La Lettre | AG de la CCI de Corse : Une “Chambre forte”

La Lettre | AG de la CCI de Corse : Une “Chambre forte”

Les excellents résultats, les projets ambitieux et la reconnaissance nationale constatés, partagés et appréciés ne relèguent pas au second plan le contexte difficile et les attentes non satisfaites… 

Malgré l’appellation statutaire classique, l’assemblée générale de la CCI de Corse qui s’est tenue le 31 mai dernier à Ajaccio n’avait, en réalité, rien d’« or-dinaire ». D’abord, elle a sanctionné les bons choix et les bonnes décisions qui auront favorisé le redressement budgétaire de la maison en dépit de nombreux vents contraires et reverdi les principaux indicateurs économiques. Ensuite et surtout, elle a déclenché le compte à rebours de la réforme consulaire issue de l’article 46 de la loi PACTE qui doit aboutir au rattachement des deux chambres consulaires à la Collectivité de Corse avant la fin de l’année 2024, date de l’expiration du mandat de concession des ports et aéroports. Après, il sera trop tard pour écarter l’hypothèse de l’emprise d’une multinationale sur la gestion de nos infrastructures de transport.

Dans son discours introductif, Jean Dominici a regretté que le dossier fût en stand-by depuis quatre ans. « Le temps passe vite et n’apporte rien à la chose ». La formule est laconique et familière, mais elle a le mérite de traduire le sentiment d’enlisement alors que tout le monde est engagé bon gré mal gré dans une course contre la montre. La volonté politique existe. Tout récemment, Bruno Le Maire adressait un courrier officiel pour confirmer que les modalités de ce rapprochement seraient rapidement connues, une question de semaines. De con côté, Gilles Simeoni a rappelé avec force à la tribune des Rencontres des aéroports français et francophones (voir par ailleurs) que l’exploitation des ports et aéroports de Corse ne devaient en aucun cas échapper au contrôle de la puissance publique. Devant l’assemblée générale, le président Dominici a été très clair, « Recevez aujourd’hui le message qu’en Corse, il y a des enjeux structurels, économiques et consulaires qui méritent d’être gérés de manière active et efficace avec les concours croisés des grands acteurs que sont l’État et la Collectivité de Corse. » Sincères dans leurs éloges respectifs, leurs représentants n’avaient, sur le sujet, aucun élément nouveau à apporter aux élus consulaires et à la communauté des ressortissants. Alex Vinciguerra, président de l’ADEC, s’est dit seulement pressé de voir la Collectivité de Corse « récupérer un outil exceptionnel ». Quant à Alexandre Patrou, le Secrétaire Général pour les Affaires de Corse, qui s’exprimait au nom du Préfet de Région, il a mis en valeur la force de résilience de l’économie de la Corse, évoqué l’importance du COP, le contrat d’objectifs et de performance qui lie la chambre à l’État pour relancer l’économie, mais rien sur le transfert. La CCI de Corse qui, sur ce dossier, a produit des scénarios crédibles et juridiquement solides, validés par l’Assemblée de Corse, ne se résigne pas au statu quo. Elle reste sur le qui-vive en croisant aussi les doigts pour un processus de dialogue un peu plus efficace entre la Corse et l’État.

CAUSES COMMUNES AVEC LA CRMA

Bien qu’essentiel dans la perspective de favoriser l’avènement d’un nouveau modèle économique innovant et solidaire, le transfert à la Collectivité de Corse n’a rien d’une planche de salut destinée à une institution au bord du naufrage. Au contraire, l’assemblée générale a été l’occasion de mesurer la bonne santé et le dynamisme de la chambre dont les résultats sont bien au-dessus de la ligne de flottaison. Cette trajectoire de redressement, imputable aux efforts de toutes les équipes, s’accompagne d’autres perspectives extrêmement positives comme l’avènement d’une grande École de tourisme, de l’évènementiel et de l’hospitalité au sein du Palais des Congrès et la création d’une association interconsulaire de gestion et de formation avec la Chambre soeur, la Chambre régionale de Métiers et de l’Artisanat, ce dont s’est publiquement réjoui le président Jean-Charles Martinelli. Toute cette énergie créative ne fait pas oublier le plan de sobriété énergétique dans laquelle la chambre est engagée. Conformément aux sollictations de l’État, sa consommation énergétique sera réduite de 10 % en 2024 pour atteindre 40 % voire davantage en 2050. 

« L’intérêt général, l’intérêt de nos ressortissants, les missions de service public dont nous sommes dépositaires, voilà ce qui nous guide et continuera à nous guider quels que soient les aléas, quelles que soient les circonstances. » 

Les paroles de Jean Dominici ne sont pas des paroles en l’air. Elles se traduisent dans les faits, au quotidien. La présente Lettre se fait l’écho de la cote de performance de la CCI de Corse au niveau national pour l’accompagnement des entreprises qui la sollicitent : pour la troisième année consécutive, elle est sur la plus haute marche du podium de tout le réseau consulaire. Rien à ajouter !

Une ombre au tableau…

Le président de la CCI de Corse a exprimé sa vive inquiétude face au climat anxiogène qui s’installe dans l’île. La violence clandestine est de retour, elle frappe aveuglément, y compris les chefs d’entreprises. Tout aussi préoccupant, le rejet des activités touristiques par une partie de l’opinion qui se répand dans les réseaux sociaux, au moment où le principal moteur de l’économie de la Corse, qui fait vivre des milliers de familles dans d’innombrables filières, se grippe sous l’effet conjugué d’une baisse alarmante des réservations et de la croissance exponentielle du paracommercialisme. Or, le président Dominici l’a redit, il n’y a aucune issue possible à la résignation et à l’immobilisme. A bon entendeur….

 

RTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°33 (juin 2023) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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