[Corse-Matin] Le salon des affaires ou la recherche de la belle offre

[Corse-Matin] Le salon des affaires ou la recherche de la belle offre

Depuis jeudi et jusqu’à demain, une quarantaine de commerçants s’est installée sous le chapiteau de la place Saint-Nicolas pour un grand destockage.

Une opération commerciale qui, pour l’heure, ne fait pas l’affaire de tous…

Dans quelques jours, la fin des soldes sera sonnée. Les étiquettes de prix sacrifiés vont disparaître des vitrines, les modèles hiver 2018 vont être remballés. En attendant, les commerçants ont décidé de lancer une invitation aux bonnes affaires.

Depuis jeudi, sur la place Saint-Nicolas, une quarantaine de boutiques de prêt-à-porter, d’accessoires, d’objets de décoration, comme de douceurs, s’est installée sous le grand chapiteau pour la 2e édition du Salon des affaires. Une opération commerciale, soutenue par la Ville, la CAB et la CCI de Haute-Corse qui, cette année, a choisi de jouer la carte de la proximité. Seuls les commerces du centre-ville ont en effet été conviés à ce marathon shopping qui se poursuit jusqu’à demain.

Hier matin, en empruntant les allées du salon, se retrouvaient les commerçants de la première édition et les nouveaux … Ces boutiques qui ont choisi de miser sur ces quatre jours de salon pour liquider leur stock et d’une pierre deux coups, retrouver de la trésorerie qui dort.

“Ils ont joué le jeu en matière de prix”

Au lendemain de l’ouverture, certains portants sont déjà passés à -70 %. Et il ne s’agit pas seulement des articles de l’ancienne collection. Pour alléger les étagères en un temps record, la recette qui fonctionne le mieux est le prix. “Cela permet à nos clients de profiter de très belles offres mais cela nous donne aussi l’occasion de nous faire connaître. J’ai d’ailleurs échangé avec des visiteurs qui ne savaient pas les marques que je proposais dans ma boutique. Ils ne la connaissaient même pas”, explique Sandra Jencel, commerçante sur l’avenue Émile Sari, séduite par la formule. Elle a ainsi consenti à débourser entre 450 et 500 euros pour occuper pendant quatre jours les lieux et s’offrir un coup de pub.

Un intérêt que tous les commerces n’ont pas su mesurer. Preuve en est : le manque de visibilité du nom de certaines enseignes. Des passants déplacent des cintres, déplient des mailles sans même savoir quelle boutique les accueille dans ce stand éphémère.

Plus loin, de belles pièces s’exposent à des prix initialement affichés à 700 ou 580 euros. Elles sont pour l’occasion à saisir à – 50 %. À la condition de tomber sur les bonnes pointures encore disponibles. Une jeune femme d’une vingtaine d’années repartira pour sa part avec trois pantalons pour lesquels elle aura dépensé moins de 50 euros. “Je savais où aller. Je me suis rendue à un seul stand” Les premiers arrivés seront ainsi les mieux servis. Les commerçants ne se sont d’ailleurs pas fait prier pour partir en quête de belles affaires chez leurs voisins de chapiteau de l’aveu même de Valérie Capone. Elle est l’une des membres actives de l’union commerciale du centre-ville aux manettes de ce salon. Et c’est dans la bonne humeur qu’elle se réjouit de constater que “tout le monde a joué le jeu en matière de prix”. Elle fait partie des commerçants qui sont convaincus que programmer ce salon à quelques jours de la fin des soldes c’est la meilleure façon de relancer l’activité à une période où les clients sont moins nombreux à pousser les portes des magasins.

Une opération qui divise

Pour d’autres commerçants rencontrés hier, parmi lesquels des primo exposants, la participation à ce salon est davantage une démarche solidaire. “Cela ne m’apporte pas plus d’exposer ici que dans ma boutique puisque je solde les articles au même prix. Mais j’ai accepté à la demande des commerçants de ma rue” souligne Richard Virgitti à la tête d’un magasin multimarques et d’une franchise depuis suffisamment d’années pour être en mesure de s’interroger sur l’état de l’activité commerciale bastiaise.

Entre commerçants, les discours sont libres. Les interrogations multiples. Mais seule certitude, des inquiétudes se manifestent sur la fréquentation du centre-ville. Quant à l’étude livrée par la municipalité pour opérer une radiographie du commerce de proximité : “No comment !” lancent des commerçants qui préfèrent retourner sur leur stand. Le salon des affaires veut ainsi se présenter comme une bouffée d’oxygène pour ceux qui souffrent d’une chute de leurs chiffres d’affaires. À l’instar de situations observées sur le continent. Mais hier, les commerçants engagés dans cette 2e édition n’affichaient pas tous le sourire des grands jours. En ces premières heures de salon, l’affluence manquait. Le chassé-croisé espéré de visiteurs les bras chargés n’était pas encore arrivé. “C’est la dernière fois que j’y participe“, a confié l’un des exposants. La problématique réside sur la définition même de cette opération commerciale que certains refusent même de nommer “braderie” alors que d’autres avouent “ne pas attirer leur propre clientèle“. Il est dès lors difficile de savoir si la formule est réellement gagnante. Mixer le haut de gamme et les petits prix ne semble pas non plus du goût de tous.”

Cette année, il y a moins de monde et c’est moins qualitatif. Ce qui est dommage c’est qu’il n’y ait plus de pôle attractif comme l’an passé avec notamment la présence d’un artisan chocolatier“, souligne le gérant de la boutique Linea Gio. S’il manque un supplément de décoration, de fantaisie, à ce salon, il suffit de s’arrêter devant les étiquettes pour néanmoins vérifier que la promesse de bonnes affaires est tenue. Le grand déstockage se poursuit jusqu’à demain.

Julie Quilici-Orlandi