les élus consulaires ont demandé la réalisation d’une étude de faisabilité de ce transfert de tutelle. « C’était ça ou se plier au scénario national qui engendre une privatisation des CCI dont certaines sortent même de leur zone géographique de compétence », confie Philippe Albertini. À la place, Jean Dominici parle de « la création d’un outil innovant pour conserver durablement la gestion des ports et aéroports de Corse dans le giron public tout en conjuguant la légitimité de la Collectivité de Corse à l’opérationnalité de la CCI ».

Le scénario de l’absorption des chambres consulaires par la Collectivité envisagé

L’Exécutif corse présentait vendredi un premier rapport à l’Assemblée de Corse pour exposer l’avancée des travaux sur cette tutelle. Si plusieurs scénarii ont été envisagés, un seul a été retenu : celui de la création d’un nouvel établissement public absorbant la CCI et la Chambre de Métiers et d’Artisanat. Il serait géré et contrôlé par la Collectivité de Corse sur le modèle des agences et des offices.

« Non, ce n’est pas une fusion ni une acquisition », prévient Marie-Antoinette Maupertuis. Si, comme le souligne la présidente de l’Assemblée de Corse, ce rapport est « un point d’étape vers une tutelle adaptée », il laisse fortement présager de la direction mutuelle choisie par les deux entités.
Quid du pouvoir de décision de la chambre consulaire si la manœuvre s’opère ? Marie-Antoinette Maupertuis est venue rassurer les élus sur ce point : « la Collectivité ne va pas décider de tout ! Nous voulons construire un modèle innovant ensemble. Les compétences techniques de la CCI doivent être impérativement préservées et ne pas rentrer en concurrence avec celles des agences de la Collectivité comme l’Agence du Tourisme de la Corse (ATC) ou l’Agence de Développement Economique de la Corse (ADEC) ».

Jean Dominici marque également les limites de l’opération en termes d’indépendance : « personne n’a souhaité une tutelle qui aurait pour conséquence de caparaçonner l’esprit d’initiative, la représentativité et l’agilité du monde consulaire et tous les groupes de l’assemblée de Corse ont rejeté l’idée d’une hégémonie de la Collectivité de Corse que le président du Conseil exécutif avait bien pris soin d’écarter avant de présenter les conclusions de l’étude de faisabilité ».

Ce nouvel établissement public devra être opérationnel avant l’échéance des concessions aéroportuaires. « Le temps nous est compté, l’échéance des prorogations de nos principales concessions est fixée au 31 décembre 2024 », insiste Jean Dominici. « Il faut être prêts six mois avant », complète Marie-Antoinette Maupertuis. L’Etat, lui, suivra. Comme le souligne, Paul Guegan, le représentant du préfet de Corse, « la balle est dans le camp des élus de la Collectivité de Corse ».

Pierre-Manuel Pescetti

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[CORSE-MATIN] L’art délicat du transfert de tutelle des CCI et CMA

En 2018, les chambres consulaires ont demandé à passer sous tutelle de la Collectivité de Corse, en remplacement de l’État, dans un contexte où le ministère réduit drastiquement les dotations. Si le principe semble faire consensus, divers écueils ont été soulevés à l’Assemblée hier.

Plusieurs centaines d’emplois, des fonds propres de plus de 100 millions d’euros, et une gestion des ports et aéroports en excédents, les chambres consulaires sont un acteur important de l’économie corse sur plus d’un point. L’enjeu de leur avenir est d’autant plus important. L’exécutif présentait donc hier à l’Assemblée de Corse un premier rapport d’étape afin d’exposer l’avancée des travaux sur cette tutelle. Des premiers résultats d’études et une date butoir, celle de 2024, à laquelle la tutelle devra être opérationnelle car les concessions portuaires et aéroportuaires arrivent à échéance fin 2023, et la Collectivité s’exposerait au risque que de grands groupes n’en remportent les appels d’offres.

Différents scenarii ont été présentés concernant le statut de la future structure, ainsi que les questions relatives au personnel et à la gouvernance.

Les principaux enjeux, soulevés par le rapport et relevés lors des prises de paroles, s’articulent autour de trois axes : « Les CCI et CMA ont des compétences qui entrent également dans le champ d’agence comme l’Adec ou de directions de la Collectivité comme la formation. Une mise à plat de l’exercice des compétences et une redistribution rationnelle de celles-ci devront être opérées ; la tutelle exercée actuellement par l’État sur les CCI et CMA est très différente de celle de la CdC sur ses agences et offices. La piste privilégiée par le Conseil exécutif de Corse est celle d’une future tutelle qui devra s’établir sur le modèle de celle exercée sur les agences et offices (…) la gouvernance et la représentativité seront l’objet également de changements importants. En effet, le futur établissement à statut particulier qui serait créé, serait forcément présidé par un élu et non plus un ressortissant », détaille le rapport.

Gilles Simeoni a ensuite insisté sur le fait que ce ne soit « pas une intégration à la Collectivité, ni une tutelle politique », soulignant ainsi le délicat exercice institutionnel qui attend les services pour l’élaboration des conditions de cette tutelle.

Quel statut pour les élus consulaires ?

Des points sur lesquels, justement, la droite et les autres groupes nationalistes ont tenu à apporter des réserves et des objectifs clairs afin d’éviter les écueils. La première à prendre la parole fut Christelle Combette : « Dans le scénario avancé, ces élus, ressortissants et issus du monde économique local, n’administrent plus l’outil, ils ne deviennent que des exécutants d’une stratégie mise en place par les élus territoriaux. Cela est regrettable Il doit y avoir une réflexion sérieuse sur la représentation des élus professionnels qui doit être respectée. Le schéma fourni semble une usine à gaz sans pour autant les placer au coeur du dispositif stratégique. » La question du statut des salariés a aussi été posée par les salariés, qui ont qualifié la future structure de l’« office du commerce et de l’artisanat », avant de regretter que les études citées n’aient pas été transmises aux élus. « Elles le seront », lui a répondu Gilles Simeoni.

Un point a fait consensus lors des différentes interventions, celui de la gestion des infrastructures : « Je ne suis évidemment pas favorable à l’arrivée de grands groupes sur des éléments aussi stratégiques que les infrastructures de transports, mais en même temps, je ne suis pas favorable à ce que la CdC tente de régenter ces infrastructures, a déclaré Jean-Christophe Angelini, il ne faut pas réinternaliser des fonctions qui sont bien exécutées. »

« Nous avons un outil efficace »

Plus ou moins le même constat et les mêmes réserves, pour Paul-Félix Benedetti : « Ce qui est public doit le rester, les ports et aéroports doivent être gérés en direct par la Collectivité. Les chambres de commerce apportent une prestation d’assistant technique, mais elles ne doivent pas devenir des établissements publics. Nous avons un outil efficace et il est important de ne rien détruire », a déclaré le président du groupe Core in Fronte.

L’autre crainte, qui a fait consensus dans les oppositions est liée aux conditions de cette tutelle par une institution qui est encore empêtrée dans sa propre fusion et des effectifs conséquents, voire en excédent : « Les agents vont intégrer une collectivité qui n’a pas encore fini de fusionner. Je crois que s’il faut rassurer les personnels des chambres, l’exécutif doit clarifier les choses pour les agents. On fête les 40 ans de l’Assemblée de Corse et les 30 ans de l’exécutif qui compte des agences et offices, auxquels on va désormais rajouter l’intégration des chambres consulaires. Ce modèle est-il opérationnel ? Il ne s’agirait pas de rajouter une nouvelle couche sur une couche qui n’est pas terminée », a ainsi souligné Jean-Martin Mondoloni pour Un Soffiu Novu. « Nous sommes toujours à une rationalisation, restructurer des outils dédiés à l’économie et au territoire. Il faut réformer, voire, osons-le, supprimer certains offices et agences qui ont montré leurs limites. Nous y sommes favorables, oui, mais comment ? », a ajouté Jean-Christophe Angelini, pointant tant la masse salariale importante que le manque d’efficacité de la méga structure née de la fusion.

La nécessité d’optimiser les coûts de fonctionnement des institutions régionales, territoriale comme consulaire, se heurte à la question sociale, celle du devenir des emplois et surtout des employés. Des dossiers épineux, qui demandent autant de compétences techniques que de courage politique.

ISABELLE LANCON-PAOLI

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EN CHIFFRES

900 > C’est le nombre d’emplois que comptent les chambres consulaires, dont 750 pour les chambres de commerce.

126 > millions d’euros. Le montant des fonds propres détenus par les chambres, dont 121 par la chambre de commerce.

77 > millions d’euros annuels sont consacrés par la CCI aux infrastructures de transport, soit les deux tiers de leur budget.

[CORSE-MATIN] Le bachelor Kedge, « tremplin » vers le monde professionnel

Avec un taux d’intégration professionnelle qui flirte avec les 90 % et des perspectives de carrière qui ne se circonscrivent pas à la Corse, le parcours bachelor dispensé au campus CCI Kedge de Borgo coche toutes les bonnes cases. Une formule gagnante sur des effectifs réduits.

Chaque année, des bacheliers font le choix de rejoindre le Campus Kedge de la CCI de Corse. Après avoir décroché le droit d’y entrer sur validation du concours, ces jeunes diplômés misent sur la formule bachelor, l’équivalent licence, le temps d’affiner leur projet professionnel. Ce BAC +3 généraliste, visé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, est souvent présenté comme un tremplin. Pour d’autres, c’est une fenêtre sur un monde professionnel qui ne se circonscrit pas à la Corse.

La toute dernière promotion composée tout au plus d’une vingtaine d’élèves croise dans les couloirs de ce campus implanté à Borgo, des BTS ou autres professionnels en formation. Ces futurs managers n’ont qu’une aspiration : emmagasiner ces fondamentaux essentiels pour avoir, plus tard, le choix.

Des masters connectés aux besoins économiques

De cette unique école de commerce corse qui gère à la fois le programme bachelor et le programme de management général, ils ressortiront avec l’envie d’entreprendre dans les domaines du marketing, de la logistique, de la gestion, du commercial comme des finances. Ces étudiants auront alors les clefs en main pour reprendre la relève des entreprises existantes, comme être force de propositions pour innover dans des secteurs en devenir en lien avec le territoire choisi. Sur le papier, telles sont les ambitions affichées. Et, avec un taux d’intégration professionnelle qui flirte avec les 90 %, les statistiques les confortent.

Force est de constater que la proposition séduit et produit déjà ses effets. Depuis, près de cinq ans, la formation est marquée par une nouvelle tendance : la poursuite des études. Leur niveau licence en poche, les étudiants aspirent à aiguiser leur curiosité et à se spécialiser. « Une fois leurs trois ans d’études terminées, l’insertion professionnelle sur le territoire était quasi immédiate mais à présent, ils s’inscrivent en master », souligne Pascal Agostini, le directeur CCI Formation Corsica. Profitant ainsi du réseau Kedge qui leur permet d’étudier sur d’autres campus pour y suivre les spécialités dispensées, ils se laissent volontiers embarquer. « Sans se déconnecter du territoire, ils ont la possibilité d’explorer le monde et d’intégrer le réseau des grandes écoles. » Cette mobilité conjuguée à leur profil d’alternant leur permet de pénétrer le milieu professionnel et de créer des contacts. Plusieurs portes s’ouvrent alors : le master, le chemin vers les grandes écoles ou le monde du travail.

Sur le campus de Borgo, les masters dispensés font toujours écho aux attentes économiques du territoire. La nouveauté de la rentrée de septembre n’échappera pas à cette règle. Zoom particulier sur le secteur porteur de l’agroalimentaire.

80 % poursuivent leur carrière loin de l’île

« Ceux qui souhaitent rentrer au regard de leur niveau et de leur expérience arrivent sans difficulté à trouver leur place dans le tissu économique local », indique le directeur CCI Formation. Mais le plus souvent, les diplômés qui jouent la carte Corsica sont déjà détenteurs d’un projet à développer. Transmission familiale à régler ou développement d’une marque insulaire à porter, leur feuille de route est toute tracée.

« Ils sortent de ces études, totalement opérationnels. Ils ont d’ailleurs souvent la possibilité, au terme de cette formation en alternance, d’obtenir un CDI sur place mais ils choisissent de ne pas le prendre », indique Pascal Agostini.

Une fois leur bachelor en poche, près de 80 % conviennent in fine de dérouler leur carrière loin de l’île.

Certains sont aujourd’hui responsables de la croissance d’enseignes, d’autres traders mais en remontant le temps, le passage par Kedge était cette marche stable à gravir pour mieux prendre son envol, le moment venu. Souvent loin de l’île.

JULIE QUILICI-ORLANDI

[CORSE-MATIN] Compru qui, scannez pour jouer et gagner gros

L’opération de la CCI de Corse est renouvelée cette année encore avec 325 000 euros de bons d’achat à dépenser avant le début des soldes. Les tickets sont numériques et accessibles sur les téléphones et tous les supports. Chaque joueur peut tenter trois fois sa chance le même jour.

Le Père Noël aura davantage de cadeaux dans sa grosse hotte et ce, avant la Noël. L’opération Compru qui de la CCI de Corse, elle, devrait connaître davantage de succès que les saisons précédentes. Et pour cause, Babbu Natale sera chargé de distribuer des tickets numériques cette année.

Fini les billets gagnants ou pas à récupérer dans les commerces participants à cette grande opération pour soutenir le commerce local et de proximité. Cette année Compru qui, et ce depuis le 1er décembre, passe à l’ère numérique et tous les tickets sont dématérialisés.

Un QR code est à la disposition de toutes les personnes intéressées. Pas question de vérifier un quelconque pass sanitaire, pour l’occasion il s’agira de faire gagner des bons d’achat d’une valeur de 50 ou 100 euros. Pour cela il suffira de scanner l’image pour être redirigé sur le portail dédié. Les joueurs pourront aussi et tout simplement se rendre sur le site compruqui.corsica pour tenter leur chance. Après avoir rentré nom, prénom et adresse mail, un ticket à gratter sera mis à disposition des joueurs qui verront apparaître soit le lot, soit la mention perdu.

« La reprise a besoin de se reconstruire dans un climat de confiance permettant à la fois aux commerçants de rompre avec les épreuves infligées par la crise sanitaire, de se tourner résolument vers l’avenir et d’investir dans des jours meilleurs mais aussi pour la population en général et les consommateurs en particulier: de se forger un nouveau moral et d’espérer un coup de pouce pour leur pouvoir d’achat En partenariat avec l’agence de développement économique de la Corse et le Cercle solidaire de la Mutuelle de la Corse, la CCI de Corse a pris l’initiative d’intégrer ces attentes à travers l’organisation, à une plus grande échelle qu’elle n’avait pu le faire par le passé, d’un grand jeu de fin d’année qui bénéficie d’une dotation tout à fait exceptionnelle de 325 000 euros de gains et ce sans obligation d’achat », a expliqué Jean Dominici président de la CCI de Corse.

5 500 tickets gagnants

Durant toute la durée de l’opération qui se terminera le 31 décembre et qui a débuté mercredi, pas moins de 5 500 tickets gagnants. Ils pourront être utilisés auprès de tous les commerces de proximité, y compris chez les cafetiers, hôteliers ou les restaurateurs participants à Compru qui.

« Tous les jours, nous allons mettre en jeu, sur le portail dédié 200 bons d’achat jusqu’à épuisement des stocks disponibles. Et si à la fin de l’opération, il reste quand même des bons d’achat non gagnés nous réaliserons un tirage au sort parmi les perdants pour que ces bons soient dépensés. Les gagnants auront jusqu’au 14 janvier, date officielle du début des soldes pour dépenser l’argent qu’ils auront ainsi gagné », a poursuivi Christophe Graziani directeur entreprises et territoires à la CCI de Corse.

Un cercle vertueux se met donc en place en cette fin d’année grâce encore une fois au travail effectué par la CCI de Corse. « C’est 325 000 euros de pouvoir d’achat qui sont offerts aux Corses mais c’est aussi une somme d’argent considérable qui sera réinjectée dans l’économie corse qui a grandement souffert de la pandémie. Ce qui est loin d’être négligeable. »

Un coup de pouce en fin d’année qui va permettre de rompre avec la morosité ambiante et de redonner de belles couleurs à ces fêtes de fin d’année.

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EN CHIFFRE

50 et 100 : ce sont les sommes des bons d’achat gagnants qui sont à découvrir en grattant les billets numériques de l’opération Compru qui. De quoi agrémenter les fêtes de fin d’année pour les plus chanceux.

Y.M.

[CORSE NET INFOS] “Compru Quì” : 325 000 € de bons d’achats à gagner chez les commerçants de proximité insulaires

A partir de ce 1er décembre et jusqu’au 31, la CCI de Corse met en jeu 5500 bons d’achats de 50 et 100€ à dépenser dans les commerces de proximité insulaires. L’occasion de se faire plaisir ou de faire plaisir tout en consommant local pendant les fêtes.

Qui n’aimerait pas gagner 50 ou 100 € à dépenser dans les commerces insulaires pour les fêtes de fin d’année ? Grâce à l’opération « Compru Quì », lancée pour la 6ème année par la Chambre de commerce et d’industrie de Corse (CCI) ce rêve devient réalité.  

Dès le 1er décembre et ce jusqu’au 31 décembre, chaque Corse pourra tenter de participer trois fois par jour au jeu concours sans conditions d’achat. Des bons de 50 et 100 € pourront être utilisés dans les quelques 2000 commerces partenaires de l’opération. « Beauté, restaurants, bars, hôtel, prêt à porter, espaces multimédias, librairies… il y a de quoi ravir tout le monde », assure Jean Dominici, président de la CCI. Et cette année « Compru Quì » grandit encore puisque 325 000 € seront mis en jeu contre 200 000 € l’an dernier à la même période. « Le but est de créer un cercle solidaire, de consommer local et donc de faire marcher les commerces de proximité », souligne le président de la CCI.

 Fini les tickets à gratter 

Pour la première fois, l’opération sera totalement dématérialisée pour limiter l’impact environnemental de l’impression des tickets. Pour participer c’est toujours aussi simple. Il suffit de scanner le QR code placé dans les commerces partenaires ou se rendre directement sur le site www.compruqui.corsica.

Un bon virtuel sera alors à gratter et indiquera si le ticket est gagnant ou non. En cas de gain, les coordonnées du participant (Nom, prénom et adresse mail), seront demandés et un chèque nominatif sera envoyé par courrier dans les jours suivants. Il suffira juste de dépenser ce bon dans un des commerces participants !

Livia Santana

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[CORSE-MATIN] Jean Dominici réélu à la CCI dans un maintien des équilibres

Équilibre entre la Haute-Corse et la Corse-du-Sud, dans la représentation des microrégions et des activités, c’est le secret de la liste menée par Jean Dominici. Le matin, Dominique di Menza prenait la tête de la CCI de Corse-du-Sud, avant la première vice-présidence territoriale.

L’événement est la quintessence de l’institutionnel. Codifié, quasiment ritualisé. L’élection du président de la CCI de Corse et de son bureau demeure un événement. La présence du préfet de Corse, du président de l’Exécutif de la CdC, des représentants de l’Assemblée de Corse et du Cesec sont incontournables.

Aucun enjeu hier après-midi dans la salle Sampiero du palais des congrès. Jean Dominici, candidat à sa propre succession, conduisait une liste unique qui se déclinait simultanément en Haute-Corse et en Corse-du-Sud.

Autant dire que – le quorum étant largement atteint – le vote à main levée était une formalité.

Pour autant, Paul Trojani, doyen de séance, chargé de procéder au scrutin, n’a pas hésité à qualifier le moment « d’historique ».

Une thématique reprise par le président Jean Dominici. « Il y a moins de dix ans, nous étions encore rattachés à la région Paca », a-t-il rappelé, avant de souligner le travail des acteurs de l’économie insulaire pour gommer les rivalités Nord-Sud, pour s’adapter aux nouvelles réglementations, pour maintenir les équilibres financiers malgré les baisses de dotations.

Il a également insisté sur le volontarisme des entrepreneurs corses et sur leur implication dans l’institution consulaire.

« Cette chambre est la mieux élue de France métropolitaine avec 17 % de participation contre 6 % en moyenne dans les autres régions », a-t-il fait remarquer.

Le vote proprement dit a bel et bien été une formalité. Jean Dominici a retrouvé son siège, à l’unanimité. Les deux présidents des CCI locales de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Pierre Orsini et Dominique di Menza étant, d’office, vice-présidents, avec, pour Dominique di Menza, le poste de première vice-présidente. La composition du bureau et celle des commissions ont été également approuvées à l’unanimité.

Il faut souligner que le bureau comme les commissions ont été composés de manière à respecter tous les équilibres, entre le Nord et le Sud, avec un nombre pair de membres du bureau, dans la représentation des microrégions (avec des sièges en plus pour faire une place à la Balagne et à l’Extrême-Sud). Et il était bien clair que tout avait été préparé en amont pour qu’aucun couac ne vienne s’inviter en séance.

Le souvenir de Jacques Nacer

Bien évidemment, dans cette salle Sampiero du palais des congrès qui donne l’impression d’être à bord d’un paquebot, il était impossible de ne pas évoquer le souvenir de Jacques Nacer, symbole des difficultés allant jusqu’au drame, vécues par les représentants du monde économique. Un hommage a été apporté au président assassiné, tant par Jean Dominici, que par le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni.

Un hommage différent mais tout aussi significatif a été apporté à Paul Marcaggi qui n’a pas souhaité poursuivre son mandat. Ce dernier a donc très logiquement pris la parole pour féliciter la nouvelle présidente de Corse-du-Sud – élue le matin même – et assurer qu’il apportera son « soutien le plus total à la nouvelle mandature ».

Un ballet bien réglé donc, sur fond de consensus.

Paroles parallèles

Mais lorsqu’on parle de questions économiques, la politique n’est jamais très loin. D’autant que le protocole et le hasard sont parfois farceurs. Placés côte à côte à la tribune, le préfet Lelarge et le président Simeoni n’ont peut-être pas vu, dans leur dos, le navire de la Corsica Ferries qui a été, de longues minutes, leur arrière-plan.

De fait, le président du Conseil exécutif et le représentant de l’État ont avancé sur des voies parallèles lors de leurs prises de parole.

Au milieu des chefs d’entreprise corses, Gilles Simeoni est «à la maison ». La chaleur du ton, lorsqu’il les félicite d’avoir collectivement surmonté les séries d’épreuves des dernières années ne trompe pas.

Et bien évidemment, l’habitué des scrutins qu’il est se réjouit du taux de participation à cette élection mais il ne résiste pas au plaisir de la « petite phrase ».

« Les taquins, M. le préfet, diront qu’il ne suffit pas d’être bien élu pour être écouté, voire respecté », lance-t-il.

Impassible, Pascal Lelarge ne bouge pas un cil. Et ne relèvera pas le gant du trait d’esprit lors de sa propre prise de parole.

Après avoir loué les synergies entre tous les acteurs, au plus fort de la crise Covid, Gilles Simeoni plaide pour un modèle économique de l’après-crise, axé sur le développement durable, l’économie circulaire et la justice sociale en rappelant à tous que : « Historiquement, les Corses sont un peuple et que géographiquement, la Corse est une ile de la Méditerranée. »

Bien plus technique, le préfet Lelarge a bien évidemment félicité les nouveaux élus. Mais également le travail accompli. « J’ai pu constater votre professionnalisme dans la gestion des équipements », a-t-il souligné, avant de préciser que cela n’allait pas de soi dans toutes les régions. Il a loué une « implication des acteurs économiques qui fait sens » et encouragé le dynamisme des acteurs économique dans « la construction, l’urbanisme et le tourisme ».

Chacun, il est clair, mesure l’importance du monde économique. Mais pas forcément dans une vision identique du développement de la Corse.

ISABELLE LUCCIONI

[CORSE-MATIN] Le poids de la dette obscurcit l’horizon économique 2022

Remboursement du PGE, risque de défaillance d’entreprises, financements du PTIC revu à la baisse et panne de main-d’oeuvre. Confrontés à ces réalités conjoncturelles, les acteurs économiques savent qu’ils doivent miser sur le développement et notamment sur l’innovation.

Lorsque le monde économique et le monde politique parlent d’une seule voix, le discours sonne encore plus grave et les objectifs semblent plus pressants. Hier, pour la deuxième fois en un semestre, les acteurs économiques de la Cab avaient rendez-vous avec les réalités du territoire. Autour du président de l’intercommunalité, Louis Pozzo di Borgo, les présidents des chambres consulaires, le Medef et l’Adec, ont posé sur la table, problématiques et projets, pour évoquer la conjoncture et construire une politique de proximité.

« Le mur de dettes se rapproche »

Après une saison estivale « encourageante » et un semblant de relance amorcé, l’horizon de ces prochains mois pourrait être moins dégagé en Corse. « Nous allons vers quelques mois difficiles avec ce mur de dettes qui s’approche », a reconnu Louis Pozzo di Borgo faisant référence aux prêts garantis par l’État (PGE) et aux reports de charges sociales accordés pour soutenir les 6 500 entreprises touchées par la pandémie de coronavirus. « Nous avons retrouvé un niveau d’activité comparable à celui de 2019 mais si on se projette, il reste 1,4 milliard de dettes qu’il va falloir payer dans un temps réduit », poursuit Alex Vinciguerra.

Le président de l’Agence de développement de Corse (Adec) livre, démonstration à l’appui, que le remboursement de cette dette aura des répercussions sur la dynamique économique du territoire et la compétitivité des entreprises. « Celles qui remboursent le PGE ne pourront pas investir. Et sur les 6 500 entreprises qui y ont souscrit, un bon millier va se trouver en difficulté pour le rembourser. » La défaillance des entreprises et le risque d’inflation, avec une remontée des taux bancaires, préoccupent les acteurs économiques. Selon le Medef, seules 20 % des entreprises auraient soldé à ce jour leur PGE.

Et si l’année 2022 pourrait être difficile pour la Corse, c’est aussi parce qu’elle sera la grande absente du plan France relance 2030. Et pour cause, rares sont les entreprises insulaires en capacité d’entrer dans la course de l’innovation, de l’industrialisation ou de l’indépendance environnementale. Faut-il alors imaginer une nouvelle politique économique régionale pour faire rentrer la Corse dans cette dynamique ?

La panne en matière d’ingénierie de projets restera alors à corriger sur le territoire pour y concourir, comme a fait remarquer la CCI.

« Imaginer une politique de sortie de crise »

Du côté de la région, on travaille déjà à un plan de sauvetage qui repose « sur la mise en oeuvre d’outils financiers afin de diminuer le risque pris par les banques ». Prêts participatifs ou avances remboursables pour aider les entreprises à consolider leurs dettes auprès des banques, toutes les formules sont à l’étude. Un rapport sera présenté en ce sens lors de la prochaine session de l’Assemblée de Corse.

« Il faut imaginer des politiques de sorties de crise », insiste le président de l’Adec. « Il ne suffira plus d’appuyer sur ce qui fonctionne le plus vite », note Philippe Albertini conscient que la crise a induit de profonds changements. « Qui pouvait imaginer que la limite économique actuelle serait le manque de main-d’oeuvre pour que les acteurs économiques puissent opérer ? » Un chapitre ouvert également par Charles Zuccarelli, président du Medef, qui donnera lieu à de prochains échanges.

Les programmes d’espaces dédiés à l’innovation menés par la Cab s’inscrivent dans ce droit fil. Après la fabrique à projets Avvià pour répondre aux attentes des entreprises et éviter leur fuite du territoire, le futur « pôle innovation » qui devrait voir jour fin 2023 sur le port de Toga illustre la vision de l’entrepreneuriat de demain désireux d’aller sur de nouveaux marchés.

Un PTIC moins généreux

Autre pierre d’achoppement qui pourrait freiner le développement économique du territoire : les soudains coups de freins actionnés par l’État. Modulations des règles, variations des taux, le plan de transformation et d’investissement pour la Corse (PTIC) signée au printemps dernier à Bastia sera-t-il fidèle à ses promesses ?

« Nous attendons l’aboutissement de plusieurs dossiers majeurs mais nous rencontrons des contretemps liés à des changements de règles. Au départ, étaient annoncés des financements à hauteur de 80 % mais ils oscillent finalement entre 30 % et 70 % ce qui est forcément loin de nos attentes et notre PPI en est fragilisé. On nous demande aussi que nos projets soient viables économiquement mais dans le service public tout ne l’est pas ! » Ce revirement pourrait-il retarder ou contraindre la Cab, comme d’autres collectivités, à annuler des programmes ? Devront-elles partir en quête d’autres financeurs ? Pour l’heure, aucun changement de cap n’a été annoncé.

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EN CHIFFRES

1,3 milliard

C’est le montant des prêts garantis par l’État (PGE) accordés en Corse pour traverser la crise sanitaire alors que le PIB de l’île pèse moins de 10 milliards par an (il était de 9,4 milliards d’euros en 2018 selon l’Insee).

JULIE QUILICI-ORLANDI

[CORSE-MATIN] Réélu sans concurrent, Jean Dominici veut réformer

« La reconnaissance du travail et des efforts a payé »

C’est hier que sont tombés les résultats de l’élection des membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse. Sans surprise, la seule liste en lice conduite par Jean Dominici a été élue. Le taux de participation s’élève lui à 16,08% sur toute la Corse.

Il n’y avait pas trop de doute sur l’issue du scrutin. Il n’y avait pas non plus trop de supputations pour trouver le nom du futur président de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse puisqu’il n’y avait qu’une seule liste en lice : Unione economica Corsa conduite par Jean Dominici.

Le président sortant est ainsi reconduit à la tête de l’institution consulaire pour cinq ans. La seule inconnue de ce scrutin était la participation des différents ressortissants de Haute-Corse et de Corse-du-Sud qui devaient se prononcer dans cette élection. Les chiffres sont tombés hier, en fin de matinée, après la clôture du scrutin qui est intervenue mardi à minuit. C’est dans les locaux de la préfecture de Haute-Corse que s’est déroulé le dépouillement. Un moment particulier puisque pour cette élection, les votes ont tous été effectués de manière électronique.

Elu avec 4 127 voix

Les membres de la commission des élections des membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse, mais aussi ceux de Corse-du-Sud et de Haute-Corse ont procédé aux décomptes des voix, 4 127 suffrages sur les 26 421 ressortissants inscrits à ce vote se sont portés sur la liste conduite par Jean Dominici soit, en décomptant les plis non distribués et les votes blancs, un taux de participation de 16.08 %.

Malgré tout. Jean Dominici paraissait hier soir satisfait du résultat.

« Au niveau national, la participation est beaucoup plus faible qu’en 2016. Mais les scrutins ne sont pas comparables. Le vote par correspondance était plus rodé que le vote numérique qui a été généralisé cette année. Cela a rajouté de la complexité. Mais malgré cela, nous sommes en Corse la région consulaire qui a le plus fort taux de participation en métropole et de loin. Trois fois plus que la moyenne nationale. Je ne peux qu’être satisfait d’un tel score. C’est sans nul doute la reconnaissance du travail et des efforts… mais aussi de la qualité de nos listes et de nos candidats, et plus encore de la démarche d’union de toutes les forces vives, toutes les organisations professionnelles et de tous les territoires de Corse au sein d’une même démarche ».

« Le travail ne manque pas »

Une victoire sans concurrent direct mais qui a, tout de même, suscité l’adhésion de nombreux ressortissants consulaires. D’ailleurs, Jean Dominici y voit davantage « une base solide qui s’est constituée autour de notre démarche régionale ouverte, fortement ancrée dans notre tissu et nos territoires. Elle a d’ailleurs rencontré plus d’adhésion que d’opposition ». Le nouvel homme fort de la CCI de Corse a tenu aussi hier à saluer le travail de Paul Marcaggi , président de la CCI de Corse-du-Sud qui n’a pas souhaité, lui, se représenter. « Il était le bienvenu sur notre liste. D’ailleurs, beaucoup de sortants ont décidé de repartir. Paul Marcaggi en a décidé autrement, je respecte son choix et j’ajoute qu’il a essayé tout au long de son mandat qui se termine, d’être positif et constructif dans nos différents projets, qu’il en soit remercié. »

Va donc se poser, maintenant, l’épineuse question pour lui trouver un successeur à la tête de la CCI de Corse-du-Sud. Sur ce point, Jean Dominici n’a révélé aucun nom pour l’instant. « Notre fonctionnement est participatif et collégial. Rien n’est décidé à l’avance et sans en discuter. Nous allons nous réunir le vendredi 19 novembre pour une journée de travail, d’information et de formation des élus. Puis nous aurons, avant les assemblées générales d’installation à programmer avant fin novembre, des échanges pour partager les responsabilités et constituer les bureaux. Je tiens à ce que tous les élus participent, et le travail ne manque pas ! Mais il est vrai que le très important renouvellement de nos élus du sud ouvre la voie à une nouvelle génération et c’est une excellente chose. »

« Construire un nouveau modèle consulaire »

Une fois cette étape élective passée, il faudra remettre les machines en route, même si pendant l’élection, les salariés des chambres consulaires ont continué d’oeuvrer aux services de l’économie, de l’industrie et du commerce sur l’île.

Jean Dominici a dévoilé quelques grandes lignes du programme qu’il entend réaliser pendant son nouveau mandat. « Tout figure dans notre profession de foi. Mais il est évident que l’engagement total de la CCI dans la sortie de crise sera notre dossier le plus urgent. Cela passe par des actions de reconnexion dans le domaine du maritime et de l’aérien pour alimenter le redémarrage de l’économie. Nous voulons intensifier nos efforts en direction de l’adaptation des mesures nationales : allongement du PGE, outils spécifiques aux TPE-PME. Il s’agira également de travailler sans attendre en faveur d’un modèle diversifié, plus résilient, plus numérique et plus durable. Nos perspectives de développement passeront par les échanges, les mobilités et les transports mais aussi la diversification des leviers d’attractivité de notre territoire. Tous ces axes de travail feront l’objet d’un séminaire au premier trimestre 2022 pour décliner nos programmes opérationnels. C’est notre marque de fabrique, notre raison d’être. »

L’autre gros morceau de cette nouvelle mandature qui s’ouvre pour Jean Dominici sera le rapprochement et le placement de la CCI de Corse sous la « tutelle » de la Collectivité de Corse. « Notre objectif commun avec la CdC est de construire un nouveau modèle consulaire, un nouveau modèle de CCI propre à la Corse, afin de simplifier les relations et les rendre plus efficaces pour les ressortissants et les territoires, détaille Jean Dominici. Nous avons besoin plus qu’ailleurs de politiques publiques simples, rapides et efficaces et il faut resserrer les rangs pour dessiner des circuits courts, des institutions reprogrammées pour l’action et les résultats. Nous entretenons d’excellentes relations avec les services de l’État et les responsables de la CdC, notre démarche n’est ni politique ni partisane, elle s’inscrit uniquement dans l’intérêt général, le service public et le développement de l’économie. »

La proclamation officielle des résultats de cette élection consulaire doit avoir lieu avant le 17 novembre. L’installation des chambres de Haute-Corse de Corse-du-Sud devrait se faire normalement le 30 novembre au plus tard et sous l’autorité des préfets.

Enfin, celle de la chambre régionale, elle, devra se dérouler avant le 14 décembre.

Y.M.