La Lettre | Projet “RESO TPE/PME” : Le voyage qui porte ses fruits

La Lettre | Projet “RESO TPE/PME” : Le voyage qui porte ses fruits

La Calabre était cette année la destination choisie pour permettre aux producteurs estampillés “Fruits de Corse” de s’inspirer d’une région pauvre qui tire l’essentiel de sa richesse de l’agrumiculture.

Une chose est sûre : les agrumiculteurs de Corse n’aiment pas mariner dans leur jus. Ils aiment aller voir ailleurs ce qu’il se passe, ce qu’il se fait de mieux, non seulement pour en tirer profit mais pour nouer des relations humaines durables entre passionnés de la même filière. Par bonheur pour eux, l’Université Pasquale Paoli, sous l’égide de la Collectivité de Corse et en étroit partenariat avec la CCI de Corse, a conçu le programme « Reso TPE/PME » qui offre l’opportunité aux différentes filières économiques insulaires de s’immerger dans d’autres territoires méditerranéens et d’y puiser des sources d’inspiration.

Ainsi, du samedi 11 au mercredi 15 mars, les seize ambassadeurs les plus emblématiques de la Corse agrumicole – essentiellement concentrée sur la Plaine orientale – tous membres de l’association d’organisations de producteurs « Fruits de Corse » ont visité de multiples exploitations de la Calabre, au sud de l’Italie, accompagnés par des universitaires, des émissaires de l’Adec et de la CCI, et du même spécialiste qui, un an plus tôt, les avait guidés en Sicile explorer les magnifiques vergers d’oranges sanguines…

Ambiance nustrale garantie dès le départ puisque la délégation a mis à profit les escapades européennes d’Air Corsica pour rallier de sud de la Botte par un vol direct entre Bastia et Lamezia Terme, station balnéaire qui s’étire d’aise au pied de la chaîne montagneuse Sila, un des plus anciens parcs nationaux d’Italie…

NUMÉRO UN MONDIAL DE LA BERGAMOTE 

À l’instar de la Sicile, la Calabre collectionne les similitudes avec la Corse dans le domaine de l’agriculture : huit cents kilomètres de littoral, un niveau élevé d’ensoleillement, une terre fertile balayée par les vents et les embruns marins. Mais bien au-delà de l’analogie géographique, géologique, climatique et même sociologique, car la Calabre est un territoire pauvre et peu industrialisé, ce que nos arboriculteurs ont trouvé de familier, c’est un sens inné de l’hospitalité, qui a pu se mesurer au déploiement débridé des spécialités gastronomiques du coin, et une propension naturelle à la fraternité paysanne : les hôtes calabrais, unis sous la bannière « OP Natura », ont organisé un accueil chaleureux dans leurs exploitations labellisées IGP (indication géographique protégée) et répondu à toutes les interrogations souhaitées avec sincérité et transparence. 

Toutes les visites guidées se sont révélées dignes d’intérêt : 

la Cibolla Rossa di Tropea à Amantea, située au coeur de la province maritime de Cosenza, la Clémentine di Calabria et le centre de traitement et d’expéditions des kiwis à la cité antique de Rosarno ou encore les citrons et les kakis du côté de Cassano, autre cité marine réputée pour ses eaux thérapeutiques sulfureuses. 

Mais le point d’orgue du voyage a été l’étape au village médiéval de Brancaleone Marina, un bout de paradis baigné par la mer ionienne, et plus précisément l’Azienda agricola Patea où se cultive et se transforme la bergamote, petit agrume dont la cote n’a cessé de grimper ces dernières années en raison de ses pouvoirs antioxydants et antistress, ses vertus nutritionnelles mais aussi parce que son huile essentielle, purifiante et apaisante, est requise par les laboratoires de cosmétique et la parfumerie de luxe. La Calabre, c’est 90 % de la production mondiale de bergamote et un tiers de la production mondiale de l’huile essentielle qui en est extraite. En un mot, son « or vert ». 

Les échanges ont été, c’est le cas de le dire, fructueux. La délégation corse tirera le meilleur profit de ce retour d’expérience calabrais aussi bien pour les cahiers des charges relatifs aux labels que pour la gestion de l’eau, l’exportation, les modalités de recours à la main d’oeuvre… 

Au fil des jours et des échanges, c’est un esprit de compagnonnage qui s’est forgé, et c’est tout naturellement qu’une invitation à venir en Corse a été formulée à destination des producteurs calabrais. 

Grâce au projet « Reso TPE/PME », tous les champs du possible sont à ensemencer.

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°31 (avril 2023) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

Lire La Lettre