[LA LETTRE – CCI DE CORSE] Aéroports de Corse : un nouvel envol

[LA LETTRE – CCI DE CORSE] Aéroports de Corse : un nouvel envol

La chambre régionale propose un programme d’investissement ambitieux de ses aéroports à hauteur de 284 millions d’euros, s’inscrivant ainsi dans une logique de développement du trafic et de perfectionnement de l’accueil des passagers et des compagnies en s’appropriant toutes les exigences dans les domaines réglementaires, technologiques et environnementaux.

Lorsqu’une épreuve vous administre une gifle en plein visage, ce n’est pas en baissant la tête que la solution apparaît mais c’est en la relevant. Face à une chute vertigineuse du trafic, la CCI de Corse redresse la tête en affichant l’ensemble des projets qui vont améliorer sensiblement les aéroports, leur accueil, leur croissance, leur économie et, à travers eux, c’est une meilleure image de la corse qui est appelée à rayonner dans le monde.
Dès son arrivée, Gilles Simeoni a ainsi découvert qu’une partie de l’aérogare de Bastia-Poretta était en chantier. Guidé notamment par Pierre-François novella, chef de service ingénierie et exploitation des aéroports de la haute-Corse, le président du Conseil exécutif a arpenté l’étage appelé à héberger dès le courant de cet automne une nouvelle salle d’embarquement qui pourra traiter 1 000 passagers de plus par heure dans des conditions optimales de confort et de sécurité. une capacité, étirée sur 1 100 mètres-carrés et quatre portes d’embarquement supplémentaires, devenue indispensable en période de fort trafic, comme ce fut le cas au mois d’août malgré les circonstances exceptionnelles. Sans compter l’espace dégagé pour installer de nouvelles boutiques. Si la crise sanitaire a ralenti le calendrier, une extension du bâtiment est également prévue sur le versant opposé, côté ville, ce qui débouchera sur un nouvel aménagement intérieur avec, notamment, une géographie repensée des services, des locaux commerciaux, des comptoirs, des itinéraires passagers…

La nécessité de créer un deuxième terminal

Mais la transformation ne s’arrête pas là, tant s’en faut. Avant juin 2022, l’aéroport de Bastia-Poretta sera doté d’un terminal « affaires ». ainsi sera comblée une carence qui n’existe pas ailleurs. L’objectif est de proposer un centre dont la qualité d’accueil sera équivalente à celle de la clientèle ciblée, d’affaires voire diplomatique. un espace de 200 mètres carrés environ pourvu de tous les équipements numériques, d’une aire de détente, d’un salon vIP, d’une salle de briefing, etc. Pour concilier l’aviation commerciale et l’aviation dite générale, une extension du parking au nord-ouest de la plateforme est programmée pour un coût prévisionnel de 3 millions. étoffer de la sorte la gamme de services ne peut avoir que des retombées positives, directes et indirectes, à la fois sur l’attractivité de la corse et sur l’économie locale. Mais le projet le plus spectaculaire, dont a pu prendre connaissance le président de l’Exécutif, est celui de la création d’un deuxième terminal sur deux niveaux proposant l’ensemble des fonctionnalités relatives au passager et directement connecté au terminal actuel qui ne sera impacté en aucune manière. L’essor constant du trafic (2 millions de passagers attendus en 2025 sur une piste rénovée) pour lequel, on veut y croire, la crise sanitaire n’est qu’une longue et douloureuse parenthèse, la forte saisonnalité et la fréquence élevée le week-end justifient amplement un projet, estimé à 33 millions, d’un intérêt stratégique évident. D’autant plus évident que les installations existantes arrivent à saturation y compris au niveau de la sécurité et du traitement des bagages.
Les effets bénéfiques d’une telle réalisation seront nombreux, comme les économies d’échelle que produira la mutualisation des postes de contrôle lié à la sûreté et des coûts d’exploitation ou encore la plus-value générée par la création d’un duty- free et le développement de l’Aéroparc au sud-ouest de la concession.
ce nouveau terminal, que l’on espère opérationnel bien avant la fin de la prochaine décennie, pourrait fermer ses portes en basse saison, même si on croise discrètement les doigts derrière le dos pour que le mot « basse » ne soit plus un jour adapté au vocabulaire consacré à l’économie de la corse…

À Ajaccio, Napoléon Bonaparte va pousser les murs

En termes d’évolution de la demande, les projections pour l’aéroport napoléon bonaparte d’ajaccio sont prometteuses. À la lumière de la courbe ascendante de la demande, la porte d’entrée principale de la corse serait susceptible d’être franchie par au moins 2,5 millions de passagers à l’horizon 2035. Dès lors, accroître la surface au sol de 6 000 mètres carrés au cœur des installations existantes, déployer la gamme des services de qualité et mettre aux normes, grâce à des équipements de dernière génération, le service de tri et de contrôle des bagages est une perspective naturelle et utile. Le coût est certes conséquent, environ 60 millions, mais l’opération aura un impact direct sur la continuité territoriale et les échanges économiques. La promesse des retombées au niveau des investissements extérieurs et du rayonnement national et international de la corse est inestimable. L’attractivité d’ajaccio, c’est encore un aménagement qualitatif de la zone aviation dédiée aux affaires et aux loisirs.
Le renforcement du pont aérien entre l’Europe et la capitale administrative de l’île, avec la perspective d’accueillir des appareils plus lourds, implique par ailleurs des travaux de réfection et de mise en conformité de la piste suivant les critères de sécurité les plus élevés. Le niveau de protection est exigé sur la terre ferme et amènera la chambre régionale, avec l’aide escomptée des crédits d’état, à proposer la consolidation des digues face aux menaces de crues, de plus en plus nombreuses et dévastatrices, du fleuve Gravona. Il s’agit là d’un projet crucial pour avoir l’assurance d’une plateforme moins vulnérable aux aléas naturels et éviter une fermeture de l’aéroport, fût-ce de façon temporaire, très préjudiciable.
nos deux principaux aéroports périurbains ont d’autres points communs comme le souci d’économiser de l’énergie : la mise en place d’un éclairage moins gourmand et plus durable, l’installation d’ombrières photovoltaïques dans les parcs de stationnement et de prises 400 hz pour alimenter les avions au sol, réduira à la fois les coûts d’escale, la pollution et la nuisance sonore.
Enfin, la réouverture des terrasses au public, qui étaient la fierté des aéroports corses il y a bien longtemps de ça, est une excellente initiative. Des esplanades d’où s’exhaleront les premiers parfums d’évasion et d’horizons lointains, un cadre idéal pour des escapades familiales sans passer par les couloirs d’embarquement.
c’est à l’image de ce que la ccI de corse, en sa qualité de concessionnaire, avait à cœur de montrer au président du conseil exécutif : un belvédère sur l’avenir.

Calvi et Figari : deux atouts maîtres

Les deux autres plateformes aéroportuaires, que l’on aurait tort de qualifier de «secondaires» en raison de leur intérêt stratégique et du potentiel de développement qu’elles représentent dans leur région respective d’implantation, font l’objet de toute l’attention qu’elles méritent.
De manière synthétique, Calvi-Sainte- catherine sera réaménagé : extension de l’aérogare, de son espace commercial et de l’aire dédiée au filtrage avec ouverture de trois portes d’embarquement supplémentaires (dix au total) pour accueillir 500 000 passagers d’ici cinq ans et quasiment le double en 2035. un investissement global d’environ 20 millions avec, entre autres, la création d’une aire de retournement qui rendra la piste balanine, elle- même refaite entièrement, plus rapidement disponible aux autres aéronefs. Par ailleurs, la mise en place d’un système d’aides à l’atterrissage par plusieurs approches, dont la fiabilité serait à l’épreuve des simulateurs européens, pourrait relancer l’étude pour une ouverture des vols de nuit dans un délai de cinq ans. un désir ancien.
De même, l’aéroport de figari, dimensionné au départ pour 500 000 passagers vit une croissance quasi exponentielle bien que le trafic soit concentré pour l’essentiel pendant la saison estivale. La plateforme de l’extrême-sud de la corse a besoin de se donner de l’oxygène (aux sens propre et figuré) avant asphyxie. un grand projet d’agrandissement pragmatique intérieur et extérieur, d’amélioration qualitative des espaces et des services mais aussi de mise en conformité sécuritaire, indispensable pour traiter de 1,5 à 2 millions de passagers, se réalisera en plusieurs étapes, de l’automne 2021 au printemps 2026 pour un coût qui s’élèvera à 35 millions. L’aviation d’affaires y trouvera également une place légitime.
ces deux plateformes qui respirent l’air naturel de la montagne et de la mer bénéficieront aussi de programmes inhérents à la protection de l’environnement : nouveau réseau d’eau potable, nouvelle station d’épuration et recours aux ressources propres pour réduire la facture énergétique.

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°3 (OCTOBRE 2020) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

LA LETTRE N°3