La Lettre | Parc Galea : Un écrin de savoir

La Lettre | Parc Galea : Un écrin de savoir

Le Parc, qui a soufflé cette année sa dixième bougie, propose une immersion naturelle, culturelle et ethnographique à travers musées et jardins exotiques. Une réussite économique.

En dix ans, le Parc Galea, situé à Taglio-Isolaccio les pieds dans l’eau et la tête dans le savoir, est devenu le rendez-vous le plus prisé de Corse pour tous les amateurs de sciences y compris humaines. Fabrice Fenouillère, botaniste de renom qui l’a conçu et le dirige, a mis en scène le désir de Paul et Pierre- François Semidei, les propriétaires, de construire un lieu qui raconterait la Corse à travers des musées et des jardins. Ils aimaient l’idée que les visiteurs d’ici ou de passage puissent, en deux heures de temps, mieux connaître l’île grâce à une approche didactique et ludique de son patrimoine naturel et culturel. Mais dans ce jardin idyllique qui propose une collection unique de 300 espèces de cactus, arbres et plantes exotiques, les créateurs décident de s’aventurer sur le terrain des conférences et des rencontres, d’abord dédiées au patrimoine insulaire puis à d’autres sujets qui dépassent largement les contours de la Corse, jusqu’à la planète Mars ! On y aborde des thèmes aussi différents que les Mayas, Cléopâtre, les mystères du cerveau, les trous noirs, les pirates, la diplomatie vaticane, etc. Plus de mille personnes se pressent le dimanche pour écouter religieusement les orateurs qui ont pour nom Boris Cyrulnik, Axel Khan, Étienne Klein, Barbara Cassin, Jean Jouzel, Pascal Boniface… 

Dans ce jardin de la connaissance, des pavillons de bois et de pierres hébergent des petits musées qui privilégient le média numérique, les murs d’images et l’immersion. Ils sont reliés les uns aux autres par des sentiers cernés de plantations. Le discours s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes autour de thématiques qui subliment la nature et la culture insulaires, faune, flore, géologie, paysages, histoire, architecture coutumière, langue, chants, croyances, rites et traditions, gastronomie traditionnelle. Ici, le chemin de la connaissance est peuplé de cactus…

Entretien avec le directeur

« Accroître notre rayonnement en Méditerranée »

 

 

 

  • Après dix ans d’existence, en quoi le succès du Parc Galea est-il inattendu ?

Avec Paul et Pierre-François Semidei, aux côtés desquels j’ai monté ce projet, nous pensions au départ que le Parc Galea attirerait principalement les familles visitant notre île, en quête de connaissances en lien avec les richesses naturelles et culturelles de la Corse. Mais très vite, ce sont les insulaires qui se sont appropriés les lieux avec beaucoup d’engouement pour nos conférences dominicales données par les plus grandes personnalités de la culture, de l’histoire et des sciences. Tout a changé le jour où ces rencontres ouvrant sur des thématiques universelles sont devenues récurrentes, tous les dimanches à 15 h durant huit mois…

  • Comment expliquer cette soif de connaissance du public sur des thèmes parfois pointus pour ne pas dire hermétiques ?

Je crois que l’humain aime intrinsèquement apprendre, comprendre et échanger, d’autant plus intensément qu’il évolue dans une société « intranquille ». Notre cycle de conférences annuel est précisément pensé pour cela : permettre d’éclairer des sujets sociétaux brûlants tout en renforçant le socle de culture générale aux côtés des professeurs les plus reconnus, dans des domaines aussi divers que l’astrophysique, l’histoire, la médecine, la psychologie, la philosophie, les nouvelles technologies ou l’anthropologie. Des invités à qui nous demandons de rendre leurs propos accessibles et de se prêter au jeu des questions émanant d’un public souvent exigeant dans cet exercice.

  • Les évènements qui vous ont le plus marqué ?

J’ai adoré l’énergie qui s’est dégagée des deux « Festivals des Origines » organisés en 2013 et 2014 qui nous ont permis d’accueillir des milliers de participants autour d’un « grand marathon des savoirs ». Parmi les rencontres humaines que j’ai eu la chance de faire, peut-être parce que je sais qu’elles ne se reproduiront plus, retenir ces lumineuses heures passées à discuter avec les regrettés Yves Coppens, Bernard Stiegler et Axel Kahn.

  • Que représente le Parc sur le terrain de l’économie ?

Nous sommes passés en mode associatif depuis près de deux ans, ce qui correspond à un modèle de gestion collant parfaitement à l’ADN de Galea depuis sa création. Dans ce sens, nous sommes désormais soutenus par la Collectivité de Corse afin de nous permettre de maintenir une politique tarifaire accessible à tous et développer toujours plus de projets au profit du public insulaire, tout en menaçant le moins possible notre équilibre.

  • Comment imaginez-vous la prochaine décennie ?

Avec toujours plus de rencontres humaines, d’ateliers, de stages, de débats d’idées, de grands cours dans l’esprit de l’Université populaire pour un public encore plus large, de tout âge et horizon social, heureux de venir agiter ses neurones et aiguiser son esprit critique en notre compagnie. Avec peut-être aussi un développement des partenariats pour lui permettre d’accroitre son rayonnement à l’échelle de la Méditerranée et devenir, à sa manière, une référence en matière de diffusion des savoirs, de recherche et de formation.