La Lettre | L’Assemblée Générale : Saisir l’avenir à bras-le-corps!

La Lettre | L’Assemblée Générale : Saisir l’avenir à bras-le-corps!

L’assemblée générale a été l’occasion de recenser les difficultés mais aussi de regarder l’avenir avec une certaine détermination : les évolutions se profilent et le monde économique n’a jamais été aussi soudé.

On peut reconnaître au préfet de la Haute-Corse d’avoir le sens aigu de la synthèse. En quelques minutes de paroles conclusives, Michel Prosic a su restituer la quintessence de l’assemblée générale de notre chambre, qui s’est tenue le 10 octobre dernier à Bastia, et l’esprit qui anime les élus et les équipes consulaires face aux défis qui attendent une économie corse à la croisée des chemins, entre fragilité et espoir. « La CCI de Corse, a expliqué le représentant de l’État, a un rôle essentiel non seulement en soutien inconditionnel des entreprises mais aussi, à travers les ports et aéroports, dans la vie quotidienne des Corses. Le courage qu’elle puise à investir dans un climat d’incertitude la désigne comme une clé de l’avenir du territoire. Elle ne subit pas, elle agit ! L’État est à ses côtés et a la volonté de créer des outils qui donneront de la visibilité aux chefs d’entreprises et des règles du jeu fiables dans la durée… » En ouverture, le décor est planté par Jean Dominici. Avec le franc-parler qui le caractérise, il donne le ton de cette importante séance de travail : à contrecourant de la sinistrose, il prône de tenir fermement le cap, de ne pas dévier d’un pouce des objectifs à atteindre et des priorités à mettre en oeuvre.

« LE MONDE ÉCONOMIQUE CORSE SE FÉDÈRE »

Pourtant, ce ne sont pas les chausse-trappes qui font défaut dans le paysage, le contexte international délétère, la mauvaise saison touristique et la longue convalescence économique qu’elle va générer, la reprise des actes de violence partout dans l’île, mais aussi la crise de financement du réseau consulaire par l’État, en une petite décennie, la CCI de Corse a été amputée de ses ressources fiscales annuelles de près 5 millions d’euros… justement celles qui permettent d’agir au soutien des ressortissants. Autant d’obstacles à franchir. « Sans état d’âme, pour les femmes et les hommes qui composent notre institution, pour nos ressortissants qui ont plus que jamais besoin d’elle et de son action à leurs côtés, pour le secteur du tourisme en particulier. Dans cet environnement incertain, la CCI doit s’imposer comme un point de repère, un point d’appui pour toutes celles et ceux qui peinent, doutent et cherchent des solutions d’avenir… » Jean Dominici se réjouit des liens qui ne cessent de se renforcer avec la Chambre régionale des Métiers et de l’Artisanat, et de l’avènement d’un Collectif qui, après avoir réuni 13 organisations et syndicats professionnels, va encore s’étoffer pour être plus fort et plus audible. « Comme à l’aube des grandes batailles, le monde économique se renforce et se fédère, preuve irrécusable de responsabilité et de maturité. Un signal d’avenir fort. » Le président de la CCI de Corse souhaite rendre virale sa confiance en cet avenir. Il informe l’assemblée générale de son long entretien avec la conseillère économique de l’Élysée et de Matignon, des échanges engagés avec l’aval de la Collectivité de Corse et appelés à se poursuivre sur la base du document de synthèse relatif aux défis de la mise en mouvement de l’économie de la Corse remis au Président de la République. Le premier pilier de la passerelle étant la signature imminente de la Convention d’Objectifs et de Moyens qui est la déclinaison territoriale, c’est-à-dire adaptée à nos spécificités, des axes prioritaires fixés par le gouvernement pour accompagner les entreprises dans les transitions écologique et numérique, la formation, l’exportation, etc.

UN TRANSFERT QUI SE PROFILE À NOUVEAU

Tous les rapports sont adoptés à l’unanimité : la mise en place d’un fonds d’ingénierie pour aider les entreprises (dans un premier temps de l’agroalimentaire) à mettre toutes leurs chances de leur côté dans les appels à projets régionaux, nationaux et européens – la Lettre s’en est fait largement l’écho dans sa dernière édition – le programme d’emprunt (37 millions) pour des investissements indispensables dans le port de commerce de L’Ile-Rousse, le port de plaisance d’Ajaccio et dans les quatre aéroports pour les doter, dans les meilleurs délais, d’équipements de dernier cri qui rempliront pleinement la mission régalienne de sûreté des passagers. Également approuvé sans réserve le nouvel AMI, l’appel à manifestation d’intérêts, pour inciter les opérateurs aériens à créer de nouvelles lignes ou à intensifier celles existantes. Une stratégie payante au sens littéral du terme puisque les ressources directes ont été abondées de 40 millions, trois fois plus que la mise de départ. Il a été aussi, et peut-être surtout, question dutransfert de tutelle de la chambre vers la Collectivité de Corse. Un dossier réactivé, d’une part, par la deuxième phase du processus d’évolution des institutions et la perspective d’un nouveau modèle économique, d’autre part, par la connexion directe rétablie entre le président du Conseil exécutif Gilles Simeoni et le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Alex Vinciguerra, le président de l’ADEC, en a parlé : « L’arrimage qui se profile à l’horizon sera bénéfique à notre Collectivité et permettra d’élargir le potentiel d’action de la chambre qui n’a jamais perdu de vue que l’économie, c’est bien d’avantage que du financement, ce sont des femmes et des hommes qui, en dépit des difficultés, se lèvent chaque matin pour créer de la valeur ajoutée. » Les difficultés existent mais les opportunités aussi. Comme l’enjoint le président Dominici, il faut savoir les saisir.

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°37 (novembre  2023) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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