La Lettre | Port de l’Île-Rousse : Nouveau fleuron de la Corse maritime

La Lettre | Port de l’Île-Rousse : Nouveau fleuron de la Corse maritime

La CCI de Corse, le Conservatoire du Littoral et la commune de Balagne ont relevé le défi d’harmoniser la croissance économique et la mise en valeur du site portuaire et de son patrimoine.

Sublimer un site naturel marin aussi remarquable que celui des îles de la Pietra, son somptueux décor minéral et son phare historique et, en même temps, insuffler un nouvel élan économique à la région grâce au port de commerce de l’Ile-Rousse, érigé deux siècles et demi plus tôt par Pasquale Paoli, c’était, en théorie, un pari impossible à relever. Dégradation climatique oblige, le développement et l’environnement tendent à devenir de plus en plus des notions antinomiques, contradictoires, incompatibles. L’Ile-Rousse vient faire exception à la règle. La cohabitation a été rendue possible par le choix partagé entre l’équipe municipale, la CCI de Corse, gestionnaire du port pour le compte de la Collectivité de Corse, et le Conservatoire du Littoral. Les heures de discussions, la bonne volonté et le respect mutuel auront permis de trouver un terrain d’entente sur la base d’un projet ambitieux, équilibré, raisonné, financièrement supportable, qui répond favorablement au double enjeu de revivifier l’économie locale et de réduire l’empreinte carbone. Une coopération inédite dont les effets ont pu être perçus le 7 juillet dernier à la faveur de la réunion publique de présentation du projet à A Casa cumuna sous la présidence d’Angèle Bastiani, maire de l’Ile-Rousse. Les échanges ont permis à la fois de répondre à de nombreuses interrogations et de dissiper, en partie au moins, les inquiétudes…

UN PROJET À LA HAUTEUR DE LA CROISSANCE

La représentation de la CCI de Corse, à travers son président et ses élus de Balagne, témoignait de l’importance accordée par la chambre à l’évènement. Dans le domaine de la desserte maritime, L’Ile-Rousse est devenue une plaque tournante. Troisième port de Corse en termes d’activités et de trafic passagers, il est géographiquement le plus proche des côtes italiennes et françaises. Il est aussi le seul port habilité à recevoir des matières dites dangereuses, un terme plutôt impropre quand il s’agit, par exemple, d’acheminer de l’oxygène pour les hôpitaux. L’heureuse conjonction de trois facteurs d’intelligence collective, le choix de Calvi de se consacrer à la grande plaisance et à la croisière, la nouvelle DSP, et le renforcement de la présence de certaines compagnies, à l’exemple de la Corsica Ferries, confère au port de commerce balanin la meilleure progression en passagers et en offre commerciale. D’où l’exigence visant à hisser la qualité d’accueil et la sécurité, à hauteur de la croissance. Elle passe par l’extension des terre-pleins (4 500 m2 pour un investissement de 6 millions) qui permettra d’augmenter la capacité de stationnement de 50 %, et par l’étude d’une reconfiguration partielle des quais pour l’accueil simultané de deux grands navires. Les travaux, prévus pour finir juste avant la saison 2026, seront interrompus pendant les quatre mois de la période estivale afin de ne pas contrarier l’activité commerciale de proximité déjà soumise à rudes épreuves. Mais la CCI de Corse a fait bien davantage que sa mission de concessionnaire lui impose. Elle a financé l’édification d’un mur de soutènement de 80 mètres habillé en pierres sèches de la région pour consolider la desserte routière du port. Mais au-delà de la dimension sécuritaire et de l’idéal esthétique et paysager, ce mur symbolise le passage de témoin de notre institution au Conservatoire du Littoral pour son projet d’itinéraire piétonnier au fil de l’eau…

« UNE ENTITÉ FONCIÈRE INALIÉNABLE »

En effet, accessibles à pied depuis la cité paoline via le port, les îles de la Pietra déroulent un paysage pittoresque, emblématique de la Corse. La beauté du panorama depuis la côte, les ambiances rocheuses couleur ocre, la présence de bâtiments historiques, comme le phare et la tour, en font un lieu très fréquenté mais chaotique. Michel Murraciole a expliqué à l’auditoire que quinze années de réflexion, de travail et de concertation avaient été nécessaires pour lancer ce projet de 3 millions d’euros qui consiste à réaliser une grande promenade exclusivement réservée aux piétons qui aboutit au phare et valorise, chemin faisant, le patrimoine naturel et culturel, notamment en restaurant le phare, construit en 1857, pour y créer un espace muséographique. « Nous avons réussi à reconstituer une entité foncière publique, définitivement protégée, inaliénable. Un projet indissociable des aménagements portuaires portés par la CCI de Corse, avec qui nous avons étroitement collaboré, activement soutenus par la commune et par la Collectivité de Corse » a souligné, visiblement satisfait, le directeur du Conservatoire du Littoral. Le débat avec le public a porté essentiellement sur le nombre de places de stationnement. 85 sont actuellement prévues (48 estampillées CCI et 37 Conservatoire) qu’il faudra gérer de manière rigoureuse et dynamique ainsi qu’un espace dévolu au stationnement de très courte durée pour la dépose. Angèle Bastiani et ses collaborateurs ont aussi rappelé la programmation de plusieurs aires de stationnement (création ou extension) à proximité de la gare et de la plage. En attendant, la convergence des plans et des ambitions de la chambre, du Conservatoire du Littoral et de la Ville d’Ile-Rousse, a été unanimement saluée par les commerçants et les usagers. C’est trop rare pour ne pas s’en réjouir.

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450 000 Le nombre de passagers qui ont transité l’année dernière par le port d’Ile-Rousse. La meilleure progression de tous les ports de Corse

30 En pourcentage, la progression de l’offre commerciale globale des compagnies qui desservent l’Ile-Rousse, soit 112 360 places supplémentaires par rapport à l’année dernière

4 500 En mètres-carrés, le terre-plein qui sera gagné sur la mer pour sécuriser et fluidifier les flux des trafics passagers et marchandises

2,4 En millions d’euros, le montant pour réaliser le raccordement électrique des navires à quai. En attendant, 100 000 euros HT sont consacrés à l’étude de faisabilité, un financement assuré à 70 % par l’ADEME

10 En millions d’euros, l’investissement global que mobilisent les aménagements en faveur du développement des activités portuaires et le projet de promenade du Conservatoire du Littoral

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°34 (juillet-août 2023) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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