La Lettre | Emmanuel Macron en Corse : “Une autonomie à la Corse”

La Lettre | Emmanuel Macron en Corse : “Une autonomie à la Corse”

Le Président de la République souhaite un statut original qui ne copie personne. Audacieux dans ses propositions, son discours à l’Assemblée de Corse est une main tendue. Elle le restera six mois…

L’espoir est un rêve éveillé. Pour la Corse de l’autonomie, l’espoir a une durée de vie de six mois, le temps de s’accorder sur un texte constitutionnel susceptible de réunir le plus large consensus possible, c’est-à-dire ce qui sépare le compromis de la conviction. Si, en ce jeudi 28 septembre 2023, le Président de la République, dans une séquence qu’il qualifie lui-même d’historique, n’avait pas raccommodé les fils d’un dialogue chaotique avec les élus et les forces vives de la Corse, c’était la fin du début du processus ou le début de la fin de la confiance. Aujourd’hui, c’est le début du début, celui d’une deuxième phase. C’était le voeu plusieurs fois réitéré par la CCI de Corse à travers la voix ferme de son président pour garantir un nouvel élan à l’économie insulaire. D’ailleurs, Jean Dominici était physiquement présent à la tribune de l’hémicycle territorial au moment du discours présidentiel qui fera date puis à Bastia pour l’émouvante célébration de la Libération de la Corse. L’avenir, c’est l’économie et il passe par une étape institutionnelle sans précédent. Mais pas d’avenir possible sans la mémoire et sans l’héritage de celles et ceux qui se sont levés, parfois au prix de leur vie, pour préserver la liberté des générations futures.

DÉVOLUTION D’UN POUVOIR NORMATIF

« C’est ici, devant cet hémicycle où vivent les valeurs démocratiques de la Corse, que je suis venu faire droit à cet élan renouvelé qui suppose ambition commune et reconnaissance nouvelle. » Emmanuel Macron n’a pas oublié le pacte girondin sur lequel il s’était engagé en 2017 à Furiani. Le maître des horloges a mis certes un peu de temps mais on y est, du moins dans l’intention : « Pour ancrer pleinement la Corse dans la République et reconnaître la singularité, son insularité méditerranéenne, ce rapport au monde et son rôle dans l’espace qui est le sien, il faut son entrée dans notre Constitution. »

Se prévaloir d’un chapitre dédié dans le texte fondateur de la Ve République ne constitue pas une plus-value décorative, c’est lui permettre de se singulariser des autres régions et lui donner les clés de l’adaptation des lois et des règlements à ses spécificités dans le champ exclusif de ses compétences. C’est le pouvoir législatif, le pouvoir 

« normatif » a dit le chef de l’État, un choix sémantique pour ne pas inutilement rallumer les brandons du jacobinisme pur et dur. « Je suis favorable à ce que soit étudiée la possibilité pour la Collectivité de Corse de définir des normes sur des matières ou des compétences transférées. Cette capacité normative devra évidemment s’exercer sous le contrôle du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel. C’est un vrai pouvoir de choix démocratique et une grande confiance ici faite. Il s’agit d’ouvrir la possibilité d’une gouvernance responsable et libre d’un territoire. »

La base de travail est sans précédent et la main tendue à saisir.

DES INVESTISSEMENTS SUR LE LONG TERME

« Ce ne sera pas une autonomie contre l’État, ni sans l’État, mais une autonomie pour la Corse et dans la République. » Emmanuel Macron le martèlera tout au long de sa visite auprès des élus de tous bords, des personnalités de la société civile et même à l’occasion de ses bains de foule : la nouvelle étape institutionnelle qu’il propose marque un changement profond dans la relation entre l’État et la Corse. La pérennité de la présence de l’État est la garantie que tout est envisageable dans la perspective d’un nouveau modèle économique, soutien aux entreprises en difficulté, accompagnement des projets innovants, fiscalité affranchie des schémas académiques.

La CCI de Corse voit aussi midi à sa porte. De concert avec la Collectivité de Corse, elle porte des projets importants pour le développement durable, l’innovation et l’emploi, notamment sur le terrain des infrastructures de transport. Aussi, l’annonce présidentielle d’un deuxième PTIC a été très bien accueillie : « Un PTIC de nouvelle génération qui renforce à son tour le développement économique et social de l’île (…) C’est un engagement fort et entier de l’État en vue d’améliorer le quotidien et de préparer l’avenir. Plus que jamais, cette entente et cet esprit de responsabilité doivent nous guider pour aborder les domaines sur lesquels les défis demeurent, qu’il s’agisse de l’emploi, de la diversification de l’économie, de l’avenir de la jeunesse. »

Ni reconnaissance du Peuple corse, ni coofficialité de la langue, ni statut de résident. Une frange de la représentation élue a pu être déçue. « Il n’y a pas de lignes rouges, seulement l’idéal de la République. » Le pouvoir normatif est une grande promesse d’avancée. Là où il y a une volonté, il y a un chemin, a dit Gilles Simeoni. Le chemin mène au printemps.

Verbatim présidentiel

« Je veux rendre la vie des Corses meilleure. »

« Je suis convaincu que nous sommes à un moment historique. »

« Le statu quo serait notre échec à tous. »

« La Corse a besoin de davantage de liberté, de la reconnaissance  de son identité, de sa singularité insulaire et méditerranéenne. »

« Ce discours est une main tendue pour construire un avenir d’espoir et de prospérité pour la Corse. »

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°36 (octobre 2023) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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