[CORSE-MATIN] « Il n’y a jamais d’élection tranquille »

[CORSE-MATIN] « Il n’y a jamais d’élection tranquille »

Jean Dominici, président sortant de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse, est le seul à briguer ce mandat à la tête d’une liste unique constituée d’hommes et de femmes de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Les votes sont ouverts. Résultats le 10 novembre.

Une élection tranquille et sans concurrence, pensez-vous que la mobilisation sera au rendez-vous ?

Il n’y a jamais d’élection tranquille, la légitimité de notre institution va être mesurée avec ou sans liste concurrente, et c’est notre enjeu majeur au plan régional. Certes, le mode de scrutin entièrement dématérialisé est une première et risque de désorienter les électeurs habitués à voter par correspondance « papier », mais notre objectif reste de figurer, à l’échelle nationale, en tête des CCI avec le plus fort taux de participation.

Cette absence de rival vous conforte-t-elle dans l’idée que votre bilan à la tête de la CCI régionale satisfait tous vos ressortissants au Nord comme au Sud ?

Nous observons en effet que l’adhésion tant des différents territoires que des multiples secteurs économiques est bien là, le travail de nos élus, de nos équipes s’en trouve évidemment reconnu et conforté. Cela nous encourage, et en même temps, nous oblige tant à poursuivre que surtout à amplifier notre rôle et nos actions au service de l’économie de la Corse. Le renouvellement important et le rajeunissement de nos candidats sont la traduction de cette énergie que nous entendons porter au cours de la prochaine mandature.

C’est une chambre régionale, mais avec deux entités distinctes au Nord et au Sud, une fusion définitive des deux chambres est-elle envisageable et réalisable ?

L’union consulaire a été réalisée par notre volonté propre en 2020, et les CCI locales qui demeurent aux côtés de la CCI de Corse sont simplement des circonscriptions permettant d’assurer une représentativité équilibrée des différents territoires économiques. C’est bien la CCI régionale qui assure déjà, par l’intégration des ressources et des moyens, le rôle central que nous entendons assumer au plan de la Corse tout entière.

« La région la plus impactée par la crise »

La Corse, comme l’ensemble du territoire, a été frappée par une crise sans précédent dans l’histoire. La casse est-elle aussi importante que prévu ?

Nous l’avons déjà fortement exprimé, la Corse a été la région la plus impactée par la crise, et pourtant, la moins bénéficiaire des mesures structurelles de relance, et je cite volontiers la baisse des impôts dits de production de 20 Mds € qui ne nous concernera qu’à concurrence de 0.23 %, alors que nous représentons le double en matière de PIB. Certes, la casse a été évitée grâce à la fois aux mesures défensives de l’État : PGE, activité partielle, report des charges sociales… mais aussi et surtout, grâce à l’action de la CCI en matière de relance des transports maritimes et aériens, ainsi enfin qu’avec les mesures menées avec la CdC et notamment le plan Sustegnu. Mais beaucoup reste à faire, notamment pour retraiter le mur de dettes de plus de 1 Md € contracté par notre économie pour traverser la crise.

Le fait que le gouvernement ne prenne pas en compte les spécificités de l’économie corse vous a-t-il surpris ?

Oui, nous attendions une meilleure adaptation des mesures de relance notamment à chaque territoire et nous avons produit avec l’ensemble du monde économique de nombreuses propositions, tant en direction de l’État que de la CdC, qui pour l’heure sont toujours en attente de réponses effectives. Le retour à un dialogue tel qu’il semble se dessiner avec la prochaine visite en Corse du Premier ministre sera sans nul doute l’occasion de remettre en discussion l’ensemble des adaptations que nous attendons et qui méritent d’être accordées à nos ressortissants dont je souligne à nouveau le comportement exemplaire tout au long de la crise.

Le passage sous la tutelle de la Collectivité de Corse est une éventualité qui se fait de plus en plus précise. C’est, selon vous, le meilleur moyen d’assurer la pérennité de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse ?

Oui. C’est un projet que nous portons depuis 2015 aux côtés du président du conseil exécutif de Corse qui a rappelé son engagement lors de son discours d’investiture. Une nouvelle articulation plus simple, plus efficace, est sans nul doute la garantie d’une pérennité de notre structure, mais surtout le gage de politiques publiques économiques bien plus performantes pour chacun de nos commerçants et chefs d’entreprise.

Y.M.