La Lettre | Portrait de Marie-Françoise Baldacci : Le service de l’État au féminin pluriel

La Lettre | Portrait de Marie-Françoise Baldacci : Le service de l’État au féminin pluriel

Droits des femmes, emploi des jeunes, protection des populations, action caritative, soutien aux entreprises d’aujourd’hui et de demain.  Marie-Françoise Baldacci, haut fonctionnaire de l’État, a beaucoup de cordes à son arc.

Depuis presque un an, Marie-Françoise Baldacci est à la tête de la DDETSPP. 

Ce sigle alambiqué, qui rêve d’être un acronyme pour imprimer plus facilement les mémoires, signifie Dir-ection Départementale de l’Emploi, du Travail, des Solidarités, de la Protection des Populations de la Haute-Corse (rien que ça !). 

Mais derrière l’appellation interminable, comme seule l’Administration avec un grand A sait les concocter, il y a le profil d’une fonctionnaire qui, tout à l’inverse de l’image rigide et austère que suggère le nom bavard de sa direction, est, par nature autant que par conviction, au service de causes et d’actions pour lesquelles elle s’investit corps et âme depuis 40 ans : les droits des femmes, l’inclusion, la lutte contre l’illettrisme, l’appui des entreprises, l’accompagnement des foyers vulnérables, l’insertion des jeunes en difficulté, les actions de service de santé de protection animale et végétale et la liste n’est pas exhaustive. Si l’imaginaire collectif a tendance à ranger les hauts fonctionnaires de l’État dans la catégorie des technocrates déconnectés de la réalité du terrain et de la vie, Marie-Françoise Baldacci est l’illustration du contraire. Son itinéraire convainc que le service de l’État, même à un niveau élevé de responsabilité, peut-être une vocation…

PROTÉGER ET SOUTENIR, FIL ROUGE DE SES MISSIONS 

Un parcours débordant d’activités dont nous ne restituons ici que les grandes lignes. Originaire de Corte et fille d’éleveur, Marie-Françoise Baldacci fait ses études supérieures d’économie à Aix-en-Provence. Au milieu des années 80, elle intègre à Ajaccio la Délégation régionale aux Droits des Femmes qu’elle informe, guide, soutient. Elle crée un centre de formation dédié aux femmes pour leur apprendre à lire et à écrire afin de mieux les intégrer à la société corse et participe à la fondation, pour les Méditerranéennes d’Afrique du nord, d’une entreprise d’insertion de cuisine orientale, « L’Atlas » toujours en activité aujourd’hui après trente années d’existence ! Puis elle s’investit dans le domaine de l’insertion professionnelle des jeunes et est en charge au sein de la délégation régionale à la formation professionnelle du pilotage d’un dispositif d’accompagnement de 350 jeunes en difficulté sur le chemin de l’emploi avant d’intégrer, en 1998, la direction régionale de l’Emploi et du Travail où ses responsabilités, de plus en plus axées vers les entreprises du territoire, intègrent toujours une dimension d’insertion sociale et professionnelle.

Pour se rapprocher davantage encore des entre-prises, elle doit franchir le col de Vizzavona : ce sera le 1er avril 2022, à la tête donc de la DDETSPP de Haute-Corse où elle est – le jour de sa nomination le laissait présager – comme un poisson dans l’eau. Les missions y sont multiples. La protection des populations couvre, entre autres, la concurrence et la répression des fraudes, la protection animale et végétale, l’inspection du travail, l’emploi, l’accom-pagnement des entreprises et la cohésion sociale à travers l’hébergement et l’aide alimentaire en lien étroit avec les associations sociales et caritatives. « J’accompagne aussi les politiques publiques relatives à l’économie, en proximité avec les chefs d’entreprises qui veulent grandir ou surmonter leurs problèmes, en lien bien entendu avec la DREETS, l’Adec, les chambres consulaires, les fédérations et syndicats professionnels et, naturellement, les services de l’État qui déploient les outils pour soutenir le développement, les transitions et l’emploi. » Au titre de l’emploi des jeunes qui lui tient à coeur, elle a en charge notamment le plan gouvernemental « 1 jeune 1 solution » qui vise à offrir une issue (emploi, formation, coup de pouce financier, etc.) à chaque jeune Insulaire en difficulté.

« DES OBJECTIFS COMMUNS AVEC LA CCI DE CORSE »

La CCI voit en Marie-Françoise Baldacci une partenaire compétente et énergique quand il s’agit de prêter main-forte à l’économie. « La Haute-Corse est un territoire dynamique avec de belles entreprises qui ont des projets de développement très intéressants et quelques-unes qui traversent des difficultés. Ici, l’économie se porte globalement bien. » Le séminaire sur la valorisation des déchets (voir compte-rendu par ailleurs) laisse pourtant songeur quant au chemin qu’il reste à parcourir pour que la Corse crée des emplois durables inhérents aux transitions énergétiques et environnementales et, plus généralement, à l’économie circulaire. Signe encourageant : plusieurs entreprises locales ont mordu à l’hameçon pour investir ce champ encore en friche. « Il faut persévérer. Les bons dispositifs existent, mais il convient, d’une part, de mieux les faire connaître et, d’autre part, de proposer aux porteurs de projets une ingénierie suffisante, qu’elle soit mise à disposition par l’État, la Collectivité de Corse, la CCI, l’Université, etc. Tout un chacun peut apporter sa pierre à l’édifice. À la demande du préfet, nous nous attelons à constituer un pôle d’ingénierie pour répondre aux problématiques des entreprises et du réseau associatif. »

France 2030, « Les entreprises s’engagent », la déclinaison des mesures nationales… Tout concourt à favoriser une étroite collaboration entre Marie-Françoise Baldacci et la CCI de Corse. 

« C’est un partenaire de qualité, réactif, avec lequel nous avons des objectifs communs au bénéfice exclusif des entreprises et des salariés, le plus souvent loin de la lumière médiatique. Là, nous travaillons à créer un groupe de travail sur la transmission d’entreprises, un sujet majeur de la décennie, complexe mais pas sans solutions… »

Être Corse n’est pas toujours facile pour un haut fonctionnaire d’État en Corse. Mais dans son cas, c’est un atout pour les préfets. Elle connaît le territoire, ses hommes, sa culture, sa manière de fonctionner. « Connaître les partenaires, avoir noué avec eux des relations de confiance, permet de faire un maximum de réalisations en un minimum de temps. Avec un préfet à l’écoute comme le nôtre, qui aime prendre le pouls au plus près du terrain, au contact direct des chefs d’entreprise, on fait naturellement mieux les choses. » 

C’est une évidence, Marie-Françoise Baldacci, à la carrière et à la personnalité modèles, manquera aux préfets et à la CCI de Corse lorsqu’elle fera valoir ses droits ô combien mérités à la retraite. Un parcours dense et riche sur les plans administratif et humain qui se définit en peu de mots : un état de service au service de l’État.

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°30 (mars 2023) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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