La Lettre | Accompagnement des buralistes : la CCI met le “paquet”

La Lettre | Accompagnement des buralistes : la CCI met le “paquet”

L’éligibilité au Fonds de Transformation ouvert aux buralistes souhaitant étoffer leur offre commerciale passe obligatoirement par un audit que notre chambre est la seule en France à financer.

Malgré des batailles homériques engagées à l’Assemblée nationale et à Bruxelles, la Corse doit renoncer au régime dérogatoire sur le prix du tabac que lui garantissait l’arrêté Miot depuis plus de deux siècles. D’aucuns pensaient que l’espoir d’un avenir florissant pour les bureaux de tabac allait partir en fumée. Ce ne sera pas le cas. Comme partout en France, les buralistes insulaires ont droit à un Fonds de Transformation pour entreprendre des travaux (extérieur et intérieur) de leur établissement et diversifier leurs prestations commerciales. Le dispositif gouvernemental, doté de 80 millions d’euros, a été prolongé jusqu’à la fin de l’année. L’objectif n’est pas de moderniser les locaux mais de transformer le métier en fonction des nouveaux usages et des nouvelles attentes des consommateurs. En enrichissant son offre, le buraliste se positionne en commerce de proximité. « On ne se renie pas, on évolue pour s’installer durablement comme de véritables commerçants d’utilité locale. Aussi, nous travaillons étroitement avec les collectivités et les institutions consulaires pour renforcer notre ancrage territorial » confirme Philippe Coy, président de la Confédération nationale des buralistes et familier de la Corse.

Faire de son commerce un lieu incontournable pour son village ou pour son quartier constitue une vocation que la CCI de Corse se devait de parrainer auprès de ses ressortissants buralistes. Elle le fait de manière décisive en prenant à sa charge le coût de l’audit des travaux à réaliser sans lequel le Fonds de Transformation est inaccessible. Ce qu’aucune institution consulaire ne fait ! Aussi, la somme de 2 500 à 3 000 euros que le buraliste corse ne paie pas pour son audit, n’est pas soustraite de l’aide de 33 000 euros (le plafond) attribuée par la Douane qui valide les dossiers. Le processus se franchit en sept étapes*. Le premier consiste à se rapprocher de la CCI de Corse pour solliciter l’audit grâce auquel le buraliste saura les activités potentielles qu’il peut développer : coin snacking, bar à vape, relais colis, intermédiaire bancaire ou administratif, vente d’objets connectés, épicerie fine, cave à vin, cave à bières, cave à cigares, etc. Créer des espaces lumineux et fonctionnels proposant un large éventail de produits et de services en ville comme à la campagne et ainsi pérenniser une activité économique traditionnelle menacée de disparition : la CCI de Corse a mis en oeuvre un soutien fort et dynamique. Tout le contraire d’un… écran de fumée !

Vous souhaitez être accompagné dans la transformation de votre bureau de tabac ? 

Contactez Georgina Fraticelli : g.fraticelli@ccihc.fr 

LES CHIFFRES

215 |Le nombre de buralistes immatriculés dans l’île.

85 | Le nombre d’audits réalisés ou en cours de réalisation à ce jour. Il y en aura d’autres car les dossiers de pré-validation des travaux par la Douane peuvent être déposés jusqu’au 25 octobre.

12 |En pourcentage, le taux de prise en charge des travaux hors taxe. Il peut monter à 40 pour les buralistes qui ont un petit chiffre d’affaires.

Entretien avec José Oliva, Président du syndicat des buralistes corses

José Oliva : « L’aide de la CCI est déterminante »

Président du syndicat des buralistes corses et membre du bureau national, José Oliva évoque cette période-charnière pour la profession.

À ce jour, un tiers des buralistes de Corse ont sollicité le Fonds de Transformation : ça vous paraît satisfaisant ?

D’ici la fin de l’année, je pense qu’une centaine de bureaux de tabacs en auront bénéficié. La Corse est d’ailleurs en tête des régions de France à s’engager dans cette transformation et nous négocions avec le gouvernement la prolongation du dispositif pour deux années supplémentaires.

Des buralistes n’ont pas la superficie suffisante pour ça. Ils seront laissés au bord du chemin ?

Plusieurs dans ce cas ont investi dans de belles vitrines pour rendre leur enseigne plus attractive et repenser leur offre, par exemple avec des caves à cigares car le cigare est revenu à la mode.

Le rôle de la CCI de Corse a-t-il été déterminant dans la mesure où elle a d’emblée proposé la gratuité des audits ?

C’est bien simple : un collègue du Continent financé à hauteur de 20 000 euros se verra soustraire de cette somme le coût de son audit soit pratiquement 

3 000 euros. Ce cadeau que nous fait la CCI de Corse a été salué par le président de la Confédération nationale et il explique en partie le succès du dispositif chez nous. Nous tenons à remercier vivement le président Dominici et son équipe pour cette initiative, tout à fait déterminante, mais aussi pour la qualité globale de l’accompagnement des buralistes corses.

Cette évolution est-elle plus importante qu’ailleurs dans la mesure où la Corse a perdu son avantage fiscal sur le prix du tabac ?

Nous y sommes préparés depuis longtemps et je ne pense pas que le maintien d’un avantage fiscal, rogné au fil des années, aurait dissuadé beaucoup de nos adhérents à s’engager dans une démarche de transformation. Mais on en mesurera plus précisément l’impact à la fin de la saison, particulièrement dans nos régions très touristiques comme la Balagne et l’Extrême-Sud.

Quelles sont les nouvelles habitudes des consommateurs qui justifient la transformation ?

Le tabac demeure le premier poste de l’activité mais le chiffre d’affaires se fait aussi avec la Française des Jeux et le relais colis. À titre personnel, je reçois entre 100 et 120 colis par jour et plus de 150 en périodes de fêtes. Les buralistes font désormais l’encaissement des impôts, des factures d’eau, d’électricité, de téléphone et même des frais hospitaliers. Nous nous sommes aussi insérés dans les circuits courts en proposant les produits des artisans proches de nous.

L’offre est-elle différente entre les villes et le rural ?

La différence est grande et en ma qualité d’élu national en charge de la ruralité, j’ai sollicité les Associations des maires de Haute-Corse et de Corse-du-Sud afin qu’elles apportent une aide supplémentaire. Les buralistes ruraux, plus âgés, sont réticents à investir. Or, la fermeture des bureaux de poste et des trésoreries les rend encore plus utiles à la population. Y compris pour faire des photocopies, remplir des formulaires administratifs, favoriser l’accès à internet et envoyer des courriels, etc. Dans les villages, le soutien des maires est indispensable. Avec le bar, le buraliste est le dernier espace social fort qui reste.

Buraliste en Corse, ça reste un métier d’avenir ?

Je veux le croire parce que c’est un beau métier. Lorsqu’il y a des cessions, il ne manque jamais de jeunes candidats à la reprise. Un signe qui ne trompe pas.

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°22 (Juin 2022) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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