La Lettre | Transition écologique des entreprises : “Nous saurons nous adapter au mieux”

La Lettre | Transition écologique des entreprises : “Nous saurons nous adapter au mieux”

C’est la conviction du président du Medef de Corse présent aux Rencontres des Entrepreneurs de France où la Première ministre a mis les patrons en demeure de s’engager dans la voie de la sobriété énergétique. Pour Jean-Louis Albertini, l’État doit accompagner la planification écologique des entreprises.

Les entreprises seront les premières à faire les frais d’un rationnement énergétique cet hiver si elles ne prennent pas immédiatement le taureau par les cornes pour établir un plan de sobriété. Voilà ce qu’a déclaré en substance et en guise d’avertissement péremptoire la Première ministre, il y a quelques jours, à l’Université d’été du Medef organisée à l’hippodrome de Longchamp. Un lieu de prédilection pour lâcher les chevaux sur le thème de la responsabilité collective du patronat. On ne transige pas avec la transition. Le Medef de Corse était représenté par son nouveau président pour entendre cet ultimatum.

Pour Jean-Louis Albertini, le discours d’Élisabeth Borne n’est pas vraiment une surprise en soi : 

« Les entrepreneurs dans leur ensemble y compris en Corse ont déjà intégré, et pour certains même anticipé, l’impérieuse nécessité de réduire la consommation énergétique tout en maintenant un outil de production performant aboutissant à une croissance sobre. Ces propos autoritaires ont néanmoins le mérite de fixer des objectifs. D’ailleurs, le Medef n’a pas attendu le discours de la Première ministre pour s’engager dans la voie de la transition écologique ; en région corse une Commission Transition Écologique a été créée en mars 2022 et se réunit régulièrement. Nous avons de plus une responsabilité collective d’entrer dans une croissance sobre. Il est à souligner que, pour la première fois, la préoccupation de la transition écologique passe devant la fiscalité chez les chefs d’entreprises. L’État doit accompagner la planification écologique des entreprises en émettant les règles du jeu fixées à l’avance et stables. Bien évidemment, la guerre en Ukraine amplifie et démultiplie ces contraintes par les conséquences qu’elle a sur le rationnement de certaines énergies et l’augmentation de leur coût. »

UN « AMBASSADEUR DE LA SOBRIÉTÉ » PAR ENTREPRISE

En région Corse, les entreprises s’adapteront au mieux en faisant en sorte que les secteurs « les plus énergivores » n’en souffrent pas. Mais, comme le rappelle Jean-Louis Albertini, fort heureusement, il y a peu d’entreprises en Corse qui sont énergies-dépendantes : « Il n’y a pas d’usines électro-intensives par exemple. Ceci dit il y a des secteurs plus exposés : la grande distribution, par exemple, qui a besoin d’énergie pour maintenir sa chaîne du froid notamment. Quoi qu’il en soit, nous essaierons de respecter globalement les objectifs gouvernementaux de 10 % déjà difficiles à atteindre, en essayant de préserver une activité économique suffisante ; les restrictions sur le chauffage et les 19° dans les bureaux seront vraisemblablement plus faciles à mettre en place compte tenu d’une période hivernale moins intense et plus courte qu’en métropole. Néanmoins, la limitation des déplacements automobiles et le covoiturage risquent d’être plus sensibles compte tenu de la situation de nos différents réseaux de communication. »

Le Medef de Corse prend, par ailleurs, l’engagement d’informer et de soutenir l’obligation de désigner et mettre en place des « ambassadeurs de la sobriété » dans les entreprises. « La diminution de l’usage des ordinateurs et courriers électroniques qui est demandée alors même qu’on nous encourage et qu’on subventionne la transition numérique est assez ambivalente ; de surcroît, les entreprises corses ont déjà fait énormément d’efforts en matière de réduction des dépenses énergétiques. Il est à prévoir que ces mesures qui concernent l’ensemble du territoire français n’auront pas le même impact dans toutes les régions. En tout état de cause, si ces nécessaires restrictions devraient entrainer des baisses d’activité de certains secteurs ceux-ci devront faire l’objet de mesures de soutien. » À bon entendeur…Le président du Medef de Corse annonce enfin son intention de réunir prochainement l’ensemble de ses instances, bureau, conseil d’administration, Commission sur la Transition Écologique pour évoquer tous ces sujets. Un premier bilan d’étape sera établi à la mi-octobre.

Sobriété énergétique : la preuve par "Seize"

À l’instar des autres îles et territoires ultramarins français, Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et Réunion, la Corse n’est pas directement branchée au réseau d’électricité du Continent et donc considérée appartenir au cercle fermé des ZNI, les zones non interconnectées. Or, pour elles aussi, la transition écologique constitue un enjeu fondamental pour monter dans le wagon du développement durable et lutter plus efficacement contre le réchauffement climatique. La Corse a payé cher cet été pour en être aveuglément convaincue. Aussi, elle est particulièrement réceptive au déploiement du programme « Seize » (un acronyme qui signifie : Sensibilisation aux Économies d’énergie des entreprises et collectivités des Îles et Zones non interconnectées au réseau Électrique métropolitain) dont l’objectif est d’accompagner les professionnels vers la maîtrise de la demande en énergie. Le programme, porté par la société « Eco CO2 », spécialisée dans le diagnostic des performances énergétiques, est relayé en Corse par l’État, EDF et la Collectivité de Corse à travers l’Agence d’aménagement durable, d’urbanisme et d’énergie. Ces derniers ont souhaité passer une convention avec la CCI de Corse pour animer et promouvoir « Seize » sur tout le territoire insulaire. Gratuit et sans engagement, il vise donc à accompagner entreprises et collectivités pour faire des économies d’énergie. Parmi les actions, l’organisation d’ateliers de sensibilisation et remise gratuite d’un kit de mesure et de suivi des consommations. Ce kit capteur est simple d’installation et d’utilisation pour les commerçants, artisans ou chefs d’entreprise. Il suffit d’avoir un compteur électrique et une box internet. Une fois le diagnostic établi, des pistes concrètes de sobriété énergétique seront proposées et en partie financées. Dans le cadre de la convention, la CCI de Corse s’engage à mettre à disposition des locaux pour accueillir les ateliers (au moins cinq à Bastia, Balagne, Plaine Orientale, Ajaccio et Extrême Sud), à réaliser une campagne d’information et de sensibilisation auprès de ses ressortissants et à veiller à la distribution des kits capteurs aux entreprises. La campagne « Seize », qui va se déployer à l’occasion de la présente rentrée, est appelée à se poursuivre tout au long de l’année 2023.

ARTICLE PARU DANS L’ÉDITION N°24 (Septembre 2022) DE LA LETTRE – CCI DE CORSE

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