La Lettre | L’évènement : Pour l’amour du ciel…

La Lettre | L’évènement : Pour l’amour du ciel…

Du 31 mai au 2 juin, Ajaccio a été la capitale des aéroports français et francophones. Des Rencontres concentrées sur les grands défis liés à la reprise du trafic et à la réduction de la pollution. L’occasion aussi pour nos hôtes de constater la pertinence du modèle de gestion corse…

Pour les plateformes aéroportuaires de France et des pays francophones d’Europe, d’Afrique et d’Amérique du Nord, la Corse constituait une destination de choix pour y évoquer les grands enjeux économiques et environnementaux du transport aérien pour lequel nous sommes entrés dans plain-pied dans une période-charnière. Il s’agit de s’adapter au retour à une croissance forte de la demande post-covid au moment où les débats sociétaux viennent stigmatiser le secteur et où les constructeurs aéronautiques n’arrivent pas à suivre le rythme des commandes d’appareils. Les deux sont connexes : à l’instar des voitures, les avions polluent moins quand ils sont neufs. Il faut donc composer avec ce paradoxe d’une reprise fulgurante du voyage aérien et, par voie de conséquence, des activités au sol, et cette « honte de l’avion » qui se répand et qu’évoque plus loin Thomas Juin, le président de l’Union des Aéroports français et francophones, organisatrice des Rencontres, troisièmes du nom.

La CCI de Corse a ouvert en grand les portes du Palais des Congrès d’Ajaccio, à une fourmilière de 520 congressistes, exposants et intervenants, venus parfois de très loin (Montréal, Abidjan, Bora Bora, Nouméa, etc.) auxquels se sont joints plus de 200 invités. Tous étaient là pour… l’amour du ciel.

« ON NE PEUT PAS TAXER LA DESSERTE AÉRIENNE POUR LES ÎLES »

Pour l’ouverture officielle qui préludait au lancement des travaux, l’auditorium Pascal Paoli était plein à craquer. Le maire d’Ajaccio, Stéphane Sbraggia, puis Jean Dominici ont rappelé que le choix de la Corse pour un tel évènement était vécu comme un honneur. Mais au-delà de la rhétorique protocolaire, ils ont mis l’accent sur la nécessité de mettre cette intelligence collective au service d’une économie vertueuse du transport aérien. Le président de la CCI de Corse en appelle ainsi aux nouvelles technologies et à la conscience citoyenne de tout un chacun : « L’avenir aéroportuaire durable se construira dans l’échange et dans le partage. Le temps du congrès, la Corse en est la tête-de-pont. » 

Lorsque Gilles Simeoni prononce le mot « hospitalité » en arrivant à la tribune, il résonne plus fort que d’habitude au coeur de ce Palais des Congrès, futur siège de l’École interconsulaire de tourisme, de l’évènementiel et… de l’hospitalité. « En raison de la diversité et de la complexité des enjeux, la Corse est extraordinairement attentive à ce qui se dit ici… » Le président du Conseil exécutif, mettant en perspective le transport aérien et l’insularité, attire l’attention du gouvernement sur la fiscalité écologique. « On ne peut pas taxer la desserte aérienne de service public pour les îles de Méditerranée » prévient l’ancien président de la commission des îles de l’Union européenne. 

Devant un auditoire aussi spécifique, Gilles Simeoni aime à rappeler que la Cour des Compte, qui a pourtant émis les plus vives réserves sur le maillage territorial des plateformes françaises et pointé leurs déficits chroniques, a validé la présence ici de quatre aéroports internationaux pour des raisons économiques, sociales et sanitaires. Le tandem, assure-t-il, composé de la Collectivité de Corse (le propriétaire) et de la CCI de Corse (l’exploitant) fonctionne à merveille. « C’est comme les vieux couples, il y a un peu de vaisselle cassée, mais c’est ensemble qu’ils surmontent les épreuves de la vie. » Ils ne demandent qu’à vieillir sous le même toit à la faveur du rapprochement statutaire acté par la loi mais qui exige pour aboutir d’atteindre enfin sa vitesse de croisière … 

Des débats de haut vol 

Les Rencontres se sont organisées en ateliers autour de thèmes accessibles ou éminemment techniques : recherche de nouvelles sources de revenus, économie circulaire, amélioration de la qualité des services au sol, partage des données entre aéroports régionaux pour une meilleure réactivité en cas d’évènement climatique ou autre… Mais c’est l’adaptation au réchauffement de la planète qui a dominé les échanges. On a parlé de séquestration des émissions carbone, de production des énergies renouvelables sur site, de protection de la biodiversité. Concernant la sécurité et la décarbonation, la Corse a fait part de son retour d’expérience et de ses projets. Sont notamment intervenus les directeurs des aéroports de Corse, Laurent Poggi et Pierre-François Novella. 

RTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°33 (avril 2023) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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