La Lettre | Soudés comme les doigts de la main

La Lettre | Soudés comme les doigts de la main

Signature d’un protocole d’accord entre cinq partenaires pour mener à bon port un programme d’aménagement d’une amplitude sans précédent dans la baie de la cité impériale : l’État, la Collectivité de Corse, la Communauté d’agglomération du Pays ajaccien (CAPA), la Ville d’Ajaccio et la CCI de Corse. Une alliance tout à fait inédite…

Le fleuve tumultueux des débats publics sur tous les terrains possibles et ima- ginables et le roman à rebondissements des joutes politiques rappellent à quel point la Corse est encline à céder avec

jubilation à la compétition, à la controverse, aux chicanes de toute nature qui défraient la chronique. Aussi,  le  projet  d’aménagement  de  l’entrée  de ville d’Ajaccio qui, a priori, ne constitue pas une affaire  dont  la  survie  de  la  Corse  dépendrait, débarque comme une exception à la règle : ici, les divergences idéologiques et l’attrait atavique pour les querelles de clocher actent leur rédition. Toujours est-il que le projet de métamorphose de la cité impériale, depuis ses quartiers populaires de la périphérie jusqu’à la ville historique en passant par le bord de mer et le port de commerce, est désormais porté collectivement par les principaux piliers administratifs, politiques et économiques de la Corse. Un script inédit qui peut enfin laisser espérer qu’à l’avenir, la valeur de l’unité s’affirmera comme unité de valeur…

« UN PARTENARIAT SINCÈRE ET SANS DOGMATISME »

La cérémonie de la signature a eu lieu, comme il se doit pour conférer la solennité requise à l’évènement, dans les salons napoléoniens de l’hôtel de Ville d’Ajaccio. Elle a été suivie par une conférence de presse pour livrer les grandes lignes d’un programme de très grande ampleur

dont l’objectif pourrait se résumer en quelques mots : rétablir la connexion entre la ville moderne, la ville ancienne et le bassin portuaire. Mais du partenariat fort mis en place pour y parvenir, c’est surtout ce dont il a été question plus tôt dans  la  salle  du  conseil  municipal  Charles- Ornano  à  la  faveur  d’une  séance  de  travail où  chacune  des  parties  prenantes  a  fait  sa déclaration d’intention aux allures de serment. À commencer par le premier intéressé de tous, le maire d’Ajaccio pour qui ce projet est un vieux serpent de mer qui sort enfin la tête de l’eau :

« Un projet qui mobilise tous les grands enjeux du siècle, les équilibres du territoire, la mobilité, les transports, l’environnement, l’économie. Sur la base d’une urbanisation mal maîtrisée, nous allons donner du sens à l’urbanisation avec une dimension multimodale qui va améliorer la vie quotidienne des Ajacciens. Et pour le bien de notre territoire et de toute la Corse, nous le faisons ensemble, rassemblés, en formalisant aujourd’hui un partenariat sincère grâce auquel on pourra tout se dire, sans tabou et sans dogmatisme » se réjouit Stéphane Sbraggia qui arbore aussi la casquette de président de la CAPA.

Gilles Simeoni se réjouit à son tour du caractère unitaire innovant, pour ne pas dire révolutionnaire, de  la  démarche  :  «  Les  différences  politiques sont normales et même salutaires en démocratie et nous faisons aujourd’hui le choix de s’engager ensemble  sur  un  chemin  aussi  complexe  que prometteur… ». 

« IL FAUT PENSER LOIN ET AGIR EN PROXIMITÉ »

Le président du Conseil exécutif ne plonge pas pour autant dans un état extatique. Il rappelle les contraintes budgétaires fortes de la Collectivité de Corse : « Nous aurons à opérer des arbitrages mais, à chaque étape, nous vous accompagnerons du mieux possible. La transversalité qui entre en jeu aujourd’hui est un cas d’école, un défi pour nous tous. Nous devons le relever en faisant preuve d’efficacité sur la durée. Et si ce projet a valeur d’exemplarité pour d’autres programmes d’aménagement du territoire ailleurs en Corse, nous aurons réussi ce pari difficile. Car même si le processus pour un statut d’autonomie aboutit, il n’y aura pas d’hyper-centralisme comme d’aucuns le craignent… » Xavier Czerwinski, le secrétaire général de la préfecture de Corse-du-Sud, met lui aussi l’accent sur l’ambition partagée : « Je suis content de voir une telle cohésion pour donner l’exemple de ce que doit être un projet de territoire qui privilégie la mobilité collective dans la planification écologique. Il faut savoir penser loin et agir en proximité. Vous pouvez compter sur la solidarité nationale à un niveau élevé ». On pense, bien sûr, au PTIC…

Enfin, par la voix de son directeur général, le président de la CCI de Corse, Jean Dominici, souligne que ce protocole d’accord exprime une forme de maturité qui ne peut que bénéficier à la Corse et à sa population. Il se réjouit aussi de constater que les projets logistiques et les actions de fond élaborés par la chambre et qui visent à rendre plus sobre, plus fonctionnel et plus sûr le port de commerce d’Ajaccio, s’imbriquent dans la conception d’ensemble du schéma d’aménagement d’entrée de ville : « L’intégration des enjeux économiques et commerciaux dans un environnement qui améliore la qualité de vie donne du sens et du bon sens à la conception d’un nouveau modèle de développement. Aussi, la CCI de Corse vous assure d’une participation entière et active. »

Des pilotes à la barre

Un Copil, un comité de pilotage au sein duquel la CCI de Corse est partie prenante au même titre que la Collectivité de Corse et l’État, a été installé le 11 janvier sous la présidence es- qualité du maire d’Ajaccio et président de la CAPA. Il aura pour mission de valider une à une les étapes prévues dans le scénario d’aménagement sur la base des propositions d’un co- mité technique, également mis en place et qui jouera le rôle de médiateur et de courroie de trans- mission entre les partenaires. Il  donnera  le  feu  vert  aux études, veillera à la cohérence des  orientations  stratégiques, entérinera le budget prévisionnel des actions et effectuera régu- lièrement un bilan critique. Le comité de pilotage se réunira au moins une fois par an.

Lire l'article dans sa version corse

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°40 (février  2024) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

Lire La Lettre