La Lettre | Entretien avec Michel Castellani, Député de la fiscalité

La Lettre | Entretien avec Michel Castellani, Député de la fiscalité

«Je me bats pour un vrai statut fiscal »

Membre de la Commission des finances de l’Assemblée nationale,Michel Castellani, professeur des Universités, situe les enjeux du cycle des discussions à l’aune de sa spécialité, l’économie.

  • Quelles impressions vous laisse la dernière réunion de travailà Paris avec Gérald Darmanin et sur les dispositions de l’État àl’égard de la Corse ?

Les discussions se passent dans une ambiance très sérieuse. Chacun comprend qu’il serait nocif de laisser passer ce genre de discussion directe, que nous n’avons cessé de solliciter et que nous n’avons obtenu qu’à l’occasion du drame de la prison d’Arles, sans obtenir d’avancées significatives. L’objectif, pour moi, est l’amélioration des conditions économiques, sociales, et culturelles de notre île. Pour l’heure, le gouvernement semble ouvert. C’est en tout cas l’impression que laisseGérald Darmanin dont l’attitude est positive. In fine, nous verrons…

  • Dans le domaine de l’économie, que vous maîtrisez bien,quelles sont les priorités que vous défendez, notamment enmatière de fiscalité ?

La Corse figure dans le bas des classements en matière économiqueet sociale. La priorité est d’améliorer le sort de beaucoup de personnesen difficulté. Il faut pour cela, outre les mesures immédiates de soutien, aller vers une impulsion aux initiatives, à la création et à la croissancedes entreprises. Je ne cesse, à travers mes amendements, mesinterventions publiques et privées, de me battre pour la mise à platdes divers dispositifs fiscaux, et l’instauration d’un vrai statut fiscal, dedéveloppement économique et de dimension sociale. Les discussions en cours devraient permettre d’avancer.

  • Dans quelle mesure serez-vous entendu à la lumière de votreexpérience au Parlement quand vous montez au créneau pourdéfendre les entreprises corses ?

Dans le cadre très centralisé que connait la France, il est très difficilede faire prendre en compte des spécificités, même quand elles sont très marquées comme chez nous. Jusqu’à présent, nous avons obtenu le renouvellement des dispositifs fiscaux, que nous avons eu à plaider à chaque loi des finances, ce qui n’est ni pratique ni opérationnel. Dispositifs ne manquant d’ailleurs pas d’effets pervers. Ce que j’espère, c’est que nous puissions avancer de façon positive à l’occasion de ce cycle d’échanges. À part ça, j’ai à intervenir en permanence, pour répondre à des demandes et améliorer les choses, sur toute sorte de questions qui dépassent la Corse tout en la concernant plus ou moins directement

  • La spécificité corse en matière d’énergie, comme la non-connexion à la métropole, sera-t-elle prise en considération pour soutenir les artisans, les commerçants, les chefs d’entreprise en ces temps difficiles ?

Ce qu’il convient de prendre en compte c’est la situation réelle de la Corse, en matière d’insularité et de dégradation de la vie économique et sociale. Nous avons les pires difficultés à faire admettre la nécessité d’une adaptation des mesures à cette situation. En matière de prix de l’énergie nous avons plaidé, et j’ai agi par amendement, pour que gouvernement intervienne pour réguler le prix de l’essence. Et surtout pour empêcher que la situation cartellisée, déjà pénalisante, n’empire en devenant carrément monopolistique. La discussion reste ouverte

  • Comment convaincre les Corses qu’un statut d’autonomie pourrait améliorer leur vie au quotidien ?

C’est un débat, puisqu’il est courant d’entendre que l’autonomie ne remplit pas les réfrigérateurs. En fait, les institutions conditionnent l’efficacité des secteurs public et privé. La Corse est la seule île de Méditerranée à ne pas disposer de compétences permettant d’améliorer la situation économique, sociale, culturelle, ou d’influer sur le marché du foncier. L’idée n’est pas de se singulariser, mais de pouvoir adapter dans un sens efficace et positif des décisions qui touchent notre quotidien, les grands domaines régaliens demeurant compétences d’État.

  • En quoi est-ce important, à vos yeux, que les chambres consulaires passent sous la tutelle de la Collectivité de Corse ?

Les chambres consulaires accomplissent un travail important, essentiel même, dans le domaine de l’accompagnement des entreprises, de la gestion d’infrastructures, de la formation… Assurer une meilleure coordination avec l’action menée par la Collectivité de Corse ne peut être que positif. Il faut que cette intégration se passe sans heurts et contribue aussi à un meilleur équilibre des compétences sur le territoire corse, contrairement au centralisme qui s’installe chaque jour un peu plus

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°25 (octobre 2022) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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