CCI 2B

[CORSE-MATIN] Le poids de la dette obscurcit l’horizon économique 2022

Remboursement du PGE, risque de défaillance d’entreprises, financements du PTIC revu à la baisse et panne de main-d’oeuvre. Confrontés à ces réalités conjoncturelles, les acteurs économiques savent qu’ils doivent miser sur le développement et notamment sur l’innovation.

Lorsque le monde économique et le monde politique parlent d’une seule voix, le discours sonne encore plus grave et les objectifs semblent plus pressants. Hier, pour la deuxième fois en un semestre, les acteurs économiques de la Cab avaient rendez-vous avec les réalités du territoire. Autour du président de l’intercommunalité, Louis Pozzo di Borgo, les présidents des chambres consulaires, le Medef et l’Adec, ont posé sur la table, problématiques et projets, pour évoquer la conjoncture et construire une politique de proximité.

« Le mur de dettes se rapproche »

Après une saison estivale « encourageante » et un semblant de relance amorcé, l’horizon de ces prochains mois pourrait être moins dégagé en Corse. « Nous allons vers quelques mois difficiles avec ce mur de dettes qui s’approche », a reconnu Louis Pozzo di Borgo faisant référence aux prêts garantis par l’État (PGE) et aux reports de charges sociales accordés pour soutenir les 6 500 entreprises touchées par la pandémie de coronavirus. « Nous avons retrouvé un niveau d’activité comparable à celui de 2019 mais si on se projette, il reste 1,4 milliard de dettes qu’il va falloir payer dans un temps réduit », poursuit Alex Vinciguerra.

Le président de l’Agence de développement de Corse (Adec) livre, démonstration à l’appui, que le remboursement de cette dette aura des répercussions sur la dynamique économique du territoire et la compétitivité des entreprises. « Celles qui remboursent le PGE ne pourront pas investir. Et sur les 6 500 entreprises qui y ont souscrit, un bon millier va se trouver en difficulté pour le rembourser. » La défaillance des entreprises et le risque d’inflation, avec une remontée des taux bancaires, préoccupent les acteurs économiques. Selon le Medef, seules 20 % des entreprises auraient soldé à ce jour leur PGE.

Et si l’année 2022 pourrait être difficile pour la Corse, c’est aussi parce qu’elle sera la grande absente du plan France relance 2030. Et pour cause, rares sont les entreprises insulaires en capacité d’entrer dans la course de l’innovation, de l’industrialisation ou de l’indépendance environnementale. Faut-il alors imaginer une nouvelle politique économique régionale pour faire rentrer la Corse dans cette dynamique ?

La panne en matière d’ingénierie de projets restera alors à corriger sur le territoire pour y concourir, comme a fait remarquer la CCI.

« Imaginer une politique de sortie de crise »

Du côté de la région, on travaille déjà à un plan de sauvetage qui repose « sur la mise en oeuvre d’outils financiers afin de diminuer le risque pris par les banques ». Prêts participatifs ou avances remboursables pour aider les entreprises à consolider leurs dettes auprès des banques, toutes les formules sont à l’étude. Un rapport sera présenté en ce sens lors de la prochaine session de l’Assemblée de Corse.

« Il faut imaginer des politiques de sorties de crise », insiste le président de l’Adec. « Il ne suffira plus d’appuyer sur ce qui fonctionne le plus vite », note Philippe Albertini conscient que la crise a induit de profonds changements. « Qui pouvait imaginer que la limite économique actuelle serait le manque de main-d’oeuvre pour que les acteurs économiques puissent opérer ? » Un chapitre ouvert également par Charles Zuccarelli, président du Medef, qui donnera lieu à de prochains échanges.

Les programmes d’espaces dédiés à l’innovation menés par la Cab s’inscrivent dans ce droit fil. Après la fabrique à projets Avvià pour répondre aux attentes des entreprises et éviter leur fuite du territoire, le futur « pôle innovation » qui devrait voir jour fin 2023 sur le port de Toga illustre la vision de l’entrepreneuriat de demain désireux d’aller sur de nouveaux marchés.

Un PTIC moins généreux

Autre pierre d’achoppement qui pourrait freiner le développement économique du territoire : les soudains coups de freins actionnés par l’État. Modulations des règles, variations des taux, le plan de transformation et d’investissement pour la Corse (PTIC) signée au printemps dernier à Bastia sera-t-il fidèle à ses promesses ?

« Nous attendons l’aboutissement de plusieurs dossiers majeurs mais nous rencontrons des contretemps liés à des changements de règles. Au départ, étaient annoncés des financements à hauteur de 80 % mais ils oscillent finalement entre 30 % et 70 % ce qui est forcément loin de nos attentes et notre PPI en est fragilisé. On nous demande aussi que nos projets soient viables économiquement mais dans le service public tout ne l’est pas ! » Ce revirement pourrait-il retarder ou contraindre la Cab, comme d’autres collectivités, à annuler des programmes ? Devront-elles partir en quête d’autres financeurs ? Pour l’heure, aucun changement de cap n’a été annoncé.

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EN CHIFFRES

1,3 milliard

C’est le montant des prêts garantis par l’État (PGE) accordés en Corse pour traverser la crise sanitaire alors que le PIB de l’île pèse moins de 10 milliards par an (il était de 9,4 milliards d’euros en 2018 selon l’Insee).

JULIE QUILICI-ORLANDI

[CORSE-MATIN] Réélu sans concurrent, Jean Dominici veut réformer

« La reconnaissance du travail et des efforts a payé »

C’est hier que sont tombés les résultats de l’élection des membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse. Sans surprise, la seule liste en lice conduite par Jean Dominici a été élue. Le taux de participation s’élève lui à 16,08% sur toute la Corse.

Il n’y avait pas trop de doute sur l’issue du scrutin. Il n’y avait pas non plus trop de supputations pour trouver le nom du futur président de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse puisqu’il n’y avait qu’une seule liste en lice : Unione economica Corsa conduite par Jean Dominici.

Le président sortant est ainsi reconduit à la tête de l’institution consulaire pour cinq ans. La seule inconnue de ce scrutin était la participation des différents ressortissants de Haute-Corse et de Corse-du-Sud qui devaient se prononcer dans cette élection. Les chiffres sont tombés hier, en fin de matinée, après la clôture du scrutin qui est intervenue mardi à minuit. C’est dans les locaux de la préfecture de Haute-Corse que s’est déroulé le dépouillement. Un moment particulier puisque pour cette élection, les votes ont tous été effectués de manière électronique.

Elu avec 4 127 voix

Les membres de la commission des élections des membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse, mais aussi ceux de Corse-du-Sud et de Haute-Corse ont procédé aux décomptes des voix, 4 127 suffrages sur les 26 421 ressortissants inscrits à ce vote se sont portés sur la liste conduite par Jean Dominici soit, en décomptant les plis non distribués et les votes blancs, un taux de participation de 16.08 %.

Malgré tout. Jean Dominici paraissait hier soir satisfait du résultat.

« Au niveau national, la participation est beaucoup plus faible qu’en 2016. Mais les scrutins ne sont pas comparables. Le vote par correspondance était plus rodé que le vote numérique qui a été généralisé cette année. Cela a rajouté de la complexité. Mais malgré cela, nous sommes en Corse la région consulaire qui a le plus fort taux de participation en métropole et de loin. Trois fois plus que la moyenne nationale. Je ne peux qu’être satisfait d’un tel score. C’est sans nul doute la reconnaissance du travail et des efforts… mais aussi de la qualité de nos listes et de nos candidats, et plus encore de la démarche d’union de toutes les forces vives, toutes les organisations professionnelles et de tous les territoires de Corse au sein d’une même démarche ».

« Le travail ne manque pas »

Une victoire sans concurrent direct mais qui a, tout de même, suscité l’adhésion de nombreux ressortissants consulaires. D’ailleurs, Jean Dominici y voit davantage « une base solide qui s’est constituée autour de notre démarche régionale ouverte, fortement ancrée dans notre tissu et nos territoires. Elle a d’ailleurs rencontré plus d’adhésion que d’opposition ». Le nouvel homme fort de la CCI de Corse a tenu aussi hier à saluer le travail de Paul Marcaggi , président de la CCI de Corse-du-Sud qui n’a pas souhaité, lui, se représenter. « Il était le bienvenu sur notre liste. D’ailleurs, beaucoup de sortants ont décidé de repartir. Paul Marcaggi en a décidé autrement, je respecte son choix et j’ajoute qu’il a essayé tout au long de son mandat qui se termine, d’être positif et constructif dans nos différents projets, qu’il en soit remercié. »

Va donc se poser, maintenant, l’épineuse question pour lui trouver un successeur à la tête de la CCI de Corse-du-Sud. Sur ce point, Jean Dominici n’a révélé aucun nom pour l’instant. « Notre fonctionnement est participatif et collégial. Rien n’est décidé à l’avance et sans en discuter. Nous allons nous réunir le vendredi 19 novembre pour une journée de travail, d’information et de formation des élus. Puis nous aurons, avant les assemblées générales d’installation à programmer avant fin novembre, des échanges pour partager les responsabilités et constituer les bureaux. Je tiens à ce que tous les élus participent, et le travail ne manque pas ! Mais il est vrai que le très important renouvellement de nos élus du sud ouvre la voie à une nouvelle génération et c’est une excellente chose. »

« Construire un nouveau modèle consulaire »

Une fois cette étape élective passée, il faudra remettre les machines en route, même si pendant l’élection, les salariés des chambres consulaires ont continué d’oeuvrer aux services de l’économie, de l’industrie et du commerce sur l’île.

Jean Dominici a dévoilé quelques grandes lignes du programme qu’il entend réaliser pendant son nouveau mandat. « Tout figure dans notre profession de foi. Mais il est évident que l’engagement total de la CCI dans la sortie de crise sera notre dossier le plus urgent. Cela passe par des actions de reconnexion dans le domaine du maritime et de l’aérien pour alimenter le redémarrage de l’économie. Nous voulons intensifier nos efforts en direction de l’adaptation des mesures nationales : allongement du PGE, outils spécifiques aux TPE-PME. Il s’agira également de travailler sans attendre en faveur d’un modèle diversifié, plus résilient, plus numérique et plus durable. Nos perspectives de développement passeront par les échanges, les mobilités et les transports mais aussi la diversification des leviers d’attractivité de notre territoire. Tous ces axes de travail feront l’objet d’un séminaire au premier trimestre 2022 pour décliner nos programmes opérationnels. C’est notre marque de fabrique, notre raison d’être. »

L’autre gros morceau de cette nouvelle mandature qui s’ouvre pour Jean Dominici sera le rapprochement et le placement de la CCI de Corse sous la « tutelle » de la Collectivité de Corse. « Notre objectif commun avec la CdC est de construire un nouveau modèle consulaire, un nouveau modèle de CCI propre à la Corse, afin de simplifier les relations et les rendre plus efficaces pour les ressortissants et les territoires, détaille Jean Dominici. Nous avons besoin plus qu’ailleurs de politiques publiques simples, rapides et efficaces et il faut resserrer les rangs pour dessiner des circuits courts, des institutions reprogrammées pour l’action et les résultats. Nous entretenons d’excellentes relations avec les services de l’État et les responsables de la CdC, notre démarche n’est ni politique ni partisane, elle s’inscrit uniquement dans l’intérêt général, le service public et le développement de l’économie. »

La proclamation officielle des résultats de cette élection consulaire doit avoir lieu avant le 17 novembre. L’installation des chambres de Haute-Corse de Corse-du-Sud devrait se faire normalement le 30 novembre au plus tard et sous l’autorité des préfets.

Enfin, celle de la chambre régionale, elle, devra se dérouler avant le 14 décembre.

Y.M.

[CORSE NET INFOS] Jean Dominici réélu président de la Chambre de Commerce et d’Industrie régionale de Corse

L’actuel président de la CCI de Corse Jean Dominici a été réélu au terme d’une élection sans concurrence ce mercredi 10 novembre. Sa liste, “Unione Economica Corsa” était en effet la seule en lice.

Le moins que l’on puisse dire de cette élection c’est qu’elle n’aura pas été marquée par un suspens des plus prenants. Avec une seule liste présente pour la course au fauteuil, elle était jouée d’avance pour l’ancien président de la CCI de Corse, Jean Dominici, qui prend sa propre succession. Ce mercredi 10 novembre, au terme d’une heure de dépouillement, l’homme a été réélu à la tête de l’institution régionale pour un nouveau mandat de cinq ans. La tâche est ardue pour les équipes de Jean Dominici qui devront s’atteler à créer les conditions d’une bonne sortie de crise et d’une relance économique en adéquation avec les besoins du territoire.
Lire aussi : Jean Dominici unique candidat à la chambre consulaire régionale : “il y a une fenêtre pour un modèle de CCI spécifique à la Corse”
Si le résultat était connu d’avance, l’attention des responsables de la CCI de Corse se portait sur une autre donnée : la participation. Sur les plus de 26 000 ressortissants appelés à voter numériquement du 27 octobre au 9 novembre, seul 11,81 % l’ont fait en Corse-du-Sud et 21,42 % en Haute-Corse selon les données de la préfecture de Corse. Au total, au niveau régional, le taux de participation est de 16,08 %.
Cette élection est également celle des représentants des trois chambres consulaires : la régionale et les deux départementales encore existantes. Ils sont 40 à siéger dans les assemblées représentatives des trois institutions. Rendez-vous le 30 novembre pour l’installation des deux chambres départementales et le 14 décembre au plus tard pour l’installation de la chambre régionale par le préfet de Corse.

Pierre-Manuel Pescetti

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[CORSE-MATIN] « Il n’y a jamais d’élection tranquille »

Jean Dominici, président sortant de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse, est le seul à briguer ce mandat à la tête d’une liste unique constituée d’hommes et de femmes de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Les votes sont ouverts. Résultats le 10 novembre.

Une élection tranquille et sans concurrence, pensez-vous que la mobilisation sera au rendez-vous ?

Il n’y a jamais d’élection tranquille, la légitimité de notre institution va être mesurée avec ou sans liste concurrente, et c’est notre enjeu majeur au plan régional. Certes, le mode de scrutin entièrement dématérialisé est une première et risque de désorienter les électeurs habitués à voter par correspondance « papier », mais notre objectif reste de figurer, à l’échelle nationale, en tête des CCI avec le plus fort taux de participation.

Cette absence de rival vous conforte-t-elle dans l’idée que votre bilan à la tête de la CCI régionale satisfait tous vos ressortissants au Nord comme au Sud ?

Nous observons en effet que l’adhésion tant des différents territoires que des multiples secteurs économiques est bien là, le travail de nos élus, de nos équipes s’en trouve évidemment reconnu et conforté. Cela nous encourage, et en même temps, nous oblige tant à poursuivre que surtout à amplifier notre rôle et nos actions au service de l’économie de la Corse. Le renouvellement important et le rajeunissement de nos candidats sont la traduction de cette énergie que nous entendons porter au cours de la prochaine mandature.

C’est une chambre régionale, mais avec deux entités distinctes au Nord et au Sud, une fusion définitive des deux chambres est-elle envisageable et réalisable ?

L’union consulaire a été réalisée par notre volonté propre en 2020, et les CCI locales qui demeurent aux côtés de la CCI de Corse sont simplement des circonscriptions permettant d’assurer une représentativité équilibrée des différents territoires économiques. C’est bien la CCI régionale qui assure déjà, par l’intégration des ressources et des moyens, le rôle central que nous entendons assumer au plan de la Corse tout entière.

« La région la plus impactée par la crise »

La Corse, comme l’ensemble du territoire, a été frappée par une crise sans précédent dans l’histoire. La casse est-elle aussi importante que prévu ?

Nous l’avons déjà fortement exprimé, la Corse a été la région la plus impactée par la crise, et pourtant, la moins bénéficiaire des mesures structurelles de relance, et je cite volontiers la baisse des impôts dits de production de 20 Mds € qui ne nous concernera qu’à concurrence de 0.23 %, alors que nous représentons le double en matière de PIB. Certes, la casse a été évitée grâce à la fois aux mesures défensives de l’État : PGE, activité partielle, report des charges sociales… mais aussi et surtout, grâce à l’action de la CCI en matière de relance des transports maritimes et aériens, ainsi enfin qu’avec les mesures menées avec la CdC et notamment le plan Sustegnu. Mais beaucoup reste à faire, notamment pour retraiter le mur de dettes de plus de 1 Md € contracté par notre économie pour traverser la crise.

Le fait que le gouvernement ne prenne pas en compte les spécificités de l’économie corse vous a-t-il surpris ?

Oui, nous attendions une meilleure adaptation des mesures de relance notamment à chaque territoire et nous avons produit avec l’ensemble du monde économique de nombreuses propositions, tant en direction de l’État que de la CdC, qui pour l’heure sont toujours en attente de réponses effectives. Le retour à un dialogue tel qu’il semble se dessiner avec la prochaine visite en Corse du Premier ministre sera sans nul doute l’occasion de remettre en discussion l’ensemble des adaptations que nous attendons et qui méritent d’être accordées à nos ressortissants dont je souligne à nouveau le comportement exemplaire tout au long de la crise.

Le passage sous la tutelle de la Collectivité de Corse est une éventualité qui se fait de plus en plus précise. C’est, selon vous, le meilleur moyen d’assurer la pérennité de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse ?

Oui. C’est un projet que nous portons depuis 2015 aux côtés du président du conseil exécutif de Corse qui a rappelé son engagement lors de son discours d’investiture. Une nouvelle articulation plus simple, plus efficace, est sans nul doute la garantie d’une pérennité de notre structure, mais surtout le gage de politiques publiques économiques bien plus performantes pour chacun de nos commerçants et chefs d’entreprise.

Y.M.

[CORSE NET INFOS] Jean Dominici unique candidat à la chambre consulaire régionale

Jean Dominici : “Il y a une fenêtre pour un modèle de CCI spécifique à la Corse”

Unique candidat à sa propre réélection, l’actuel président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse, Jean Dominici, sera sans aucun doute réélu pour cinq ans au terme du scrutin qui, débuté ce mercredi 27 octobre, va se poursuivre jusqu’au 9 novembre prochain.

Avenir des infrastructures portuaires et aéroportuaires insulaires, lien entre la collectivité de Corse et la chambre consulaire, régionalisation nouvelle de l’institution, ambitions et freins au développement, Jean Dominici détaille pour CNI la feuille de route de son prochain mandat. Cinq ans avec en toile de fond, la décentralisation de l’administration française au profit d’institutions plus simples, plus rapides, plus efficaces mais surtout plus régionalisées.

– Les élections consulaires 2021 débutent et vous êtes l’unique candidat. Aucune autre liste n’a été déposée avant le 30 septembre dernier, date de clôture des dépôts de candidatures. Comment expliquez-vous cette absence de concurrence dans la course au fauteuil de président de la CCI régionale ?
– J’y vois les résultats du travail de synthèse que nous avons mené avec toutes les composantes professionnelles de toutes les microrégions ainsi que l’adhésion du monde économique à l’institution, son savoir-faire, sa démarche et ses valeurs.
Je pense en particulier à l’Union Consulaire réalisée en 2020 où grâce à l’implication, la sagesse et le travail des élus, des collaborateurs, nous avons réussi à dépasser les anciens clivages pour construire une CCI de Corse de plein exercice, plus robuste et plus homogène, sur le seul plan pertinent qui vaille dorénavant au niveau institutionnel, celui de la Corse toute entière. Je profite d’ailleurs de votre question pour souligner qu’une récente enquête nationale de performance menée par un organisme indépendant a placé la CCI de Corse en tête des 13 CCI des régions métropolitaines, cela ne doit pas être non plus étranger à la conjonction des énergies que vous observez.

– Vous serez donc réélu à la tête de la chambre consulaire régionale. Quelle est votre principale ambition pour les cinq ans à venir ?
– Nos ambitions sont multiples. Parmi nos objectifs les plus urgents, il y a évidemment l’engagement total de la CCI dans la sortie de crise ainsi que la poursuite des actions de reconnexion dans le domaine maritime et aérien afin de continuer à alimenter le redémarrage de l’économie. Il s’agira d’intensifier nos efforts en direction de l’adaptation des mesures nationales, du retraitement et de l’allongement des PGE (ndlr : Prêts Garantis par l’Etat) ainsi que la mise en place sur le territoire d’outils spécifiques aux TPE PME (ndlr : Très Petites Entreprises – Petites et Moyennes Entreprises), y compris et surtout aux plans social et fiscal. Il s’agira également de travailler sans attendre en faveur d’un modèle diversifié, plus résilient, plus numérique et plus durable avec, comme déterminants, la valorisation des points forts de notre tissu : proximité, structures familiales, valeurs morales et surtout valeur travail au bénéfice d’une intégration très forte à notre territoire, notre culture et notre patrimoine.
Nos perspectives de développement sont connues, elles passeront par les échanges, les mobilités et les transports, la diversification des leviers d’attractivité pour travailler sur les différentes saisons, la résolution des difficultés de recrutement par l’adaptation des politiques d’orientation et de formation vers les métiers en tension et les secteurs d’avenir. Le travail organisé par filière alimenté par des équipes d’ingénierie de projets en relation avec l’ensemble des institutions, les autres réseaux consulaires, les EPCI (ndlr : Établissement Public de Coopération Intercommunale) et les différents acteurs de l’économie doit prendre le pas sur les structures du passé.

 – Dès 2011, en votre qualité de nouveau président de la CCI de Haute-Corse, vous souteniez fermement le projet d’un nouveau port à Bastia sur le site de la Carbonite. Qu’en est-il aujourd’hui ?
– Nous soutenons ce projet depuis 2004, qui est devenu « Portu Novu » entretemps. Nous le soutenons activement comme beaucoup d’autres car chacun sait qu’une île doit porter un soin particulier à ses plates-formes d’échanges et de transport, tant en matière de capacités que de standards de qualité ou de sécurité, c’est notre métier et notre crédo, nous sommes constamment force de proposition vers la Collectivité de Corse et l’Etat pour engager les programmes d’investissement qui s’imposent.

– Les infrastructures portuaires et aéroportuaires corses actuelles sont-elles encore assez performantes pour assurer les flux ? Et dans 5 ans ?
– Comme nous venons de l’évoquer, les infrastructures de transport nécessitent des programmes constants de mise à niveau et surtout d’anticipation, à ce jour et au-delà des projets stratégiques de réaménagement du fond de baie à Ajaccio ou de « Portu Novu » à Bastia, nous avons étudié et proposé 71 projets pour près de 700 millions d’euros sur l’ensemble des six ports et des quatre aéroports que nous gérons pour le compte de la Collectivité de Corse.

– Dès 2018, le rattachement des chambres consulaires à la nouvelle collectivité unique de Corse est évoqué. L’article 46 de la loi Pacte prévoit une étude de faisabilité de ce changement de tutelle au détriment de l’Etat. Mi-septembre, vous précisiez dans une lettre ouverte que « les conclusions de cette étude sont désormais livrées ». Quelles sont-elles ?
– En réalité nous sommes à l’origine de ce projet de changement de tutelle, depuis 2015, lors de la préparation des ordonnances de la Collectivité Unique. L’étude de faisabilité est terminée et elle est conclusive, ce rattachement peut être clairement envisagé à court terme.

– Quel est l’avantage de ce changement de tutelle pour la CCI régionale ?
– L’avantage principal est dans l’optimisation du modèle CCI afin de le rendre plus agile, plus rapide plus efficace. Pour le parfaire nous allons poursuivre sur l’union consulaire déjà réalisée en 2020 et finaliser le rapprochement avec la Collectivité de Corse. Elle s’est vue au fil des statuts dotée des compétences économiques, transports, formation, tourisme, développement. Or la CCI, qui est précisément un outil de mise en œuvre de ces politiques publiques, est restée rattachée à l’Etat, cela crée de la complexité et de la lenteur dans les relations. J’insiste et je me répète, plus que jamais au sortir de la crise nous avons besoin d’institutions et d’outils simples, rapides et efficaces.

– Aucun inconvénient ? Même en considérant l’instabilité politique de l’institution ?
– La respiration démocratique n’est pas une instabilité mais au contraire un atout pour stimuler l’engagement des responsables publics dans leurs mandats, et d’ailleurs c’est une excellente symétrie, les responsables des CCI comme ceux de la Collectivité de Corse sont des élus, non pas territoriaux mais consulaires. Aujourd’hui, l’instabilité est plutôt dans le statu quo, et les réformes incessantes depuis deux décennies que les différents gouvernements ont imposées aux réseaux consulaires avec particulièrement un toboggan budgétaire et une privation de ressources de près des deux tiers en moins de 10 ans. Il y a une fenêtre pour un modèle CCI spécifique à la Corse, nous devons tout faire pour le réussir dans les meilleurs délais.

 Pierre-Manuel Pescetti 

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