La Lettre | Les entreprises s’engagent : L’art de vieillir au travail…

La Lettre | Les entreprises s’engagent : L’art de vieillir au travail…

Le maintien des séniors en entreprise, leur bien-être au travail, leur aptitude à transmettre leur savoir aux jeunes : le Campus Formation a accueilli un atelier très suivi sur ce thème…

Maintenir les séniors en activité professionnelle, c’est faire face à des situations d’inaptitude ou de pénibilité, c’est stimuler les fins de carrière, valoriser leurs compétences et leur capacité de transmission aux jeunes grâce à leur expérience. C’est aussi une marque de reconnaissance pour celles et ceux qui, année après année, ont grandement contribué au développement et à la notoriété de l’entreprise. La CCI de Corse est particulièrement sensible à ce sujet pour sa dimension économique et plus encore humaine. Au sein d’une entreprise, qui est souvent comparable à une famille, les notions de vécu, d’acquis et de transmission du savoir intergénérationnelle, sont primordiales. Aussi, a-t-elle ouvert son Campus Formation de Borgo à une réunion consacrée à cette thématique dans le cadre du réseau « Les entreprises s’engagent » dont la vocation est de poser les jalons d’une société plus durable et plus solidaire. Le club de Haute-Corse, créé en début d’année au Palais consulaire de Bastia, avait d’emblée suscité l’engouement de nombreux entrepreneurs…

DES ENJEUX ET DES DISPOSITIFS COMPLEXES

Aussi, le 19 juin dernier, nombreux étaient les chefs d’entreprises et les managers de ressources humaines à avoir participé à la séance d’information et de travail interactive sur l’allongement de la vie professionnelle. Animée par Me Claire Rouyer, avocate spécialisée dans le Droit du Travail en région PACA, elle a fourni toutes les clés possibles en termes d’embauche et de maintien dans l’emploi des séniors mais aussi pour faciliter l’adaptation des postes et du temps de travail qui leur convient le mieux. Le contexte n’est pourtant pas accommodant. La réforme controversée des retraites a certes été adoptée mais, sur le sujet, elle laisse de nombreuses zones d’ombre que la loi « Plein emploi », dont le projet de texte gouvernemental a été déposé au Sénat le 7 juin dernier, pourrait dissiper ou pas. Par ailleurs, un nouveau « Pacte de la vie au travail » est en gestation. La Première ministre a donné jusqu’à mi-juillet au ministère du Travail et aux organisations syndicales et patronales le soin de proposer des mesures qui concerneront aussi les séniors. Quelques aides et dispositifs d’État existent, pour embaucher des séniors (contrats professionnels, CDD Séniors, Parcours Emploi Compétence) et prévenir l’usure professionnelle, mais ils sont contraignants, d’où la réticence des entreprises à y avoir recours. Toutefois, les échanges avec Me Rouyer ont été utiles et le club « Les entreprises s’engagent » a pleinement joué son rôle de médiation. Ce dont on est sûr, c’est que les caractéristiques du travail doivent faire l’objet d’un examen approfondi par l’entreprise. Ce n’est pas évident dans la mesure où les conditions de travail, comme la pénibilité, sont vécues différemment d’un site à l’autre. Mais la Mutuelle de Corse, partenaire historique de la CCI, tient lieu de boussole pour proposer à chacun le bon cap à suivre…

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Chaque club « Les entreprises s’engagent » se dote d’un chef de file. Directeur de la Mutuelle de la Corse, Bernard Ottaviani était tout désigné pour endosser le maillot…

  •  Quelle a été votre motivation pour devenir le « leader » du club ?

La Mutuelle de la Corse est très engagée dans tout ce qui a trait à la démarche RSE, la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises. C’est la raison pour laquelle elle a rejoint le club dès sa création. D’autant que la santé, qui est le coeur de notre métier, tient une place prépondérante dans le dispositif. Comme j’ai la chance de diriger une structure à laquelle près de 3 500 d’entreprises font confiance, le courant passe très vite avec les employeurs ou les DRH pour tout ce qui a trait à la santé et au bien-être des personnels mais aussi pour évoquer l’égalité femmes-hommes ou l’inclusion des personnes en situation de handicap…

  •  Votre responsabilité à la Mutuelle vous donne un avantage ?

En tout cas, elle confère à nos équipes une certaine légitimité. Si les salariés se sentent bien au sein de leur entreprise, c’est bon pour eux et pour la bonne marche des affaires. Les chefs d’entreprises aspirent à prendre cette question en considération mais ils ne savent pas trop comment s’y prendre. S’ils adhèrent au club, ils bénéficient du retour d’expérience des autres entreprises.

  • Quel genre de retour d’expérience, vous avez un exemple ?

Une entreprise m’a donné l’occasion de travailler à une meilleure organisation du travail pour que les personnels se sentent le mieux possible, ça pouvait aller du télétravail, aux aménagements horaires ou de RTT en passant par la flexibilité en fonction des compétences. Des accords ont été mis en place et ça fonctionne. La Mutuelle n’a que le rôle de facilitateur, mais elle l’exerce pleinement et avec bienveillance.

  • Et cette organisation du travail « à la carte » gagne du terrain ?

La volonté est là, y compris dans les entreprises de très petite taille. Mais le cheminement intellectuel est récurrent : « J’y pense, mais je n’ai pas le temps et je ne sais pas comment m’y prendre. » On leur répond que le club est la bonne porte d’entrée pour enclencher la réflexion puis la démarche.

  • Il y a aussi une aspiration à adopter des comportements plus respectueux de l’envronnement ?

La prise de conscience existe dans toutes les boîtes, à la Mutuelle aussi. On ne laisse pas les lumières allumées dans les pièces vides, les imprimantes tournent au ralenti et, à tous les niveaux, les procédures qui peuvent l’être se digitalisent. L’écoresponsabilité devient virale et ce n’est pas l’apanage des jeunes…

  • Que pouvez-vous dire du maintien en emploi des séniors, le thème du jour ?

Il y a des salariés qui voudraient prendre leur retraite mais qui ne la prennent pas, faute de s’y être préparés. On peut imaginer des phases transitoires avec un travail limité à quelques heures par jour. D’autre part, la Mutuelle encourage le mécénat d’entreprise pour permettre à des personnes proches de la retraite de mettre leurs compétences au service d’associations caritatives ou d’utilité publique. Pour l’entreprise, cette mise à disposition peut se négocier au niveau de l’impôt sur les sociétés. Toutle monde y gagne. 

 

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°34 (juillet-août 2023) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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