La Lettre | Appel à projets : Un fonds pour réussir la forme

La Lettre | Appel à projets : Un fonds pour réussir la forme

La création inédite de ce Fonds d’ingénierie mis en oeuvre à titre expérimental pour une durée de douze mois à destination du secteur de l’agroalimentaire a un objectif clair : ne plus être imperméable comme actuellement aux appels à projets, surtout nationaux. 

Ils le prouvent quotidiennement face aux épreuves et aux défis dont le stock ne désemplit jamais tel le tonneau des Danaïdes : les entrepreneurs de Corse, qu’ils soient établis ou en phase d’installation ou de croissance, ne manquent ni de cran ni de volonté quand il s’agit d’apporter leur pierre à l’édifice attractif, de l’économie insulaire. Mais la passion et l’idéal qui les animent pour bâtir un nouveau modèle durable et innovant sur les décombres encore fumantes des crises successives ne suffisent pas sans l’expertise et le savoir logistique, juridique et financier. Ce qu’on appelle communément l’ingénierie est devenue indissociable de l’espoir de réussite pour un projet de création ou de développement. C’est un élément incontournable mais qui a insuffisamment pris racine ici. Aussi, avec le concours de l’État et de la Collectivité de Corse par le truchement de son Agence de développement économique, la CCI de Corse a décidé de créer et de mettre en oeuvre un « Fonds d’Ingénierie de Projet », à titre expérimental dans un premier temps, en direction du secteur de l’agroalimentaire. Il s’agit moins de gymnastique cérébrale que, d’une part, renforcer la cohérence face à des programmes nationaux, européens et corses qui se superposent et produisent une confusion décourageante et dissuasive et, d’autre part, de rendre plus perfectible l’articulation des intervenants de l’écosystème décisionnel territorial (Collectivité de Corse, communes et intercommunalités, institutions consulaires, acteurs privés, etc.).

L’exemple le plus significatif est celui du programme gouvernemental post-Covid « France 2030 » : les appels à projets se multiplient mais l’écho en Corse est invariablement faible. L’objectif est d’inverser la tendance. Comment ? En se dotant d’un Fonds qui va financer l’appui stratégique, méthodologique et opérationnel assuré sur le terrain par une équipe spécialisée. Si le dispositif, engagé pour douze mois, fait ses preuves pour les filières agroalimentaires, alors il aura toutes les chances d’être pérennisé et généralisé.

JEAN DOMINICI : « UN BESOIN D’INGÉNIERIE PRESSANT »

Seules donc, pour la phase de lancement, les entreprises du secteur des industries agroalimentaires sont éligibles. Le choix sera opéré par un comité de sélection composé des services des trois partenaires de l’opération. Les critères préférentiels : la pertinence industrielle du projet et son degré de maturité, le potentiel intrinsèque de l’entreprise – une fois pris en compte les éventuelles aides déjà perçues – et l’impact sur l’emploi. Chaque entreprise retenue sera bénéficiaire d’un accompagnement individualisé dont le coût moyen a été estimé à 9 000 euros. L’équipe spécialisée qui lui sera affectée s’attellera à la constitution du dossier, à la formalisation du projet et à la recherche de subventions. Si le projet n’aboutit pas, l’entreprise n’aura rien à rembourser. S’il aboutit, le niveau de remboursement sera proportionnel aux financements obtenus et c’est ainsi que le Fonds s’auto-réalimentera. Un cercle vertueux : ce sont les réussites qui financent les échecs. Précision importante : les entreprises dont les projets n’entrent pas dans le champ d’intervention du nouveau Fonds d’ingénierie ne seront pas délaissées, elles continueront à être soutenues autrement par les services compétents de l’État, de l’Adec et de la chambre.

Le bureau de cette dernière, réuni le 25 juillet dernier, a unanimement validé la démarche pour cette expérimentation de douze mois. « Il s’agit de répondre au problème clairement identifié depuis longtemps de la difficulté pour les entreprises corses à candidater sur les appels à projets nationaux ou internationaux, a expliqué le président Dominici. Ce besoin d’ingénierie, dont la CCI se fait l’écho depuis de nombreuses années, se fait plus que jamais ressentir. Si le succès escompté est au rendezvous, la mise en oeuvre de ce Fonds sera élargie à l’ensemble des filières de l’économie insulaire… » Des réunions d’information sont prévues sur tout le territoire pour faire connaître le dispositif aux ressortissants concernés et favoriser la connexion entre les entreprises et les équipes de la CCI et celle d’ingénierie désignée.

’Olivier