La Lettre | Olivia Grégoire à la CCI de Corse : La journée du libre échange…

La Lettre | Olivia Grégoire à la CCI de Corse : La journée du libre échange…

La ministre a fait provision des attentes prioritaires des petites et moyennes entreprises de Corse représentant un large panel de secteurs d’activité. Une écoute unanimement appréciée…

Ni dialogue de sourds ni pensées muettes, chaque chef d’entreprise, à titre individuel ou en qualité de porte-parole de son secteur d’activité, a exprimé ses attentes. Nul besoin d’aller tirer Olivia Grégoire par la manche, elle n’a esquivé aucun interlocuteur, aucune question épineuse, aucune inquiétude. Elle est a multiplié les apartés pour rassurer, donner des gages, aimant rappeler qu’elle était la bonne personne à qui les Corses pouvaient placer leur confiance, une « femme de caractère » du fait de ses racines bretonnes et basques.

Dans les échanges, l’agroalimentaire a occupé une place prépondérante. Olivier Valery puis Charles Zuccarelli, deux figures de proue de la filière, ont dénoncé le carcan administratif et une polyvalence chronophage et à marche forcée qui ne sert ni les intérêts des entreprises ni ceux de leurs salariés. Philippe Pasqualini, président de la CPME-Corsica de la Haute-Corse, impute au joug normatif le déclin des carrières minières, citant l’exemple de la pierre : « En un texte législatif, nous sommes passés de 50 000 à 1 000 tonnes par an. Sur le papier, nos carrières ne sont plus exploitables. » Un excès de zèle qui plombe également les filières agricoles comme en témoigne François-Xavier Ceccoli, agrumiculteur et élu consulaire. Porte-parole pour l’occasion des transporteurs de voyageurs, Jean-François Benassi a l’honnêteté de dire à Olivia Grégoire qu’en l’état actuel de la législation sur les personnels, en carence dans le secteur, il est impossible de respecter la loi sur les horaires en période estivale : « La Corse est la seule région de France à ne pas s’être dotée d’un Schéma régional des Transports » regrette-t-il par ailleurs. José Oliva, président régional du syndicat des buralistes, met en garde à son tour : l’alignement du prix du tabac met le réseau en péril. « Globalement, le chiffre d’affaires a déjà chuté de 25 %. Sans une pause de deux ans, la moitié des buralistes sont menacés de disparition. » Le temps de latence pour obtenir un crédit d’impôt, l’apathie dans le soutien public à des innovations aussi essentielles que la production d’hydrogène vert, les formalités alambiquées qui régissent les baux commerciaux, le chaos spéculatif que génère la propagation débridée, en partie souterraine, des locations meublées, etc. Olivia Grégoire a noirci son carnet de notes. Elle admet le caractère contradictoire, absurde parfois car impossible à mettre en oeuvre, de certaines dispositions législatives. Elle prévient en même temps : « Attention ! Il y a des normes qui pèsent mais aussi des normes qui protègent. » Séparer le bon grain de l’ivraie, c’est le cap qu’elle s’est fixée. Son étape bastiaise ne l’en détournera pas. Bien au contraire…

La phrase

“Nous sommes fiers de vous accueillir. Nos artisans sont tenaces, ils ne courbent jamais l’échine face à l’adversité. Ils demeurent une plus- value pour cette terre et méritent d’être écoutés” 

Jean-Charles Martinelli, président de la Chambre régionale de Métiers et de l’Artisanat

Karina Goffi : « Les problèmes ont été clairement posés sur la table »

À la tête de la commission tourisme de la CCI de Corse et présidente de l’Union régionale des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH Corsica), Karina Goffi tire un bilan positif de l’escale ministérielle à la chambre : « Le format d’échanges était intéressant. Les chefs d’entreprise en général et les professionnels du tourisme en particulier avaient joué le jeu en participant de manière significative à la consultation nationale destinée à réduire les lourdeurs administratives dont ils souffrent, aggravées par une ingénierie insuffisante. Les procédures sont longues et complexes et nous n’avons ni le temps ni les ressources humaines de les aborder. Nous jugerons sur pièces, bien sûr, mais les intentions d’Olivia Grégoire vont dans la bonne direction. Ceci étant, quatre sujets ont été évoqués avec

elle. Le paracommercialisme effréné qui prospère impunément. Le PGE, le prêt garanti par l’État, auquel de nombreux professionnels du tourisme ont eu recours pendant la crise sanitaire et pour lequel nous sollicitons le prolongement du remboursement car la reprise escomptée des activités n’a pas eu lieu. Ensuite, nous lui avons remis en main propre le dossier relatif au CDI Tourisme. L’expérimentation promise n’a jamais été réalisée. Enfin, la rénovation des établissements hôteliers échappe au crédit d’impôt investissement, ce qui constitue une iniquité supplémentaire pour les moderniser et les mettre en conformité avec les nouvelles exigences de sobriété énergétique.  Les  problèmes  ont  été  clairement posés sur la table, la ministre y a été réceptive. Nous attendons maintenant des réponses concrètes… »

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°39 (janvier  2024) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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