[LES ECHOS] Tourisme : la Corse se prépare à un été peut-être record

[LES ECHOS] Tourisme : la Corse se prépare à un été peut-être record

Les signaux de la reprise sont visibles. En Corse, si l’avant-saison débute en douceur, un fort engouement pour la destination est ressenti par les professionnels. Montée en puissance dans le transport, recrutement intensif des saisonniers. La plus proche des îles lointaines françaises fin prête pour la relance touristique.

La Corse va-t-elle rééditer son exploit de 2018 quand elle avait atteint son record de 5,58 millions de passagers ? Ou retrouver la période phare des années 2010-2015 ? Les professionnels du tourisme de l’île sont partagés, scrutant la situation sanitaire nationale d’un côté et certains signaux excellents de l’autre.

Avec un taux moyen d’occupation de 25 % en mai sur l’ensemble des hébergements ouverts, la saison a débuté « timidement ». Un démarrage en douceur imputable pour Alain Venturi, le président de la Fédération corse de l’hôtellerie de plein air, aux restrictions sanitaires successives.

L’entrée en vigueur toute récente du pass sanitaire pour les personnes voyageant « de et vers les outre-mer et la Corse » vient de donner de la visibilité aux professionnels comme aux touristes. Une mesure qui sera complétée au 1er juillet par le digital green pass européen alors qu’en Corse se développe une marque territoriale à vocation sanitaire Safe Corsica.

Vacances de dernière minute

Sur les carnets de réservations, aux annulations de dernière minute de visiteurs étrangers viennent s’ajouter de nouvelles réservations, « françaises majoritairement », concentrées sur le pic de la saison. Le taux de réservation oscille déjà entre 58 % pour juillet et 71 % pour le mois d’août.

Au coeur de la Conca d’Oru, Carole Leccia, propriétaire de l’hôtel “La Dimora” qui fait partie du Cercle des grandes maisons corses, ressent un vrai « engouement » pour la destination. « On assiste à des réservations tardives en juin et, au contraire, à des anticipations de voyage au pic de l’été. »

Un constat partagé par l’Agence du tourisme de la Corse (ATC), office géré par la Collectivité de Corse. « La crise sanitaire a marqué une rupture dans le tourisme en changeant la notion même de voyage et le rapport à la distance et au temps. D’ailleurs, cette année, c’est le phénomène de “vacances de dernière minute” qui s’est fait ressentir en avant-saison. Nous avons également de bons retours sur le mois de septembre. »

Destinations favorites

« La tendance est plutôt favorable, on est à des niveaux presque comparables à ceux de 2019 », reconnaît Alain Venturi. Le professionnel implanté en Plaine orientale (Haute-Corse) consulte néanmoins avec réserve les dernières opinions d’enquête qui placent la Corse dans le peloton de tête de destinations françaises favorites de l’été. « Qu’ils éprouvent l’envie est une chose, qu’ils concrétisent ce désir de voyager en Corse en est une autre. »

« L’appétence pour la Corse » est manifeste, témoigne à son tour Bernard Giudicelli, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Corse. « Les vacanciers recherchent la nature, ils ont besoin de liberté et c’est ce que l’île leur offre. »

Les acteurs du tourisme comptent sur le renforcement des liaisons aériennes et maritimes pour doper les demandes en gardant toujours un oeil sur la fluctuation des prix présentée comme un frein.

Avec l’élaboration d’un plan d’accompagnement marketing régional destiné à encourager la reprise de l’activité touristique, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) a également travaillé sur les liaisons aériennes. Pour cette saison, l’offre sur les vols nationaux fait un bond de +15 % avec à la clé 240.487 sièges supplémentaires disponibles pour les futurs visiteurs. Une formule qui semble fonctionner : pour preuve, le prévisionnel du trafic aérien affiche déjà pour cet été une augmentation de 391.140 passagers.

Lors de la saison 2020 écourtée, la Corse a perdu 48 % de sa fréquentation estimée à 3 millions de visiteurs. Par effet domino, s’en sont suivies de lourdes conséquences économiques sur un territoire où la consommation touristique est évaluée à près de 3,18 milliards d’euros. L’agence du tourisme s’apprête à présent à déclencher une vaste opération de promotion. Au total, ce sont près de 6,3 millions d’euros qui ont été mobilisés. Un chiffre qui avait déjà été revu à la hausse les années précédentes.

______________________________________________________________________________________________________________

Les plages rouvrent après la pollution

Les plages du sud, notamment vers Porto-Vecchio, ont rouvert en milieu de semaine, cinq jours après la découverte au large de nappes d’hydrocarbures de 35 km de long. “L’essentiel de la nappe a été récupéré mais on est incapable de dire combien il en reste et ce qui va arriver sur la côte”, a prévenu la préfecture maritime de Méditerranée. La Collectivité de Corse a annoncé mardi 16 juin deux actions en justice tandis que la Chambre de commerce et d’industrie de Corse a regretté “le déficit d’image” qui vient impacter directement le tourisme balnéaire

Julie Quilici-Orlandi (Correspondante à Bastia)